Ça faisait assez longtemps que j’avais pas vraiment apprécié un film de Honoré. Je pense que Chambre 212 signe le retour du réalisateur vers ses sujets préférés, ceux qu’il travaillait il y a dix ans: le couple, l’amour, le mélange des générations (c’était le sujet du film qui l’a fait vraiment connaître de ma génération, Les chansons d’amour).
Maria (Chiara Mastroianni) et Richard (Benjamin Biolay) sont mariés depuis 20 ans. Lorsque Richard découvre que Maria l’a froidement trompée, ils se séparent pour la nuit. Elle quitte le domicile conjugal, mais va seulement faire quelques mètres et s’installer dans l’hôtel d’en face. Depuis la chambre 212, elle voit son mari. Pendant toute la nuit, Maria et Richard vont réfléchir à leur couple et à ses promesses non tenues. Ils vont être aidés dans cette tâche par des personnages fantômes, les doubles de Richard, de son amour de jeunesse, de sa mère, de sa grand-mère…
L’histoire de couple est on ne peut plus banale. Et pourtant, les ressorts du scénario en font une histoire tout à fait originale. Christophe Honoré n’innove pourtant pas radicalement, car on peut rapprocher le film de Camille Redouble par exemple, ou même de Vice Versa pour la personnification des sentiments (ici, la volonté, sorte de Michou comparé à Charles Aznavour). Ce n’est que lorsque ces fantômes adviennent que le film démarre vraiment.
En effet, le début du film m’a fait un peu peur. J’ai retrouvé la grisaille Honoré, ses parisiens et surtout ses parisiennes. Chiara Mastroianni y campe en deux scènes une femme assez sèche, peu aimable, qui casse tout le monde, les hommes jeunes qu’elle dévore (et c’est plutôt cool de voir ce rapport là entre un homme et une femme), et son mec qu’elle renvoie sèchement dans ses filets quand il lui reproche de l’avoir trompé. Ce n’est que quand elle rentre dans la chambre 212 qu’on commence à l’aimer, et que la magie du scénario commence à opérer. La rencontre avec Vincent Lacoste est le vrai élément perturbateur du film: elle retrouve son mari, à 20 ans, à l’âge où elle l’a aimé. Maria est troublée par son mari jeune… et lui aussi.
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