À la suite de moult documentaires, séries et téléfilms, Charles De Gaulle voit sa première adaptation au cinéma sous les traits de Lambert Wilson (Colette, une femme libre, Catwoman, Des hommes et des dieux). Très ciblé, le film se concentre sur les mois de mai et juin 1940, alors que Paris est sur le point de céder face à l’Allemagne nazie. Confronté au défaitisme du gouvernement français (« Il est l’heure, sans honte et sans déshonneur, de reconnaître notre défaite. »), De Gaulle doit trouver le moyen de sauver la France de l’horrible menace qui l’attend. Le film met alors en scène plusieurs personnages historiques avec des acteurs arborant un certain charisme dans leurs interprétations accompagnées de répliques poignantes, à commencer par Paul Reynaud, joué par Olivier Gourmet (Coluche, l’histoire d’un mec, Mesrine : l’ennemi public n°1, Edmond), partagé entre le combat et la reddition (« Je ne vous permets pas, De Gaulle !! »).
« En ces heures douloureuses, c’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat… »
Lors d’un conseil de guerre, passage-clé du scénario, le maréchal Pétain est présent mais plutôt effacé, et régulièrement présenté comme assoiffé de pouvoir. Rejoignant Londres, De Gaulle tente un accord avec le premier ministre Winston Churchill, interprété par un Tim Hudson convaincant, dans le but de remotiver les Français par le biais de la BBC, sur un large plan valorisant les deux hommes. Le film est également l’occasion d’en apprendre davantage sur les enfants et la femme du général. Jouée par Isabelle Carré (Les enfants du marais, Respire), Yvonne De Gaulle doit s’exiler pour échapper aux Allemands et tenter de rejoindre son mari en Angleterre. Correctement interprétée, elle reste cependant assez timide, témoignant en partie du manque d’envergure de la narration.
« Les mots, ce sont les seules armes qu’il me reste. »
Si les décors et les costumes sont bien reconstitués dans une réalisation offrant des passages solides comme le plan-séquence durant lequel De Gaulle traverse un champ de bataille avec le conflit en fond, la violence des situations n’est pas suffisamment marquée et les personnages auraient mérité d’être davantage mis en valeur. Pour autant, Lambert Wilson interprète un De Gaulle avec une poigne de fer à sa hauteur, entre déterminisme (« Quoi que nous fassions, cette guerre sera mondiale, décidons de continuer le combat ailleurs. »), remise en question (« Je suis surtout un homme qui a tout quitté : son pays, ses fonctions, et qui a laissé sa famille dans un pays à feu et à sang. ») et rejet du nouveau pouvoir en place (« Vous êtes dégradé et déchu de la nationalité française. »). Le célèbre appel du 18 juin 1940 marque le dernier acte du long métrage, dont l’intérêt réside essentiellement dans le choix de la courte période qu’il traite et dans les quelques bons passages qu’il en retire.