Timéo Mahaut est incroyable. Voilà, on peut remballer notre critique, tout est dit. Non, il faudrait encore dire que le portrait des banlieues et des banlieusards est toujours aussi fort quand il touche à des enfants. Voici donc qu'on parle de ces gamins qui jonglent (mal) entre leurs deux parents séparés, disparus, qui font de la taule et des enfants sans trop réfléchir, s'aiment et se détestent bruyamment, bref : Les Pires... mais les pires pour qui ? Pour ceux qui ne prendraient pas le temps de les connaître, de comprendre leurs problèmes, de se pencher sur leur histoire et sur leur potentiel, ce que fait le réalisateur fictif de cette intrigue de tournage qui donne le beau rôle à ces gamins à problèmes, un peu en écho avec ce que font les deux réalisatrices Lise Akoka et Romane Gueret, offrant des rôles en or à ces acteurs qui n'en sont pas, ce qui crie de vérité à chaque plan. Les pétages de plomb font mal, les gros mots sidérants que connaît (et maîtrise) déjà parfaitement cet enfant sont une stupéfaction pour notre part (qu'a-t-il vécu, pour connaître ce langage ordurier ? A-t-il déjà été un enfant insouciant, dans sa vie ?), la violence des disputes qui dégénèrent sait s'opposer à l'amour et l'amitié qui règne parfois (le duo de jeunes parents paumés, elle en taule et lui enchaînant les bêtises, nous a touché), le quotidien de ces enfants et ados qui sont mis d'emblée sur le banc des remplaçants, dans une société qui les pensent toujours "les pires"... Voilà tout ce qu'on découvre dans ce joli film, violent dans les mots et dans les contextes sociaux qu'il montre, mais sachant trouver le rayon de soleil dans l'ombre sale créée par ces bâtiments trop hauts et insalubres, sachant prouver que des Timéo Mahaut se cachent dans ces cités et sont très loin d'être "les pires"...