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DCP87
14 abonnés
28 critiques
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5,0
Publiée le 8 octobre 2019
un Honoré qui ne chante pas et c'est pour le meilleur ! D'autant que les musiques sont top dedans (mension spéciale pour Aznavour). On rit, on s'émeut, on se retourne sur son propre vécu et y a même une actrice surprise au milieu du film qui fait du bien. Top !
Chiara Mastroianni est monumentale. Vincent Lacoste confirme tout son talent pour osciller entre la comédie et le sérieux. Camille Cottin se révèle toujours aussi douée. Benjamin Biolay sort de sa zone de confort et c'est tant mieux, cela lui va très bien ! 4 comédiens géniaux pour une comédie sentimentale douce amère, tendre et joyeuse sur le couple.
Un vrai coup de coeur. On retrouve ici à la fois un vrai amour du cinema, un hommage à de grands cinéastes, tout en ayant une forme personnelle et une réflexion sur le temps qui passe, les choix de vie, le couple, le tout sans oublier la légèreté et le ton de comédie porté par 4 acteurs brillants.
Après le très personnel « Plaire, Aimer et Courir vite », Christophe Honoré revient vers un cinéma fantaisiste et esthétique. Maria (Chiara Mastroianni) et Richard (Benjamin Biolay) sont en couple depuis de nombreuses années. Elle est une femme de tête, professeur de droit, qui s’ennuie avec son mari et collectionne les jeunes amants. Lui paraît déprimé et s’applique plus à faire la vaisselle et les lessives en caleçon/chaussettes/pas rasé qu’à faire rêver son épouse. Un soir, Richard découvre les tromperies de Maria. Le couple se dispute et Maria décide d’aller passer la nuit dans la chambre 212 de l’hôtel d’en face. Depuis cette chambre, Maria observe Richard par la fenêtre et fait le point sur son parcours amoureux en se demandant si elle doit ou non quitter son mari. Elle est accompagnée dans cette réflexion par un autre Richard : le Richard de sa jeunesse (Vincent Lacoste) qui convoque à son tour Irène (Camille Cottin), femme qui a le double de son âge et l’a initié aux plaisirs de l’amour à l’adolescence. Ce film est très esthétique : la lumière, les couleurs, les décors et les costumes sont très beaux. Les dialogues sont également très bien écrits. Le scénario quant à lui est très poétique. Si l’on n’est pas client de ce type de film, il mérite quand même d’être vu, ne serait-ce que pour les cocasses scènes dans lesquelles Benjamin Biolay campe un homme soumis et rompu aux travaux ménagers. Et si l’on aime l’univers de Christophe Honoré, on pourrait voir ce film plusieurs fois et être à chaque fois surpris de découvrir des détails, des références cinématographiques et de délicieuses répliques qui avaient échappé au spectateur.
Vu en avant première, et donc l'esprit vierge de toutes critiques de presse ou du public, motivé par le seul attrait du synopsis et des récompenses, ce qui influence tout de même, j'en conviens. Du cinéma profond, existentiel, à mon sens orienté vers un public de générations matures Ce film est une réflexion sur l'illusion de la pérennité du couple et part à la recherche des causes de l'échec inéluctable. Il traite du couple sur la durée pour recenser les nombreuses failles qui portent en germe son effondrement. Depuis la création "par erreur" du couple qui, constitué par défaut avec un(e) autre partenaire que le premier et seul véritable grand amour, laisse subsister la frustration douloureuse de la passion non aboutie, jusqu'à la rupture, en passant par les accommodements qui visent à rendre supportable le quotidien mais ne font que reporter l'inévitable rupture. "Chambre212" est une réflexion philosophiques sur le délitement du lien sentimental sous l'usure du temps et du quotidien. Non sans rappeler "Ma Nuit Chez Maud" (Françoise Fabian et Jean-Louis Trintignant) ce film bénéficie d'une mise en scène originale qui évite l'écueil du verbiage tout en permettant une formalisation verbale aboutie de la réflexion sur la gageure du mariage. La richesse de ce film est telle qu'il me semble mériter plusieurs niveaux de lectures et dirais-je même, de méditation. A voir et revoir, selon moi, pour essayer de s'approprier son foisonnement intellectuel. On ne s'ennuie pas et l'on en sort humainement enrichi.
Honoré retrouve un peu de la magie qu'il avait atteinte avec ses Chansons d'amour, notamment dans son rapport à l’artifice comme voie d’accès à l’intériorité des personnages et à la vérité de leurs relations. En termes d’artifices, Chambre 212 ne lésine pas sur les moyens et propose un réalisme magique du plus bel effet : pluie de cendres sur le lit conjugal, portes qui s’ouvrent toujours plus loin à l’arrière-plan, décors miniaturisés, neige artificielle, etc. Si le réalisateur emprunte de manière assumée à l'humour du vaudeville, c’est pour en livrer une version très personnelle, étrangement douce et mélancolique. Les portes, ici, ne claquent pas comme dans le théâtre de boulevard, mais battent dans le vide et en silence, et le film a finalement autant à voir avec la folie de Feydeau qu’avec la mélancolie des Ailes du désir ou la douceur d’Un chant de Noël, le célèbre conte de Dickens auquel on pense parfois ici. Si le quasi-huis-clos et son sujet très intimiste font de Chambre 212 un objet relativement mineur, le film permet tout de même à Christophe Honoré de renouer avec une certaine ampleur. Plus que jamais, son réalisme se nourrit de fantasmes et assume son fragile équilibre entre vérité et artifice, pour mieux laisser circuler le sentiment.