Je me doutais bien que ce ne serait pas extra, mais à ce point... Produit dans le cadre de l'anniversaire du 18 juin, « De Gaulle » est un énième biopic empesé n'ayant même pas le charme et les qualités inhérentes habituellement au genre. Certes, la reconstitution est convenable, retraçant correctement les enjeux historiques de l'époque et ce qui a amené le Général à cette allocution légendaire. J'y ai appris des petites choses, notamment quant aux rôles de certains hommes politiques que je ne connaissais presque que de nom. Enfin, même si je ne suis pas sûr que c'était volontaire, intéressant de rappeler qu'à l'époque les choses n'étaient pas si évidentes que ça et qu'un armistice, dans le but de sauver des milliers de vies, n'étaient pas, au vu de la situation militaire, une solution si aberrante. Mais le reste... On s'efforce tellement à montrer à quel point le grand Charles est un homme droit, courageux, loyal, n'ayant quasiment pas le moindre défaut. Pour accentuer cette impression, on donne un rôle d'une importance démesurée à son épouse (Isabelle Carré, très moyennement inspirée), alourdissant péniblement l'intrigue quasiment sans la moindre raison, et je ne parle même pas de l'évocation
du handicap de sa fille cadette
, l'amenant directement à la canonisation. Gabriel Le Bomin se révèle incapable de prendre la moindre hauteur vis-à-vis du sujet, multipliant les lourdeurs et les musiques pompières, le costume semblant régulièrement trop grand pour Lambert Wilson, peu crédible (à ce titre, le voir se forcer à mal parler anglais pour imiter le Général alors qu'il est parfait anglophone est assez savoureux), sans parler d'un Winston Churchill plus grandiloquent que jamais. C'est nettement mieux pour Olivier Gourmet, Gilles Cohen et surtout Alain Lenglet, excellent général Weygand. Même si je comprends la logique de réaliser un film uniquement sur cette période au vu du contexte (et pourquoi pas ! Gageure que de vouloir retracer la vie du grand homme en moins de deux heures), il aurait été TELLEMENT plus intéressant de proposer un portrait plus complexe, nuancé, ambigu tant les zones d'ombre, notamment après la Seconde Guerre mondiale, sont nombreuses chez de Gaulle. Là, on s'attaque à la fois à la période la plus connue et la plus inattaquable du personnage, représentant, à mon sens, une sorte de « double inintérêt ». Rien d'infamant, donc, mais un biopic fade et sans recul : il n'est pas né celui qui osera s'attaquer VRAIMENT au parcours hors-normes, entre lumière éclatante et obscurité, du premier Président de la Vème République...