Vraiment j'adore le cinéma de Christophe Honoré. Disons qu'à chaque fois qu'un de ses film sort, je me dis « mouais, ça a l'air moins bien que le précédent » et à chaque fois je suis très agréablement surpris.
Disons que je trouve ses histoires simplement belles. C'est quelqu'un qui sait écrire de belles histoires d'amour. Parce que chambre 212 c'est ça, une très magnifique histoire d'amour... Alors pas forcément au sens où on pourrait l'entendre de prime abord puisqu'il s'agit de l'histoire d'une femme adultère (l'horreur, quasiment le nazisme). Mais la beauté de cette histoire réside dans sa vérité, certes on parle d'une femme qui a les visions de son mari jeune lorsqu'elle a commencé à l'aimer, du premier amour de ce même mari, etc. Certes on est dans le fantasme, mais ce qui est dit transpire de vérité, ce qui est dit sur ce couple qui se délite, sur le premier amour, sur la vie que l'on n'a pas choisi de prendre. C'est profondément mélancolique.
Enfin, le film est avant tout extrêmement drôle, puis sur la fin il y a un réel glissement jusqu'à un final absolument sublime et mélancolique avec une musique catalysant les émotions pour les personnages et le spectateur.
La force du film est là, dans sa capacité à faire rire avec ses situations parfois quand même assez absurdes tout en traitant sur son sujet avec sérieux. Je veux dire que le film s'ouvre quand même sur une séquence assez drôle où Chiara Mastroianni sort de sa cachette car elle ne supporte plus les minauderies de la copine de son amant... Ce qui permet de caractériser le personnage et de montrer une femme qui n'a pas froid aux yeux, qui a du caractère et qui sait s'affirmer tout en ayant un petit humour pince sans rire que j'aime beaucoup.
Bref niveau écriture c'est parfait et puis que dire de l'interprétation des acteurs ? Quel plaisir de revoir Lacoste sous la direction d'Honoré ! Et puis Mastroianni a ici sans doute son meilleur rôle, faut dire que chez Honoré ou Desplechin elle avait quand même souvent que des seconds rôles (Non ma fille tu n'iras pas danser mis à part). Clairement elle mérite son prix à Cannes. Mais les autres ne sont pas en reste. J'aime bien Biolay, déprimé par le comportement de sa femme, lui qui se voit pousser des cornes de cocu alors qu'il ne s'y attendait absolument pas. Même Camille Cottin arrive à être juste et a d'ailleurs un beau personnage (enfin tous les personnages sont géniaux).
Disons qu'avec ce jeu d'apparition on peut tout explorer, le premier amour, la séparation avec ce premier amour, la gestion de cette séparation, le mariage, les débuts fringants et la fin plus amère.
Franchement, c'est un régal. Les dialogues sont exquis et c'est difficile de ne pas se sentir concerné par les réflexions, de ne pas se reconnaître dans les personnages et de ne pas craindre de devenir comme eux dans vingt ans.
Le film m'a vraiment parlé dans ses thématiques. Mais surtout il arrive à les rendre vraiment ludique. Honoré ne cherche pas la vraisemblance, ici les visions de Mastroianni peuvent lui apprendre des choses qu'elle ne savait pas déjà, peuvent aller voir son mari, discuter avec lui et aider ce couple à savoir où il en est...
Puis chose à noter, Honoré a fait un gros travail sur l'esthétique du film, nous avons ici clairement son film le plus léché visuellement.
Le Honoré de cette année est un bon cru, aussi drôle qu'il est émouvant et mélancolique...