1961-1965. Quatre ans de la vie de Bob Dylan. Quatre ans de formation et de création, d'amours et de séparations. Quatre ans qui ont fait du chanteur-musicien une icône de la folk, dans le sillage de Woody Guthrie et de Pete Seeger, à la croisée des chemins avec Joan Baez, jusqu'à la tangente prise vers l'électrique.
Un parfait inconnu est un biopic classique, sobre et plaisant, qui focalise sur une courte mais décisive période de la vie de Bob Dylan, en s’appuyant sur le livre d’Elijah Wald, Dylan Goes Electric! Ce film n’est pas porteur d’une « vision », comme l’était I’m Not There, de Todd Haynes, mais il a le mérite d’être plus accessible à ceux qui ne connaissent pas ou connaissent peu le chanteur-musicien, et de donner envie de plonger dans son œuvre. Le scénario fait la part belle, en effet, aux chansons phares de Dylan, intégrées au récit de vie avec une belle fluidité narrative, en nous permettant d’en mesurer la teneur poétique et engagée. On est dans un biopic plus illustratif qu’analytique ou révélateur (on n’apprend rien sur le passé de la star, qui conserve son aura mystérieuse, dans un registre génial, peu aimable et fuyant), ce qui pourra constituer une limite pour les connaisseurs et amateurs, mais ce travail d’illustration est intelligent, captivant et formidablement incarné. Le casting dans son ensemble est impeccable, avec à sa tête un Timothée Chalamet tout en facilité et naturel. Sacrée performance d’acteur, mais aussi de chanteur et de musicien, puisqu’il interprète lui-même les chansons de ce film dont il est par ailleurs coproducteur.