On est bien surpris de ne pas partager l'engouement général pour un film d'horreur français (d'habitude, on est même plus enthousiaste et défendeur du genre qu'il ne faudrait), mais La Nuée nous a passablement ennuyé. On savait évidemment que l'on aurait une part de drame avec la lutte des éleveurs (de n'importe quel animal) pour survivre dans un système économique qui les oublie, mais on ne s'attendait pas à regarder sa montre régulièrement pour se demander "et le film d'épouvante, il arrive quand ?". Réponse : à 15 minutes.. mais pas du début, de la fin. Auparavant, vous n'aurez à vous mettre sous la dent (mandibule) que trois animaux sacrifiés aux sauterelles, et encore : on a détesté ces scènes. Dans le plaisir un tantinet malsain qu'il y a à regarder ce genre de scènes, il faut que le film sache susciter de l'ironie, de l'effroi, quelque chose d'inattendu : comparez seulement la scène du gamin dans le pick-up avec la chèvre qui s'y fait manger, et celle de Jurassic Park... Sur le papier, les scènes sont totalement identiques (copier-coller ?), mais dans le traitement, celle de Jurassic nous avait bluffée, faite rire nerveusement ("elle est où, la chèvre ?" - BOUM), mais celle de La Nuée nous ennuie et nous donne juste envie d'étriper cette éleveuse. Et ne parlons pas de la scène du gentil petit chien... On n'a vraiment aucune compassion pour cette timbrée psychopathe, alors que le film voudrait nous sensibiliser à la cause fermière (c'est raté). On est même déçu
qu'elle survive à la fin
, c'est dire. C'aurait pu donner une morale intéressante ("il ne faut pas jouer les Maîtres de la Vie", "ne pas voir trop grand", "ne pas tuer les petits chiens tout mignons"...), mais non, on y a cru et l'on est finalement mécontent que la maboule
revienne
, sur une scène-clichée que l'on sature de voir. Pour le film d'épouvante, on repassera, pour le drame social, on repassera. La Nuée est un film de genre, c'est certain, il faut voir toutes ces scènes de gros plans sur les insectes qui baignent dans du sang, très tape-à-l’œil, avec une bande-son qui ressemble à des bâtons de pluie que l'on renverse sans arrêts, ou à du sable jeté sur une tôle en fer... "C'est conceptuel", comme on dit. Mais si l'on comprend ce que le film a voulu faire en mélangeant esthétique "particulière", drame social et familial, et épouvante, de notre côté on s'est ennuyé entre deux envie de jeter l'éleveuse aux mandibules.