Ne cherchez plus, la petite bombe horrifique de la rentrée (voire la petite bombe tout court) est là. A l’instar d’un « Split », d’un « Saw », d’un « Sinister » ou encore d’un « Don’t breathe », ce « Barbarian » risque de devenir une petite série B culte, pour laquelle on espère de tout cœur qu’ils n’iront pas nous pondre de suite. A tel point qu’on aimerait presque que le film n’ait pas de succès dans ce but... En effet, ce petit bijou d’épouvante se suffit à lui-même et sa fin ne demande aucune suite, prolongation ou spin-off d’aucune sorte : le film se suffit complètement à lui-même. Le contexte de départ fait un peu penser à « Don’t breathe » justement, comme le film se déroule à Détroit dans les quartiers plutôt abandonnés. Mais la comparaison s’arrête là, la source de la menace étant bien différente et c’est d’ailleurs l’un des atouts du long-métrage : pendant une bonne partie du film, on ne sait absolument quelle sera la nature de la menace, même si la tension est palpable et que l’on sent que quelque chose cloche. Fantômes, aliens, dégénérés, psychopathe ou tout simplement danger fantasmé, cette inconnue fait partie intégrante du suspense et du mystère et c’est l’un de ses nombreux points forts. Le jeu du clown de « Ça », Bill Skarsgaard est à ce titre parfaitement adapté mais on n’en dira pas plus...
Ensuite l’histoire, ou plutôt son point de départ, est à la fois triviale (car cela pourrait arriver à tout le monde) et originale (puisque c’est un postulat rarement usité sur la pellicule). Elle utilise un problème de Airbnb comme point de départ, un peu comme le récent et réussi « The Rental » de Dave Franco. Une jeune femme se pointe donc à Détroit pour un entretien et loue un logement proposé par la plateforme qui s’avère être déjà occupé par un inconnu. Après hésitation une cohabitation s’installe avant que des choses plus qu’étranges se trament dans la cave de la maison. La première partie, qui prend son temps en installant les personnages, est tout sauf ennuyante et inutile pour une fois. La psychologie et le passé des protagonistes sont plutôt bien fouillés et présentés. De plus, tout est réaliste dans leur comportement ce qui permet de réellement s’identifier à eux, de s’y attacher et de croire à l’histoire. Chacun de leur geste et de leur raisonnement est crédible et ce n’est pas si souvent dans ce type de production. De plus l’aspect économique et social en rapport à l’histoire particulière de la ville de Détroit est certes effleuré mais tout de même explicité de manière concise, ce qui donne encore un peu plus de coffre et de réalisme à « Barbarian ».
Les points forts et principaux de cette petit série B horrifique demeurent clairement son côté imprévisible : sans crier gare, le film change totalement de point de vue en cours de route ou nous assène sans prévenir un long et magnifique flashback rétro ou tente même quelques notes d’humour bien digérées et intégrées sans pour autant perdre le côté premier degré et dramatique de ce qui se joue. La mise en scène de l’acteur peu connu Zack Gregger (pour son second film après une comédie potache oubliable il y a une dizaine d’années) est d’une précision chirurgicale qui confine à la perfection et sans verser dans la prétention. Quant aux sursaut et moments de peur ils sont peut-être longs à arriver et plutôt rares certes, mais quand ils arrivent on peut s’accrocher aux accoudoirs. Et pour ce qui touche au bouquet final : il est intense, gore et sans concession (quoiqu’un peu exagéré durant quelques courts instants) en plus d’être libérateur (et encore une fois par bien des aspects, surprenant). En somme, « Barbarian » est aussi imprévisible que réussi et son scénario malin et retors est son point fort. Et cet aspect ancré dans la réalité (malgré une ou deux petites incohérences ou invraisemblances) tout comme la justesse des personnages et de leurs actions est vraiment louable et bénéfique à l’ensemble. Une véritable petite bombe à découvrir d’urgence pour frissonner intelligemment et se régaler d’une production de genre enfin différente, osée, folle et qui fait vraiment peur.
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