Vu au ciné "PETIT PAYS" de Éric Barbier, adaptation du livre éponyme de Gael Faye, autobiographie sur son enfance douloureuse: fils d'un français et d'une Rwandaise vivant alors au Burundi, subissant à 12-13 ans au début des années 90 la violence de cette guerre absurde entre les ethnies (Hutus contre Tutsis et le génocide de ces derniers), ici tout est vu à travers les yeux de ce jeune garçon, à hauteur d'enfant, lui qui va devoir grandir et mûrir trop vite avec ces événements dramatiques qui grondent et s'intensifient, tout commence par la douceur de l'insouciance et la chaleur de l'innocence d'enfants immergés dans un pays rempli de couleurs et de lumières, puis peu à peu tout s'assombrit avec les rumeurs de querelles puis de coup d'état, les parents essaient de cacher la vérité aux enfants mais ces derniers sont plus mûrs qu'il n'y paraît, et les petites querelles entre eux preaugurent déjà de la terrible tragédie qui monte et se propage, de plus le jeune garcon doit faire face aux problèmes conjugaux de ses parents qui ne se comprennent plus, en projet de séparation, devant aussi-en grand frère- rassurer et protéger sa petite soeur plus sensible, le sujet vraiment dramatique n'est pourtant jamais pleurnichard, tout en étant hyper réaliste, et le film ne verse pas non plus dans le docu plombant, une histoire forte qui plonge vraiment dans la deuxième partie dans la douleur et l'horreur vécues par la mère qui n'existe plus, mais malgré tout cela, comme les images de fin le montrent, l'enfant préférera garder en mémoire surtout ces moments heureux avec sa famille et ses copains, les tendres souvenirs du paradis, avant l'enfer et l'exil, dans ce petit pays où tout avait si bien commencé "Voyez, mon existence avait bien commencé, j'aimerais recommencer depuis le début mais tu sais comment c'est" (extrait de la chanson "Petit pays" de Gael Faye). Les interprètes sont tous formidables: en tête un petit jeune métis vraiment épatant de justesse et de charisme, Jean-Paul Rouve encore magnifique en père aimant, un rôle secondaire mais puissant, la mère déchirante et terrifiante à la fois, plus toute une distribution à 80% non professionnelle vraiment superbe, un sujet important, à ne pas oublier, rarement abordé au cinéma, un film vibrant et poignant, plus humain que politique, du vrai cinéma qui nous prend aux tripes, jamais didactique, bref une lumineuse réussite!