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    The Lighthouse
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    Tumtumtree
    Tumtumtree

    174 abonnés 534 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 21 décembre 2019
    The Lighthouse est un film radical. Dès les premiers plans, on sent bien qu'on s'engage dans un Eraserhead maritime et poisseux. Le format carré, couplé à un superbe noir et blanc, évoque la photographie des pionniers du XIXe siècle, mais aussi le fameux film polonais Ida. Comme attendu, le récit nous embarque dans le quotidien de deux gardiens de phare : le plus vieux est une épave de la vie surjouant une autorité totalitaire, son second est plus digne mais habité de secrets et de haine rentrée. Les pets, l'eau des chiottes, la crasse, la masturbation, les beuveries : rien ne nous est épargné. Rapidement, réel et imaginaire fusionnent, de sorte qu'on ne sait absolument plus où est la limite entre les deux. Souhaitant faire exploser tous les cadres, le cinéaste entraîne le spectateur dans les extrémités les plus glauques en un crescendo sans pause. L'irréalisme assumé nous coupe cependant d'une quelconque empathie pour les personnages, et le huis-clos devient creux et asphyxiant. Reconnaissons tout de même la performance hors normes des deux comédiens dont l'un déclame un texte épique tout en se faisant littéralement enterrer. On n'avait pas vu une telle mise à l'épreuve depuis Apocalypse pour un massacre. Bref, un film pour ceux qui aiment les expériences cinématographiques extrêmes.
    Fêtons le cinéma
    Fêtons le cinéma

    705 abonnés 3 067 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 18 décembre 2019
    À mi-chemin entre « Le Phare » de Tristan Corbière et Les Feux de la Mer – la dimension documentaire d’État en moins – de Jean Epstein, The Lighthouse s’érige comme la nouvelle référence du cinéma d’horreur contemporain tout en confirmant le talent de son cinéaste, Robert Eggers. Car le cinéma de ce dernier, composé pour l’instant de deux films, réussit à donner vie à une peur atemporelle, inscrite dans une époque déterminée mais pourvue d’une virtuosité technique qui la raccorde au temps présent. L’ancrage historique est toujours flottant chez Eggers, il n’est pas plaqué mais seulement vécu par des personnages contraints d’organiser leur existence parmi des paysages désolés dont se dégage une atmosphère de fin du monde, comme si les rituels répétés jour après jour participaient d’une entrée en religion placée sous le signe du chaos, du naufrage. La partition musicale et sonore de Mark Korven décuple la puissance traumatique des images, aidée par le son incessant des sirènes. Dès lors, nous pénétrons dans le phare par sa base que nous explorons avant de grimper progressivement les marches, l’une après l’autre, jusqu’à la lumière. La progression du récit suit le passage de l’obscurité à la clarté, de la vie nouvelle entamée sur ce rocher isolé à l’absorption, à la dévotion, à la dévoration. Quête de la lumière, quête de la vérité, quête de la femme. Le phare devient l’incarnation de cette quête priapique où la taille – physique, métaphysique – de Winslow grandit, grandit jusqu’à dominer l’autre, le réduire en domesticité, l’enterrer vivant. C’est un phallus à l’érection progressive et qui trouve dans le déchaînement de la mer alentour ce qu’il lui faut de puissance pour jouir. Le film est ainsi traversé par le fluide et les flux : l’eau environnante, l’alcool qui coule à flots, l’urine soit dans le pot de chambre soit à côté, le sperme dont les décharges se font toujours plus brutales. Aussi voit-on le phare se couvrir de peinture blanche, ce même blanc qui macule le visage du beau Robert Pattinson une fois tombé au sol, ce même blanc qui fait office d’écran de transition entre la révélation et la vanité aux mouettes affamées. Œuvre fétichiste et initiatique, The Lighthouse brosse le portrait d’une humanité à bout de souffle qui se cantonne à ses fonctions vitales, soit boire, manger, dormir. Les personnages sont des corps sales et puants, Thomas pète à tout bout de champ, Winslow reçoit le contenu de deux pots de chambre qu’il a jeté dans les vents contraires. Mais surtout, ces hommes se définissent par leur solitude profonde que seule la fiction peut résoudre : donc on boit, on raconte n’importe quoi, au risque de s’inventer plusieurs vies différentes et antagonistes, de perdre sa jambe de diverses façons. On se cache sous une table pour rire comme des baleines, on se casse la figure, on manque de s’embrasser. Le film pense sa mise en scène comme le réceptacle des frustrations de notre duo (et en particulier du nouveau venu), le conservatoire d’une mythologie marine où jaillissent Neptune, les légendes populaires et l’esprit des marins disparus en mer. Ce faisant, il compose un puissant éloge des pouvoirs hallucinatoires de la fiction, capable de recréer un microcosme là où il n’y a qu’isolement et souffrance. L’art devient le pendant de la schizophrénie. La splendeur de chacun de ses plans envoûte un spectateur qui n’en croit pas ses yeux, avait oublié que le cinéma pouvait atteindre une telle beauté noire, assassinée. Porté par deux acteurs au sommet, aussi percutants que terrifiants, The Lighthouse est un puits de lumière, un kaléidoscope d’images cauchemardesques et fascinantes qui grave la rétine et attrape le spectateur pour ne le lâcher qu’au générique de fin.
    ffred
    ffred

    1 730 abonnés 4 021 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 décembre 2019
    Deuxième film de Robert Eggers réalisateur du très remarqué et effrayant The witch. Vu en avant première en juin à la reprise de la Quinzaine des réalisateurs au Forum des Images, on se demandait s'il allait sortir un jour en salles. C'est donc chose faite et le film, tout bonnement hallucinant, se place in-extremis dans le peloton de tête des meilleurs films de l'année. Et sur tous les plans. La mise en scène est aussi virtuose que grandiose. Le scénario, fort, puissant, sombre, ambigu, nous concocte un récit aussi délirant que terrifiant pour un huis-clos aussi étouffant que claustrophobe. La technique est juste superbe. Montage, son (superbe), décors (le phare a été entièrement construit pour l'occasion), costumes, maquillages, effets spéciaux, tout est un travail d'orfèvre, le plus beau étant sans doute la photo (image noir et blanche au format carré). Mais la cerise sur le gâteau reste l'interprétation. Willem Dafoe et Robert Pattinson nous offre des prestations aussi impressionnantes qu'ahurissantes. Ils trouvent là, à mes yeux, leurs meilleurs rôles. D'un bout à l'autre on est pris aux tripes dans ce cauchemar éveillé dont on ne sort pas indemne, presque aussi perturbé que les personnages. Robert Eggers confirme donc largement aujourd'hui, et fait même mieux que son premier essai, chose assez rare. The Lighthouse, aussi halluciné qu’hallucinant, prend une place toute naturelle dans ma liste des films qui se méritent. Fascinant et hypnotique, un choc inattendu qui restera dans les annales. Une expérience visuelle et sensorielle unique. Un chef d’œuvre.
    Yves G.
    Yves G.

    1 500 abonnés 3 518 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 23 décembre 2019
    Deux gardiens de phare que tout oppose, un vieux loup de mer (Willem Dafoe) et un jeune novice (Robert Pattinson), sont confinés dans une île déserte, isolés du continent par la tempête.

    Le résumé du film est court. Le film hélas est long.
    De quoi est-il question dans "The Lighthouse" ? Du lent processus qui conduit un homme à la folie. Il est interprété par Robert Pattinson qu'on n'attendait pas ici. Il joue le rôle d'un jeune homme dont c'est la première mission pour le compte de l'administration américaine des phares. Précédemment, il travaillait au Canada dans l'industrie du bois. Il est placé sous l'autorité d'un gardien-chef tyrannique, flatulent et alcoolique. L'isolement, la dureté des tâches que son aîné sadique lui impose et la tempête, auront bientôt raison de sa raison.

    La folie et comment on y glisse est un sujet qui a souvent été traité au cinéma. Les plus grands s'y sont frottés : Truffaut avec "L'Histoire d'Adèle H.", Polanski avec "Répulsion", Cronenberg avec "Spider" ou "Le Festin nu", Aronofsky avec "Black Swan". Je le trouve pourtant d'une grande pauvreté. Au début du film, le héros ou l'héroïne manifeste quelques signes de folie, qui s'aggravent progressivement avant de le submerger totalement. Point. Aucun suspense, aucune bifurcation possible si ce n'est l'inexorable spirale du processus psychotique.

    Du coup, c'est moins le sujet qui retient l'attention dans "The Lighthouse" que son traitement. Il suffit de jeter un oeil à la bande-annonce pour s'en convaincre : ce film-là est différent du tout-venant. Tourné en noir et blanc, au format 1.19/1 presque carré - qui enserre les personnages dans un cadre étouffant - The Lighthouse a le grain et le son des films des années cinquante. Flirtant avec le fantastique, il fait penser aux délires surréalistes et oniriques d'un Wojciech Has (Le Manuscrit trouvé à Saragosse, La Clepsydre) ou d'un Alexei Guerman (Il est difficile d'être un dieu). Ses dialogues très travaillés ont la même densité que les tirades de Shakespeare. Pour les écrire, le réalisateur Dave Eggers et son frère Max, co-scénariste du film, se sont plongés dans l'oeuvre de Melville et de Stevenson.

    Reparti avec le prix Fipresci à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes et avec le prix du jury au Festival de Deauville, "The Lighthouse" n’a pas été mieux résumé que par son réalisateur lui-même : « Rien de bon ne peut arriver quand deux hommes sont isolés dans un phallus géant. »
    rogerwaters
    rogerwaters

    146 abonnés 1 089 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 1 janvier 2020
    Robert Eggers passe un cap avec ce long-métrage qui surpasse très largement The Witch qui m’avait laissé un souvenir mitigé lors de son premier visionnage en salles. Avec The Lighthouse, Eggers assume pleinement son statut d’auteur à part entière et ne sacrifie pas au sensationnel pour rester dans une zone grise qui laisse s’exprimer le sentiment d’insécurité et de mystère face aux événements relatés. Le tout est filmé avec brio, baignant dans une atmosphère inquiétante, aussi bien sur le plan narratif que sonore. Le cinéaste s’est appuyé sur des acteurs inspirés qui sont pleinement convaincants, y compris un excellent Robert Pattinson qui m’a convaincu pour la toute première fois. Les idées s’enchaînent sans que l’ennui s’invite et le final est tout bonnement l’un des plus beaux de ces dernières années. Un chef d’œuvre.
    traversay1
    traversay1

    3 652 abonnés 4 879 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 20 décembre 2019
    Certains cinéphiles ont sans doute vu The Pjantom Light (1935) de Michael Powell qui, tout en n'étant pas le meilleur ouvrage du maître britannique, posait déjà les jalons de ce qui devenu une sorte de genre : le film autour de la figure du gardien de phare, avec pour ingrédients immarcessibles : la solitude, la frustration et la démence qui guette. The Lighthouse reprend ces thèmes en isolant deux personnages, le chef (vieux loup de mer) et son subordonné (jeune instable) au milieu de l'océan. Format carré, noir et blanc, mise en scène expressionniste : tout est en place pour que la tempête se déchaîne, en mer comme sous les cranes. Avec son long prologue, sans qu'aucune parole ne soit échangée, le film de Robert Eggers semble marcher sur les brisées du cinéma muet et ce n'est pas une mauvaise idée. Mais assez rapidement, The Lighthouse vire à l'exercice du style avec une narration qui sonne un peu le creux et ses symboles outrés (le phare comme objet phallique). L'affrontement entre les deux hommes donne lieu à tout un tas de scènes croquignolettes et il y a un moment où l'on se prendrait presque à espérer que le long-métrage jouât la carte du grotesque mais c'est méconnaître l'esprit de sérieux d'une entreprise qui vise avant tout à épater la galerie, ce qui n'est évidemment pas tenable sur la longueur, à moins d'être un génie du cinéma, et encore. Impressionné par la maîtrise formelle de Eggers, on l'est assurément, mais peu comblé en même temps par un récit qui se nourrit de fantasmes et d'une escalade émotionnelle proche des films d'horreur. C'est loin d'être une débâcle, cependant, car le duo Dafoe/Pattinson tient plus que ses promesses, le deuxième réussissant même, c'est plutôt inattendu, à se hisser au haut niveau du premier. Pas un désastre, tout au plus une déception vu les ambitions affichées.
    Jorik V
    Jorik V

    1 279 abonnés 1 952 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 5 novembre 2019
    Dans les trois cinéastes indépendants américains qui sont en train de revisiter le cinéma fantastique et horrifique, Robert Eggers est peut-être celui qui nous avait le moins convaincu avec son « The Witch », très beau visuellement mais bien trop lent et hermétique. Les deux autres, Ari Lester et David Robert Mitchell nous ont enchanté avec les extrêmes « Hérédité » et « Midosmmar » pour le premier et les envoûtants « It follows » et « Under the Silver Lake » pour le second. Un trio de cinéastes dont on risque d’entendre parler de plus en plus et qui nous changent des sempiternelles productions Blumhouse ou encore celles issues de l’univers de « The Conjuring » et formatées à l’extrême. Revenons à Eggers qui, ici, va plus loin encore dans la perfection plastique en nous livrant un pur exercice de style totalement original, unique et hors des sentiers battus. Avec ce que cela comporte de qualités et de défauts pour ce genre d’exercice. Et, fort heureusement, Eggers nous convainc pleinement avec son très pictural « The Lighthouse ».




    On ne peut le nier, le choix du noir et blanc pour illustrer cette histoire de gardien de phare au XIXème siècle est payant et en totale adéquation avec le propos et l’univers recréé ici. Cela donne un cachet supplémentaire à cette œuvre qui n’aurait pas eu le même rendu si elle avait été en couleur. Ajoutez à cela l’image carrée, pas forcément utile quant à elle, et vous obtenez un effet et une patine vraiment particuliers pour un film qui semble sortir des débuts du cinéma parlant, voire qui aurait pu être muet. On pense beaucoup à « Nosferatu le vampire » et parfois aux films mettant en vedette les créatures de Ray Harryhausen. Les plans sont travaillées à l’extrême tout comme l’éclairage et Eggers sait tirer profit de tous les aspects de son décor unique, du phare lui-même, à la maison des gardiens en passant par les contours de cette petite île. L’aspect sonore joue également un rôle clé avec cette sonnerie stridente qui rend l’ambiance pesante. Quant au rendu de l’atmosphère, il alterne entre le mystérieux voire l’étrange et la carrément poisseux et désespéré, notamment lors de la tempête ayant cours dans cet endroit de bout du monde. Rien à redire, « The Lighthouse » est une œuvre plastiquement irréprochable dont le visuel rend hommage à tout un pan du cinéma d’antan et nous permet de voir, d’une manière documentaire détournée, le fonctionnement d’un phare à l’époque.




    Mais sur le versant psychologique, c’est tout aussi probant. C’est à un voyage au bout de l’enfer que nous convie le script. Entre la solitude et la folie. On se rend bien compte que cet isolement ajouté à l’alcool et aux secrets des deux protagonistes va envenimer leurs rapports jusqu’au point de non-retour. Et autoriser de manière insidieuse l’incursion du fantastique dans sa forme première. C’est-à-dire qu’on ne saura jamais si le paranormal est de la partie ou s’il sort de l’imagination des personnages tout comme il faut accepter que certains faits resteront inexpliqués. Un respect du genre conforme aux récits d’Edgar Allan Poe auquel on pense également. Et il faut saluer les compositions hallucinées et hallucinantes de Robert Pattinson, décidément de plus en plus impressionnant au fil de sa filmographie, et de Willem Dafoe. Plus le film avance, plus ils interpellent et nous mettent KO jusqu’à un final tétanisant, terrifiant et horrible, visuellement comme mentalement. Mais on pourra regretter quelques scories propres aux auteurs se sachant doués. Eggers, comme Lester et Mitchell, aime se regarder filmer et « The Lighthouse » n’échappe pas à certaines longueurs et plan inutiles et décoratifs. De plus, le film se limite à ce qu’il propose en tant qu’exercice de style, rien de plus. Il y a aussi certains des nombreux traits d’humour noir qui sont dispensables. Une bonne partie du public restera sur le bas-côté il faut le savoir, c’est un film de niche, un peu comme « A Ghost Story » de David Lowery. Un film qui réussit sa proposition artistique et sa feuille de route mais ne sera aimable que pour les amateurs de ce genre d’exercice et les spectateurs avides de performances à Oscars.




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    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 357 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 20 décembre 2019
    C’est compliqué.
    C’est compliqué parce que je ne sais pas comment trancher.
    Mais c’est peut-être un bon début ça.
    C’est peut-être même dire l’essentiel que de dire cela.
    « The Lighthouse » est un film pour lequel je n’arrive pas à avoir un avis – un ressenti – tranché. C’est un film qui se débat dans mon esprit, à moins que ce ne soit l’inverse.
    « The Lighthouse » n’est clairement pas une nature morte que je peux rouler dans n’importe quel tiroir de mon hippocampe.
    Non. « The Lighthouse » est vivant.
    Il séduit et dérange à la fois, comme une sirène qui frétille et qui hurle.

    Première évidence.
    « The Lighthouse » est beau.
    Beau pour les sens.

    Format carré. Cadres fixes. Noir et blanc.
    Robert Eggers nous renvoie par ces choix vers un cinéma d’antan et d’ailleurs.
    Un cinéma qu’il intemporalise et réactualise par une lumière sublime et des plans sans cesse travaillés. On se croirait soudain de retour dans le cinéma de Sergei Eisenstein. Avec ces visages éprouvés dont la subtile lumière fait ressortir toute l’usure de peau. Avec ces corps qu’on contorsionne dans un cadre si restreint, comme des travailleurs qu’on aliène.
    Ces sons… Enivrants… Entêtants… Dérangeants…
    L’expérience sensorielle est totale. Et comme une sirène qui attire par sa beauté mais déchire par ses chants stridents, « The Lighthouse » a tout pour charmer les amoureux d’un cinéma sensitif. Au risque de le broyer.

    Car – et c’est toute son ambivalence– ce « Lighthouse » séduit autant qu’il malmène.
    Routine. Impasse. Verbes creux. Tout est au service d’un emprisonnement des personnages qu’on cherche à s’étendre jusqu’au spectateur. L’épreuve est voulue et elle est parfois rude.
    Le principal ennemi devient le temps. De mon côté j’ai pas mal regardé ma montre. Ça n’avançait pas. Ça s’avançait plus…
    J’ai très vite eu l’impression que le film n’avait plus rien à dire et qu’il me fallait espérer une fin rapide.

    Mais j’ai malgré tout découvert un intérêt dans cette douleur.
    Un peu comme le personnage de Winslow, on est invité à ne plus résister. A sombrer.
    Après tout il y a quelque-chose de très séduisant à se laisser-aller dans ce film. Il y a toujours quelque-chose de beau à l’écran qui mérite qu’on s’y attarde. Et puis il y a cette sirène entêtante qui finit par nous faire perdre la boule.

    Accroché à la somptueuse richesse formelle de ce film et à la luminescence de Willem Dafoe (exceptionnel), j’ai accepté de sombrer.
    Sensation troublante. Plaisante. Flippante.
    Sur le final je me suis même mis à décoller.
    Combien de films m’ont fait ça ? Bien peu. J’avais l’impression de revivre une expérience digne d’« Eraserhead ».
    Et puis en fin de compte, la retombée.
    La frustration.

    Un plan final et une question.
    Tout ça pour quoi ? Pour aller vers où ? N’y avait-il pas plus intéressant à faire que conclure sur cette impasse sans relief ? Sans ouverture.
    Et c’est là que m’est soudainement revenu un souvenir. Celui de « The Witch » du même Robert Eggers. Un film très beau lui aussi. Un film d’atmosphère. Mais un film peinait à raconter quelque-chose...
    En cela, le cadet surpasse l’ainé puisque la folie, mise en cœur de ce dispositif, fait du fond la forme et vice-versa. Un résultat bien supérieur à cette exploration de l’esprit bigot sous feu d’intrigue anesthésiée que fut « The Witch ».

    Néanmoins la fin de ce « The Lighthouse » rappelle ce qu’est au fond le cinéma de Robert Eggers. Un cinéma des sens. Mais un cinéma qui a du mal à dépasser cette seule dimension.
    Pour certains, cela sera amplement suffisant. Et tant mieux pour eux.
    Pour d’autres, comme moi, l’idée d’un manque va laisser une terrible sensation de frustration.
    On pourra dire que chercher à dire des choses à travers cette expérience des sens, ce serait abimer l’œuvre. Peut-être ont-ils raison. Mais moi je ne suis pas convaincu.
    Je ne peux m’empêcher d’avoir cette impression d’avoir vu un chef d’œuvre amputé de quelque-chose de majeur.
    Mais de cela, moi-même je n’arrive même pas à m’en convaincre pleinement.

    Peut-être ai-je besoin de laisser vivre ce film en moi encore un peu.
    Peut-être que dans quelques mois ou quelques années, mon discours aura considérablement changé, criant au chef d’œuvre.
    Alors laissons vivre ce « The Lighthouse ».
    Laissons vivre ce beau cinéma…
    Et sombrons tant que c’est bon…

    Mais bon… Après ça ne reste que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)
    folyr
    folyr

    32 abonnés 66 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 28 décembre 2019
    Deux acteurs magnifiques mais pour quoi faire ? Que veut-on nous dire avec ce huis clos fantasmatique ? Sur les rapport maître/esclave, Joseph Losey avait fait dix fois mieux, avec The Servant. La réalisation est prétentieuse, des plans interminables sur les mécanismes du phare, les détails d'une table, d'une bouteille. C'est long, très long, redondant, il faut s'accrocher pour rester jusqu'au bout. A éviter.
    Hubert Guillaud
    Hubert Guillaud

    128 abonnés 126 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 6 février 2020
    Exercice de style sans queue ni tête qui passe sans cesse du silence aux hurlements. Ce huit-clos prétentieux, qui prend prétexte d'un rapport dominant/dominé déjà vu 1000 fois, malgré ses belles images, devient vite lassant à force d'incohérences et d'exagérations. Au secours !
    Ufuk K
    Ufuk K

    523 abonnés 1 486 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 22 décembre 2019
    " the lighthouse" présente cette année au festival de Cannes ne m'a pas convaincu. En effet en dépit de quelques images très forte surtout sur la fin du film, la présence de Robert Pattinson et Willem Dafoe et une ambiance assez angoissante, j'ai trouvé le scénario très brouillon, je ne qualifie pas ce film de film d'horreur il ne se passe quasiment rien. Décidément j'ai du mal avec ce réalisateur qui m'avait déjà déçu avec son précédent film " the witch".
    Geneviève T
    Geneviève T

    13 abonnés 122 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 22 décembre 2019
    Certes, la photo est splendide, certes les 2 acteurs sont sublimes, certes, on plonge, sans jeu de mots, dans un expressionnisme fort impressionnant, certes, il y a du Bunuel et du Man Ray, certes, seuls les gens trrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrès intelligents et trèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèèès cultivés se doivent d'adoooooooooooorer ce film... Or, il se trouve que je ne suis pas bête, Etudes sup et références culturelles qui ne craignent personne mais ce film... ce film...Quelle horreur ! Quel mal-être !!! Voulu bien sûr par l'auteur et il réussit parfaitement , mais qui n'a pas envie de prendre une douche, de se laver les dents au karcher et de se blottir sous la couette en regardant Mary Poppins après la vision de ce film, n'est pas humain ! Beurk ! Et nous fûmes plusieurs à éprouver un sentiment palpable de saleté, de moisi, de chiottes et autres vomis et semences, à la sortie... Si vous voulez rendre tout votre 4 heures ou vous vider de vos repas de fêtes, courrez y , sinon, aimez vos enfants, vos chéri(e)s et évitez ce cauchemar de 2 heures... mais les masos vont aimer...

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    PLR
    PLR

    471 abonnés 1 570 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 22 décembre 2019
    Image en noir et blanc, format carré. Voilà qui signe déjà le film d’auteur pour se distinguer. Si ça permet d’obtenir des prix et des nominations dans les festivals, pourquoi se gêner ? Épouvante ? Horreur ? Je n’ai pourtant en rien frissonné. Et je dormirai bien cette nuit. Peut-être ai-je attrapé froid : car que d’eau, que d’eau ! Hallucinations et folie, les deux vont souvent ensemble. Il y a eu des maîtres pour ça. Mais ici, non, vraiment non, ce n’est pas ça !
    Gilles C
    Gilles C

    1 abonné 8 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 21 décembre 2019
    Autant j'avais apprécié "The Witch", ici c'est différent. Un huit clos, du noir et blanc, un phare, l'idée de départ est intéressante. Après, faut s'accrocher ... ça parle beaucoup, ça picole, ça hallucine. Pas de scénario à proprement parler, plus une expérience visuelle et sensorielle au final. La fin, j'ai rien compris.
    Nival973
    Nival973

    4 abonnés 24 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 30 décembre 2019
    Mr Eggers tartine tout ce qu'il peut d'effets formels grotesques et éculés pour tenter (sans doute ?) d'apporter désespérément par la forme ce qu'il est bien incapable de porter par le fond, d'une vacuité et d'un ennui consternants.
    Tout y passe :
    – Le noir et blanc et le cadrage 4/3 comme pour tenter d'imposer par là l'atmosphère claustrophobique que semble vouloir avoir le film (le mec a pas compris que filmer de cette façon sans se préoccuper de ce qu'on filme n'est pas vraiment l'idée du siècle pour réussir une telle ambiance, il a juste oublié que de tous temps des œuvres angoissantes et anxiogènes ont vu le jour en usant simplement des standards techniques de leur époque, fallait ptêt se poser la question du coup de "comment ils y arrivent, eux ?" .... (petit indice : en ayant un propos qui porte la chose peut-être ?....))
    – Les grosses sonorités lugubres poussées jusqu'à la caricature, même (enfin, "surtout" !) quand il ne se passe rien (en même temps il ne se passe à peu près jamais rien durant 1h50....).
    – Acteurs qui surjouent (à coup d'une gouaille forcée confinant au ridicule, à coup de " 'tis", "yer", "ain't" appuyés au point qu'on les verrait bien nous gratifier d'un coin d'œil à chaque fin de phrase façon "t'as vu, je le fais bien, hein ?" ...) des personnages pseudo-crasseux qui ne restent que des coquilles vides, ébauches fantoches d'archétypes stéréotypés jusqu'à l'extremité des hardes, juste bons à servir de marionnettes aux caprices incontrolés du réalisateur.
    – Évènements complètement creux et incohérents mis bout à bout comme un gosse de maternel enfilerait des perles avec le seul objectif d'arriver à compléter la longueur de la ficelle (ou les près de 2h de bobines dans le cas du film, en mode remplissage laborieux et sans intérêt), épaulé par un montage qui tente des "effets" (si on veut...) en jouant de mini cut / ellipses tout juste bons à cacher maladroitement l'absence de lien particulier entre chaque scène. En fait, pour tout dire, chaque scène pourrait être déplacée, supprimée, dupliquée à un autre endroit de la pellicule, ça ne changerait rien.
    – Des passages pseudo-fantastiques où la pauvreté de l'imaginaire n'a d'égal que la volonté outrancièrement téléphonée de se la jouer "ambigu, ah ah, surnaturel ou hallucinations ? ah ah, c'est original, hein ? hein ? vous avez vu ?" ....)
    – Une tentative d'user avec des gros sabots d'une imagerie Lovecraftienne en n'ayant manifestement rien compris à l'oeuvre de l'auteur de Providence.

    The Lighthouse constitue un tel amoncellement grossier et vide des poncifs les plus bateaux du genre qu'on en vient à se demander si Eggers a cherché à susciter l'angoisse ou en fait le rire chez le spectateur, tellement cela confine à la caricature ; bien qu'au final ce ne sera ni l'un ni l'autre, seulement 1h50 de bâillements affligés.
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