En 2012, venu d'un peu nulle part le jeune cinéaste Régis Roinsard avait miraculeusement signé "Populaire", un excellent premier long-métrage avec Romain Duris et Déborah François, une comédie romantique d'époque qui avait rassemblé pas moins 1,5 million d'entrées avec pour toile de fond un concours de dactylographie.
Après cette excellente comédie sentimentale légère et intelligente, Regis Roinsard avait vu ses projets un peu prendre l'eau de toute part.
Ce n'est donc que 8 ans plus tard qu'il revient aux affaires avec un film qui a encore pour toile de fond le monde de l'écrit, mais dans un genre bien différent et avec une réussite également bien différente.
Avec " les traducteurs" , exit la comédie romantique vitange, bonjour le thriller international à gros effets avec un film d’enquête policière, le whodunnit cher à Agatha Christie et que Ryan Johnson a remis au goût du jour récemment avec un bonheur assez contrasté.
Dans le monde actuel où le livre n'est pas considéré comme un produit de première nécessité, il faut accepter le postulat de départ selon lequel un groupe de neuf traducteurs se retrouve cloîtrés, gardé par trois molosses russes, dans un bunker le temps de traduire,le derniervolet d’un best-seller mondial.
Et encore plus accepter la suite où chausses trapes, manipulations, vols de malettes dans le métro, pendaisons et autres assassinats vont se succéder dans le dit bunker .
Qui acceptera de se laisser plonger dans cette intrigue à multiples twists dont la résolution est particulièrement tirée par les cheveux, et qui ne bloquera pas trop devant le cabotinage éhonté d'un Lambert Wilson éditeur vénal, très très méchant, prendront certainement du plaisir devant ce thriller pas crédible pour un sou mais qui ne ménage pourtant pas ses effets visuels et narratifs .Certes, Poinsard égratigne un monde de l'édition qui axe sur la marchandisation agressive d’un roman dont l’auteur tient pourtant à rester anonyme, mais il le fait avec un manque de nuances qui bloquera quelque peu les esprits les mieux intentionnés.
Et même au niveau du simple thriller, à force de rebondissements en pagailles et de twists les moins crédibles qui soient, la machine donne furieusement l'impression de se gripper assez rapidement, l'intrigue flirtant dangereusement avec le ridicule .
Dommage pour les excellents acteurs internationaux qu'on est content de voir jouer en langue française tels que Sidse Babett Knudsen , Olga Kurylenko, Eduardo Noriega ou Riccardo Scamarccio mais qui doivent défendre des squelettes de personnages, seul Alex Lawther pouvant habilement tirer son épingle du jeu grâce à un rôle plus consistant.
Bref, un thriller poussif et un échec pour Regis Roinsard que l'on sait déjà sur les traces de son nouveau long métrage, une très attendue adaptation du best seller d'Olivier Bourdeault, "En attendant Bonjangles" tourné chez nous à Lyon, juste avant le début du confinement, avec en tête d'affiche un duo choc et chic, Romain Duris et Virginie Efira.