Que l’on connaisse ou non Tom Gormican pour son « Célibataires... ou presque » ou encore sa série avortée « Ghosted », c’est ce qu’il cache sous son dernier chapeau qui viendra régaler les fans de la première heure, les cinéphiles et le grand public. Le cinéaste nous donne rendez-vous à la redécouverte d’un Nicolas Cage, qui n’a plus que le nom et la filmographie qui pendent dans les mémoires de ceux qui le maintiennent en vie. Les autres l’ont probablement laissé dans un état de mort cérébral, à en juger par de récents choix de carrière qui peuvent laisser perplexe. Ce film vient alors rendre compte de ce qu’il en est, car l’homme derrière le personnage, et vice-versa, n’a probablement jamais quitté la scène. L’icône des années 80, tout comme d’internet, revient ainsi performer au nom de tout ce qui l’a fait entrer dans un capital culturel, qui préfère singer son évolution capillaire au lieu d’en apprendre sur sa véritable nature.
Bien entendu, ce n’est pas avec le seul second degré de cette œuvre qu’on aura toutes les réponses. Il faudra s’armer de tout ce qui a précédé cette synthèse et les nombreuses citations défileront sans modération, afin de tirer sur la fibre nostalgique, tout en préservant les totems de Cage. Il est à la fois dans son propre rôle et dans une double fiction qui fascine pour sa simplicité et sa générosité. Si « Pig » mettait un point d’honneur à réhabiliter le comédien à travers l’art culinaire, ce sera autour d’un humour référencé et bien rythmé que l’on festoie. Outre le fait qu’on en vienne à commenter la justesse de l’acting, c’est avant tout un buddy-movie que l’on nous offre, avec des intentions aussi louables que naïfs. Le contrepoids est amené par Javi (Pedro Pascal), qui ne sert pas seulement à témoigner ou de formaliser l’ascension de Cage, mais bien à lui donner la réplique et à lui offrir l’opportunité de jouer avec le cœur.
Nul doute qu’il s’agisse donc d’un film à la Nicolas Cage, orné d’un côté kitsch et minimaliste que l’on présente au fur et à mesure que le scénario prend forme. Le deuxième acte arrive rapidement à vendre la mèche sur le côté espionnage de l’intrigue, plus que jamais farfelu et assurément méta jusqu’au bout du suspense. Mais ce qu’on en retient, c’est une leçon de vie par le biais de la condescendance du héros, qui a simplement besoin de reconnaissance. Entre son agent (Neil Patrick Harris), un brin masochiste sur les bords et sa famille qui le repousse avec dégoût, l’affaire semble compliquée à résoudre. Ajoutons cela un jumeau fantomatique, hystérique et maléfique, le portrait du succès prend un tout autre sens. Ce récit épouse pleinement le fantasme du metteur en scène, qui place l’acteur face à son propre héritage, qui ne lui appartient sans doute plus.
Ce qui fait de « Un talent en or massif » (The Unbearable Weight of Massive Talent) une des œuvres les plus divertissante et jouissive de l’année tient sur un pari de funambules, notamment tenu par les comédiens vedettes et ce fameux Nicolas Cage, dont on célèbre librement le meilleur et le pire de sa carrière. L’hommage arrive dans un second temps, dans le même mouvement qu’une amitié qui naît en parallèle d’une émotion qui nous attrape par surprise. On aura beau en rire et en tirer une quelconque satisfaction, ce film nous rappelle simplement de s’accrocher à un détail, une émotion ou à ce petit film qui nous renvoie à notre humanité, en dehors de la spirale médiatique ou de la turbine hollywoodienne.