Dans son impeccable uniforme, la fonctionnaire des douanes Tina pourrait presque passer pour quelqu’un d’ordinaire, s’il n’y avait cependant son visage qui, d’emblée, frappe par son étrangeté et sa laideur. Quand, bientôt, l’on comprend que la douanière repère les contrevenants au moyen de son odorat, la bizarrerie monte d’un cran. C’est en reniflant comme un animal, en effet, qu’elle repère non seulement ce que cachent éventuellement les passagers qu’elles contrôlent mais aussi leurs sentiments ou leurs émotions. Elle n’a pas son pareil pour démasquer, par exemple, un pédophile passant par là en tentant de dissimuler des photos et des vidéos compromettantes. Or, cette femme qui, rentrée chez elle, s’empresse d’aller marcher pieds nus dans la forêt, rencontre un jour un individu qui, physiquement, lui ressemble étonnamment. Il dit s’appeler Vore et ne tarde pas à révéler à Tina son goût immodéré pour les asticots et les vers de terre ! Il les recherche, les collectionne, les élève, non pour aller à la pêche mais pour en faire sa dégustation. Les deux individus se découvrent bientôt d’autres points communs que leur physique et leur attirance pour les larves et les insectes : ils ont tous deux le corps marqué d’une trace laissée par un impact de foudre et se découvrent sexuellement hybrides.
Hybride, c’est bien le mot pour caractériser un film, on l’a compris, pour le moins singulier. Le réalisateur y explore, à sa manière, la frontière entre l’animalité et l’humanité tout en lorgnant très fort du côté des créatures fantastiques qui hantent les contes scandinaves. Cela donne une curieuse fable composite qui oscille entre le film policier et le film fantastique en passant par la romance de deux êtres monstrueux. À quoi bon tout cela sinon pour stupéfier les spectateurs au moyen de quelques scènes « choc » qui m’ont paru maladroites, embarrassantes et glauques. Le propos du film reste d’ailleurs très imprécis : la misanthropie qui domine lors de certaines séquences laisse place, à d’autres moments, à une sorte de bienveillance naïve. Une fois de plus, il ne suffit pas d’en mettre plein les mirettes pour faire du bon cinéma !