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Olivier Barlet
299 abonnés
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5,0
Publiée le 12 septembre 2017
Le film est d’une rare intelligence, comme toute l’oeuvre de son auteur (Entre les murs, Vers le Sud, L’Emploi du temps, Ressources humaines, etc.). Il a travaillé le scénario avec Robin Campillo, qui présentait en compétition officielle 120 battements par minute, sur l’action des militants d’Act up, film marquant qui a reçu le Grand prix du jury. Un groupe de jeunes de diverses origines se retrouve pour un atelier en plein été à la Ciotat, où Olivia, une écrivaine connue, leur propose d’écrire ensemble un roman. Les divergences apparaissent déjà lorsqu’il faut définir le lieu et le temps du récit : l’époque et le terrain du chantier naval disparu ou bien le port de plaisance. Antoine s’isole du groupe par des réflexions agressives et racistes. Il est fasciné par le virtuel, un jeu vidéo par lequel débute le film, un groupe menaçant qui véhicule des idées d’extrême droite… Sa confrontation avec Olivia et leur trouble réciproque fera le corps du film et se situe moins sur la langue que sur les idées. En fait, Antoine louvoie. Il s’ennuie. Il ne sait où trouver sa place dans un monde qui ne lui offre aucune perspective. Et ne trouve donc pas sa place non plus dans l’atelier. Et encore moins face à Olivia qui lui semble représenter « le système ». La violence n’est pas loin, comme un possible qui donne une tension au film, déjà renforcée par le scope qui intègre la lumière et l’espace des calanques. L’enjeu sera de la dépasser par un dialogue qui s’affirme avant tout comme une disposition d’esprit. (extrait du compte-rendu du festival de Cannes par Olivier Barlet sur le site d'Africultures)
Le dernier film de Laurent Cantet se compose de deux parties distinctes.
La première retrouve les meilleurs côtés de Entre les murs : Cantet sait comme personne filmer les jeunes gens qui ne sont pas des acteurs, les faire interagir avec l'expérimentée Marina Fois, montrer leurs émois, leurs sentiments, leurs hésitations.
C'est très beau, et d'une intelligence d'écriture très convaincante. On suit avec beaucoup de plaisir l'initiation de ces jeunes aux joies de l'écriture. La dialectique des échanges est en soi un véritable plaisir gourmand.
Dans la deuxième partie du film, Cantet recentre l'action sur le personnage de l'écrivaine et celui d'Antoine, un jeune qui se laisse séduire par les thèses de l'extrême-droite. L'atelier vire alors doucement au thriller psychologique. Quelle est la nature exacte de la relation entre les deux personnages, un acte violent est-il à craindre ?
Cette deuxième partie m'a nettement moins convaincu que la première. J'ai trouvé que le scénario s'alourdissait de scories inutiles (un exemple : la visite de l'éditeur), que Cantet n'était pas très à l'aise dans les scènes de suspense et que le jeu Marina Fois s'ankylosait un peu.
Au final cependant l'impression est plutôt positive, et je conseille L'atelier pour sa sourde originalité.
Un film juste, intelligent et percutant. On ne sort pas indifférent de la salle après la projection, qu’on ressente une once d’espoir ou une peur de ce que peut être et devenir la jeunesse. A voir absolument, si ce n’est pour la formidable performance de Marina Foïs et de Matthieu Lucci qui livre un premier rôle bien plus que prometteur pour la suite!
Nous ne sommes pas conviés à la visite du parc de la France en miniature, non, mais cela y ressemble. A La Ciotat, se trouvent réunis pour les besoins de ce film sept jeunes gens et une adulte qui, à eux seuls et en miniature, sont les représentants de ce qu’on appelle la France Black-Blanc-Beur. Les cinq garçons et les deux filles participent à un atelier d’écriture animé par Olivia (Marina Foïs), une écrivaine qui compte leur faire produire un ouvrage publiable. Cet artifice donne cependant lieu à des scènes intéressantes. Écrire un roman, en imaginer le cadre, les intrigues et les rebondissements, ne va évidemment pas de soi quand on fait ce travail à plusieurs. Les débats occasionnés par ce projet font partie des moments forts du film. Chacun des membres de l’atelier se singularise, et l’on ne peut qu’être sensible à l’histoire ou aux histoires qui surgissent au cours des discussions. Quand une des deux filles évoque le passé des chantiers navals en faisant référence à son grand-père venu là d’Algérie pour y gagner sa vie, on ne peut qu’être touché. Les discussions sont parfois houleuses, mais jamais incongrues. Ce qui convainc moins, à mon avis, c’est tout ce qui tourne autour de la relation ambiguë qui se noue entre Olivia et Antoine, le garçon le plus en retrait du groupe. Or cette relation occupe une grande partie du film. Antoine n’est pas seulement accro de jeux vidéos violents, il ne télécharge pas seulement les vidéos d’un sombre harangueur aux opinions d’extrême-droite, mais il fréquente un groupe de jeunes gens occupant leurs loisirs à des jeux plus que douteux. Olivia a beau découvrir petit à petit la vérité, elle n’en reste pas moins quelque peu fascinée par ce garçon, au point de chercher à l’utiliser pour un de ses livres. Le film s’oriente alors vers des scènes énigmatiques qui m’ont laissé perplexe. J’espérais un beau film sur l’éveil et l’épanouissement des talents chez ceux qui en semblent dénués, mais ce sujet n’est traité que presque secondairement. Dommage. 7/10
Lanrent Cantet n’a jamais fait de films anodins (je n’ai pas vu Foxfire). Portraits de groupes ou individuels toujours en phase avec leur époque ou l’actualité. L’atelier qu’il nous propose aujourd’hui est aussi intéressant que passionnant. Un instantané de la société française à travers le portrait de quelques jeunes provinciaux à la dérive et d’une parisienne intello. Ecrit en collaboration avec Robin Campillo (120 battements par minute, Eastern boys), l’ensemble est réalisé et écrit de façon aussi sobre que convaincante et brasse quelques thèmes très actuels. On s’attache d’emblée aux personnages, et sans forcément être d’accord avec chacun, on peut les comprendre. Marina Foïs est formidable dans le rôle de l’écrivaine animatrice du groupe. Un nouveau très beau rôle après sa magnifique prestation dans Irréprochable, même si elle est moins dans la performance ici. Face à elle, Matthieu Lucci, dont c’est le premier film, est une vraie et belle révélation. Entre mystère et arrogance, il est parfait pour le rôle, éclipsant tous les autres jeunes acteurs (repérés par casting sauvage, mais leurs rôles sont peu développés). Sans jugement ni pathos, mais avec un certain suspens et une belle émotion, voilà un film intelligent aussi sombre que lumineux dont on ne ressort pas indemne. L’un des meilleurs de Laurent Cantet et l’un des meilleurs films français de l’année.
On ne présente plus Laurent Cantet qui nous avait déjà subjugué avec Entre les Murs ou Foxfire, confessions d’un gang de filles. Il revient en compétition Un Certain Regard 2017 avec son long-métrage le plus subtile entre noirceurs de l’extrémisme et découverte de son moi intérieur. Marina Foïs est une écrivaine parisienne. Elle vient animer un stage d’écriture pour des jeunes en fracture sociale dans une banlieue marseillaise. Les jeunes sont méfiants face à la bourgeoise. Pourtant au fur et à mesure des ateliers, la protagoniste va sonder les jeunes au travers de l’écriture d’un roman noir. La mise en scène place les jeunes au cœur de cette réflexion et l’actrice n’est alors que l’élément déclencheur d’ouverture ou de fermeture sociale face aux préjugés et aux amalgames. D’ailleurs, en creusant un peu, nous découvrons que l’un deux est embrigadé dans une politique de droite très extrême. Le sujet n’est donc plus celui du roman, mais bien de ce jeune solitaire, qui par l’influence de son entourage se voit penser différemment des autres adolescents de son groupe d’écriture. L’Atelier traite donc de la radicalisation, mais le fait avec une telle sérénité, que les mots sont plus forts que ce qui est montré. Marina Foïs nous délivre très certainement son rôle le plus pondéré et honorable de sa carrière. Les autres comédiens sont également remarquables. Un film fort et brillamment dirigé. D'autres critiques sur notre page Facebook : Cinéphiles 44
Pendant une heure et demi, L'atelier est un passionnant récit de rencontre entre deux mondes : une auteur parisienne, pas spécialement prétentieuse, mais avec l'autorité conférée par la gloire et son bagage de mots et de formules toutes faites ; et des post-adolescents issus de milieux défavorisés et avec peu de perspectives. Le groupe des jeunes gens est éclectique. Certains se lancent dans l'aventure avec joie et implication personnelle, d'autres avec désinvolture. Laurent Cantet choisit de s'intéresser à un jeune homme qui n'entre dans aucune de ces cases. Antoine s’ennuie dans sa vie et sa ville, il est intelligent mais est entouré des mauvaises personnes dont il n'arrive pas à s'extraire de peur de perdre contact avec les seuls amis qu'il n'a jamais eus. Antoine flirte donc avec l'extrême-droite et les théories conspirationnistes. Son intelligence l'empêche d'y adhérer totalement mais il n'a aucun autre modèle et aucune perspective d'avenir dans un ailleurs plus attirant. Cette confrontation est le moteur d'une fiction bien menée. Puis Laurent Cantet se perd dans une dernière demi-heure pleine d'emphase à laquelle on ne peut croire. Cette fin tue le film à petit feu. Dommage, d'autant que la dernière production littéraire d'Antoine, libératoire, nous ramène à un film psychologique prenant.
Laurent Cantet nous revient après quelques années d’absence derrière la caméra avec une œuvre originale où une écrivaine anime un atelier d’écriture destiné à la réinsertion des jeunes et où ceux-ci vont devoir écrire un roman. « L’Atelier » n’est parfois pas loin du documentaire lorsqu’il s’attache à filmer les joutes verbales entre cette auteure et les sept jeunes qui participent à cet atelier, un peu comme il le faisait avec une salle de classe et ses acteurs non professionnels dans « Entre les murs ». Ici, il aère néanmoins son film de scènes extérieures où on apprend à mieux connaître la romancière jouée par Marina Foïs et l’un des jeunes incarné par le prometteur Maxime Lucci. La relation entre provocation et fascination qui va se tisser entre eux va mâtiner le long-métrage de tension dramatique et d’une once de suspense. L’aspect romanesque intervient alors plus même si ce n’est pas forcément le plus intéressant ni le plus maîtrisé.
Par le biais des discussions entre ces jeunes nées de l’écriture du roman, Cantet entend se faire l’écho de la jeunesse de notre époque. Le roman noir qu’il doive écrire va faire éclore des sujets de débat sur notre société, des échange qui deviennent parfois houleux et cristallisent rancœurs identitaires, racisme, religion ou encore le rapport à la violence. C’est sur ce versant social qui constitue bien la moitié du film que l’on est conquis. Les dialogues sont passionnants et arbitrés par une Marina Foïs encore une fois excellente et ils auscultent parfaitement une certaine jeunesse française perdue, révoltée ou démissionnaire. Que l’on parle du terrorisme, de la notion de violence ou du meurtre c’est fait avec intelligence et assez de contrepoints pour chaque intervenant. Et de faire naître tout cela par le biais de la littérature est assez étonnant et réussi. Le metteur en scène parvient à rendre prenante une situation statique et étirée propre au documentaire avec brio.
En revanche, les scènes s’intéressant individuellement à Olivia et Antoine, ne sont pas toujours intéressantes, notamment au début. Comme si le cinéaste s’en désintéressait et ne nous les offrait que pour offrir de la matière destinée à comprendre ses personnages. Et cela casse le rythme du film à tel point que les séquences de l’atelier sont attendues avec impatience et ne paraissent jamais redondantes. Quand un rapprochement moral se fait entre les deux, leurs scènes en dehors de l’atelier prennent une tournure plus intéressante et intrigante. Mais une des situations nous semble outrée et nous rend quelque peu incrédules. Cependant, on aurait aimé plus de venin et voir les rapports entre ces deux là bousculer leurs convictions respectives. Il y a un goût d’inachevé et une certaine frustration qui s’empare de nous. On apprécie pourtant l’épilogue qui éclaire psychologiquement le personnage d’Antoine (et donc l’intrigue) sous un autre angle. « L’Atelier » n’en demeure pas moins sociologiquement intéressant mais parfois quelque peu bancal.
Comme dans « Entre les murs » (Palme d’Or à Cannes en 2008), Laurent Cantet met en scène une confrontation entre des jeunes gens en quête de sens et un adulte qui tente (parfois maladroitement) de les aider à construire une réflexion, à trouver une certaine forme d’apaisement. Dans ce nouveau film, Olivia, une romancière célèbre (Marina Foïs, toujours formidable), anime un atelier d’écriture. Ce dispositif est mis en place par la mission locale de La Ciotat pour permettre à de jeunes adultes en insertion d’écrire un roman, avec pour seule contrainte d’en situer l’action dans leur ville. Olivia rencontre quelques difficultés avec Antoine (Matthieu Lucci, nouvelle recrue de grand talent), un garçon plutôt rétif et assez provocateur dont l’agressivité la trouble et l’intrigue. Une relation ambiguë va naître entre eux, faite de tension, de menace et de défiance… Très ancré dans la réalité de notre époque, le scénario (co-écrit par Robin Campillo) est passionnant. Les thèmes abordés (l’avenir, le désœuvrement, la radicalisation, la montée des extrêmes…) sont le reflet des défis immenses qui s’offrent à la jeunesse aujourd’hui et des angoisses qu’ils font naître. Sans manichéisme, tout en subtilité, le réalisateur déroule un message d’une grande pertinence sur les rapports de classes, tout en instaurant avec beaucoup de dextérité un climat à la fois anxiogène et surprenant. Le casting est parfait (excepté Marina, les acteurs sont tous débutants), et l’environnement (le port de plaisance, les calanques, les ruines du chantier naval) particulièrement bien exploité et au service d’un récit remarquablement construit. Un film lumineux, dans le propos comme dans la forme.
Sous le soleil estival de La Ciotat, Olivia (Marina Foïs) anime un atelier d'écriture avec quelques jeunes de la ville. Ils entreprennent l'écriture d'un polar qui puise son inspiration dans le passé industrielle. Parmi eux Antoine se singularise vite. Solitaire, mutique, il manifeste un tempérament violent qui inquiète Olivia autant qu'il la séduit.
Jetez un œil à la bande annonce de "L'Atelier". Vous a-t-elle plu ? Alors allez voir le dernier film de Laurent Cantet qui lui est très fidèle. Vous a-t-elle déplu ? Alors n'insistez pas.
Une Palme d'Or peut tuer un réalisateur. Laurent Cantet l'a décrochée en 2008 avec "Entre les murs". Je sais les débats que ce film a suscités. je le considère néanmoins, sur la forme comme sur le fond, comme un chef d’œuvre. Changeant complètement de registre, le réalisateur est allé tourné quatre ans plus tard au Canada l'adaptation d'un roman de Joyce Carol Oates. Succès critique mais échec commercial. Après une escale à Cuba ("Escale à Ithaque") en 2014, Cantet revient à des régions et des sujets plus familiers : comme François Bégaudeau dans "Entre les murs", Marina Foïs - qu'on avait rarement vue aussi juste dans un rôle où on ne lui demande pas de faire rire - est en position de transmettre à des adolescents un savoir.
C'est d'ailleurs les scènes de groupe tournées avec ces sept jeunes qui constituent le point faible du film. Leur spontanéité est trop artificielle, leur progrès trop rapides et leurs productions trop achevées pour être crédibles, leurs caractères trop stéréotypées.
C'est quand le film se focalise sur le duo Olivia-Antoine qu'il est le plus convaincant. Antoine a la beauté du diable. C'est un adolescent sans histoire qui vit dans un appartement avec deux parents aimants et une petite sœur. Comme les ados de son âge, il a des amis et joue sur sa console vidéo. Mais Antoine a plus de profondeur qu'il n'en a l'air. Pour tromper son ennui, il nage dans les calanques, se muscle et regarde les appels au crime d'un nazillon provençal sur Internet. Au XIXème siècle, on aurait dit qu'il a le spleen ; au XXIème, on dira qu'il a la haine. Mais c'est peut-être plus un personnage du siècle dernier qu'Antoine évoque : Meursault qui tue gratuitement, sans motif, un Arabe anonyme sur la plage d'Alger parce que sa mère est morte l'avant-veille et qu'il a le soleil dans les yeux.
Laurent Cantet aurait pu forcer le trait et dévoiler, derrière l'apparente normalité de l'adolescent boudeur, un monstre de noirceur. Il ne tombe pas dans ce piège. J'en ai déjà trop dit sur un dénouement qui aurait gagné à être plus resserré - le film dure quinze minutes de trop - mais qui brille par sa subtilité.
Un film percutant et qui vise juste, dans la lignée des précédents films de Laurent Cantet. Si la première partie est un peu longue à se mettre en place, avec un léger manque de rythme, L'atelier monte progressivement en puissance, se fait plus incisif notamment instaurant un suspense de plus en plus oppressant. Cantet cherche à montrer un certain état de la jeunesse, prise entre un manque de repères, de reconnaissance et une peur en l'avenir. On pourrait trouver ça casse-gueule et prétentieux, voire caricatural, mais c'est finement amené, jamais dans le jugement ; on pourrait même dire que Cantet fait lune certaine auto-critique de sa propre classe sociale à travers le personnage superbement interprété par Marina Foïs, coupée de la réalité, n'ayant pas de véritables solutions pour au minimum instaurer un dialogue. Outre Marina Fois, le casting est aussi une des grandes qualités du film avec de jeunes comédiens non professionnels dont le naturel crève l'écran avec en premier lieu Matthieu Lucci, force brute, charisme surprenant et révélation du film.
Le film vogue sur des rivages où le cinéma français va rarement, c'est à dire, sur la crise existentielle d'une jeunesse française sans tomber dans les travers psychologistes sur la crise d'ado. Par le regard et l'écriture d'un adolescent, c'est le vide et l'ennui qui prime sur le discours raciste et xénophobe. Au final, Laurent Cantet préfère insister sur le jeu entre Marina Foïs et le jeune acteur Mathieu Lucci -tous deux saisissants- pour instiller une dose sacrément romanesque dans un film qui s'éloigne brillamment du chemin attendu à un moment du récit didactique sur l’endoctrinement et la radicalisation ( ici l'autre versant). Si le propos commence à s'épuiser sur la dernière partie du film, il y a au moins quelques scènes fascinantes qui ne sont pas sans rappeller plus ombrement la réussite du film "Dans la cour" de François Ozon. Moins soucieux de réalisme que "Entre les murs", L'atelier prend peut être plus le large.
Un film qui semble se chercher autant que les personnages, ce qui donne beaucoup de longueurs et de dialogues qui n’avancent pas et qui tournent en rond. Plutôt décevant et assez inégal.
Réalisée par Laurent Cantet, cette comédie dramatique aux multiples nominations nous offre de belles images. Semblant présenter quelques longueurs, elle prend en fait le temps nécessaire pour développer une belle étude de personnages. Le joli scénario, coécrit avec Robin Campillo, est basé sur l'écriture et la cohésion de groupe. Il nous relate la rencontre de 7 jeunes en réinsertion, réunis dans un Atelier pour coécrire un roman. spoiler: Évoquant la crise économique ou sociétale, la religion ou le terrorisme , les échanges d'idées entre les jeunes apprentis écrivains sont truculents. Les dialogues entre Antoine, joué par le prometteur Matthieu Lucci, et Marina Foïs, l'animatrice de l'atelier, sont explosifs. Marina Foïs, comme toujours, déborde de sensibilité dans ce rôle délicat.
Le making of de L'atelier sera sans doute un jour disponible et il méritera à coup sûr le détour. Car Laurent Cantet et son équipe ont certainement dû s'employer pour arriver à ce naturel épatant de ses comédiens amateurs qui font face à une Marina Foïs qui trouve ici l'un de ses premiers rôles. Le film est bavard, certes, dès lors qu'il s'attache à transcrire les dialogues d'un atelier d'écriture, mais n'ennuie jamais tant il nous montre avec finesse les mécanismes de groupe tout en ne négligeant pas les aspects psychologiques de chacun des personnages. Ces jeunes en difficultés scolaires habitent une ville au passé riche, La Ciotat, et ce double aspect permet au film d'acquérir une densité supplémentaire. Mais de film collectif, L'atelier devient assez vite le théâtre d'une relation complexe (attraction/rejet) entre l'enseignante qui est également romancière et l'un de ses élèves. Même si cette intrigue à l'importance grandissante n'est pas ce que l'on retiendra en priorité de L'atelier, parce qu'elle n'est pas loin d'être caricaturale et en tous cas assez schématique, cette couche de pure fiction vient enrichir un fond davantage documentaire qui n'est pas aride pour autant. Un film qui s'inscrit avec bonheur dans l'itinéraire d'un cinéaste au parcours passionnant, de L'emploi du temps à Retour à Ithaque.