J'avais vraiment apprécié « Victoria », le précédent film de Justine Triet, je suis beaucoup plus dubitatif concernant ce nouveau portrait de femme, toujours interprété par l'impeccable Virginie Efira. Pourtant, difficile de parler d'échec, plus de déception. Alors que la bande-annonce laissait entrevoir une comédie dramatique pleine de bons mots et de situations savoureuses, ce n'est pas loin d'être la sinistrose totale. Sur le principe, pourquoi pas, et après tout, ne pas offrir le titre que tout le monde s'attend à voir est plutôt gage de qualité, d'ambition et de personnalité. Mais pas de cette manière. Pourtant, il est vraiment difficile pour moi de pointer un problème précis concernant « Sibyl » : je ne peux pas dire que je me sois ennuyé, le récit tient la route, tout comme le casting (Adèle Exarchopoulos y trouve peut-être son meilleur rôle depuis « La Vie d'Adèle »), la réalisatrice n'ayant pas peur de malmener de façon presque sadique son héroïne, personnage complexe, presque en perdition. Non, c'est juste que ça ne m'a pas vraiment intéressé. Je n'ai pas réellement pris de plaisir à suivre ces mésaventures, certains choix prêtant fortement à discussion (c'est très à la mode, mais Triet se complaît à son tour dans des scènes de sexe (surtout une) interminables et, comme presque toujours, n'apportant strictement rien à l'intrigue, voire la plombant : quel intérêt ?? C'est limite du voyeurisme malsain), ce manque d'humanisme, cette légère impression de tourner à vide devenant gênants. Et si j'ai bien conscience que c'est la structure du récit qui veut ça, le second rôle le plus attachant, interprété par la toujours savoureuse Laure Calamy, est finalement bien peu présent alors que c'était sans doute elle qui en disait le plus sur la belle Virginie. Moyennement convaincu également par les flashbacks, disséminés de manière presque abrupte et moins révélateur qu'on aurait pu l'espérer, la présence de Niels Schneider comme certains dialogues peu convaincants n'aidant pas non plus. Après, il est évident que « Sibyl » a le grand mérite de ne pas laisser indifférent : le cinéma français manque si souvent d'audace que je suis obligé de la saluer ici, ce qui n'empêche pas mon ressenti : je n'ai pas aimé ce titre, n'y retrouvant pas ce qui avait fait trois ans auparavant le succès de « Victoria ». Sans doute était-ce volontaire, encore fallait-il que ce soit réussi.