Tina, douanière, est connue pour son odorat extraordinaire. C'est presque comme si elle pouvait flairer la culpabilité d’un individu.
C'est l'Iranien Ali Abbasi qui a adapté la nouvelle "Gräns" tiré du recueil "Låt de gamla drömmarna dö" de John Ajvide Lindqvist (2004). L'auteur à d'ailleurs écrit le scénario avec le réalisateur et Isabella Eklöf. Le film a remporté le prix Un Certain Regard du Festival de Cannes 2018.
On en est au huitième film du Festival Vidéo Club de CinéPop, et cette fois ça sera donc un film primé à Cannes. Est-ce une surprise si je vois que je l'ai trouvé assez moyen ?
Une chose qu'on peut lui reconnaitre, c'est qu'il est atypique. Dès le début, on sent que cela ne va pas être une expérience comme les autres. Qu'on aime ou pas le résultat final, la prise de risque de ce long métrage est à noter.
Il m'a fallu un petit moment déjà pour rentrer dedans. On voit le personnage de Tina qui a cette capacité à sentir les choses. Il va falloir mettre du temps avec de cerner cela, et en attendant, le manque de repère est un peu perturbant. D'autant plus qu'elle aussi ignore tout de sa véritable histoire. Pour autant, Tina n'en reste pas moins attachante. En effet, on voit qu'elle ne se sent pas à sa place, voir pas "humaine". Sa recherche de la vérité, et sa réaction pour l'affronter m'ont vraiment plu. Eva Melander joue particulièrement bien en faisant ressortir son côté sauvage.
Malheureusement, le récit va vite piétiner car à force de ne pas savoir où on va, c'est fatigant. Le personnage de Vore va relancer la dynamique mais avant que cela n'arrive, il faut être patient. Ce nouvel intervenant va venir débloquer beaucoup de points restés en suspens sur la première partie. Je note aussi que Eero Milonoff arrive à se mettre au diapason avec une performance tout aussi remarquable que sa partenaire. Les deux réunis forment un duo très intéressant.
À partir de ce moment-là, l'histoire va donc se recentrer sur la nature profonde de ces deux êtres. On ne va pas aller dans les détails car cela à finalement peut d'importance. Ce qui compte est la philosophie par rapport à leur situation et la manière opposée donc chacun va réagir face au monde extérieur.
Ce choix fait que forcément, on va un peu délaisser l'activité policière de Tina. C'est dommage car cela apportait une certaine intensité et du dynamisme. Le sujet de l'identité de genre de ces deux personnes à beau être intéressant, je dois dire que le traitement est fait à un rythme très lent. Cela n'est pas adapté à tout le monde, et je n'ai pas été toujours fan.
Ce qui m'a le plus dérangé reste tout de même certaines scènes qui vont trop loin. Selon moi, certains sujets marchent mieux sans les images chocs, alors que là on plonge en plein dedans. Dommage car d'un point de vue global, l'esthétisme est soigné et c'était agréable à regarder. Cependant ces passages m'ont déconnecté.