Une chose est sure, Justine Triet est belle et bien d'une énergie qui contamine, on le constate s'en perdre de temps ! Je vais être franc, j'adore son dynamisme, ses aspérités à vouloir tout de suite distribuer les cartes et les jouer furieusement, avec la manière toutefois. Car oui, à bien des égards, elle est brute de décoffrage, pourtant tout son cinéma se calque à faire ressentir les failles et la sensibilité des autres ...
Sibyl, son dernier film en date est une nouvelle prolongation de son idéalisme bancale, foutraque, désordonné mais jamais prude, ou emplit de grande déclamation fortuite par une vue pour plaire. D'ailleurs ce film est à de nombreuses reprises malaisant, la gêne est sujet à analyse, on ne s'y prive donc pas ! J'apprécie qu'elle film la société dans ses nouvelles configurations, claire dans son explication, flou dans dans le rapport, encore une motivation y compris là-dessus pour encore entretenir la cadence du récit et de son flux d'infos permanent. Un capharnaüm de scènes, de croisement, de protagonistes qui dérange par soucis d'authenticité ou de manipulation, par la relation ambigu qu'ils et elles entretiennent étroitement.
Désir, envie, violence, le champ lexical de Sibyl est large et colle aux visions d'horreur qu'elle croise, imaginaire ou réel, il est en tout et pour tout question de démons. La désorientation perpétuelle comme un funambule sur son fil, qui plus est pas dans son meilleur jour est une constante déjà étudié dans La Bataille de Solférino et dans Victoria, elle reprend donc l'idée mais la transfigure avec une nouvelle sorte de ton, plus grave, toujours accessoirement cocasse mais avec une dureté lier à un autre genre, car oui ici on est bien dans un Drame. Le deuil, la survie, l'abandon, la rechute sont d'autres termes de ce champ lexical, enfin je crois ...
Justine Triet fuse et trace, passe d'une scène à l'autre, elle imprime la cadence de son personnage titre et parviens à structuré une odyssée autour de sa situation. Cette dernière reprend la thérapie, la quitte, puis la recommence, un appel à l'aide d'une autre teneur dont on apprend à mesure que celle qui règle la situation est en fait encore plus déboussolé que les autres. On vit avec elle son besoin d'aider pour redonner l'aide qu'elle à elle même perçu avant de la perdre à nouveau. L'aide en question est une prise de vue sur un amour dont on s'interroge sans cesses. Je met çà là tout de suite, mais sa dernière scène est quelque chose sur ce point !
A vouloir confondre toutes les colères, les rancunes, et les variations de soins possibles, le portrait fait devient une douleur sur une femme complexe, au demeurant incroyable et somptueuse. Le " spectacle " de sa souffrance, du mal-être qui la bouffe de l'intérieur avant de surgir m'a littéralement travailler toute la journée, alors que j'ai vu le film hier soir ... Une main mise sur ma propre colère à agit en parallèle. Stop à mes propres projections.
Si Justine Triet est étincelante dans la conduite de son récit, dans l'organisation d'un cadre, dans la référence et pour le rendu incroyable de tout cela, on peu dire qu'elle est aussi incroyablement douer diriger Virginie Effira et ses comparses. Celle-ci est je dois le dire absolument magistrale ! Rare son les rôles de femmes aussi martelés par une écriture aussi nuancé, propices à rendre à de telle proportions le compte rendu d'une trajectoire importante à voir et à entendre. Merci pour çà !
Gaspard Uliel ( décédé il y'a peu ... ), Sandra Huller, Niels Schneider, Adèle Exarchopoulos sont à nommés, avec des fortunes diverses mais toutes au final intéressantes et à saluer.
Pour conclure avec ce troisième film de cette brillante cinéaste, j'ajouterai que la passion dingue que je ressent pour ce film s'inscrit avec l'envie de le revoir à l'avenir tant il y'a là-dedans, je le perçois encore, matière à en découvrir de nouvelle tessitures cachés. Enfin pas tout de suite toutefois car un break s'impose avec de telle proposition de cinéma, radicale et dont on s'entiche avec une dépendance à ne vouloir voir que çà ensuite ...