C’est fou comment beaucoup de gens m’ont parlé de ce film là en me disant : « OK c’est loin d’être parfait et c’est souvent chiant, mais franchement ça vaut le coup d’être vu et d’être soutenu… » Alors certes, pour moi c’est loin d’être la meilleure manière de me vendre un film mais voyez plutôt : au final je m’y suis quand même risqué. Et le pire, c’est que j’ai vraiment apprécié. Mais bon, après c’est vrai que – comme beaucoup sûrement – le début ne m’a pas trop inspiré confiance. Plans très longs ; histoire qui (à première vue) a l’air ultra basique ; Casey Affleck qui joue en mode Casey Affleck : moi j’avoue que, sans me rebuter sur l’instant parce que c’était quand même assez séduisant dans la forme, au final ça ne m’inspirait vraiment pas confiance pour la suite. Et autant dire que dans cette logique là, l’arrivée assez rapide d’un long plan séquence de six minutes où ne nous montre qu’une nana en train de manger, ça m’a franchement fait craindre le pire… Et puis finalement, sur le temps long, je trouve que ce film parvient à imposer son rythme. Oui, les plans sont longs. Non, il ne se passe pas forcément grand-chose en termes d’intrigue et de propos. Mais par contre je trouve que le film parvient à poser une atmosphère et – surtout – une dynamique dans cette atmosphère. A chaque fois où je me suis dit : « Oula on a l’air d’être arrivé en bout de course là », le film parvenait à amener un nouvel élément dans sa boucle, enrichissant sans cesse l’expérience sensorielle mise en place. Si au départ cette démarche reste assez convenue et minimaliste, progressivement le film gagne en audace au point de toucher à quelque-chose de vraiment original et gracieux sur son dernier tiers. Musiques, monologues ou scènes singulières : tout débarque un peu là-dedans sans qu’on s’y attende vraiment, mais à chaque fois j’ai trouvé que ça faisait mouche et que c’était totalement pertinent au regard de l’élan dans lequel le film s’était lancé. Au final, loin de m’ennuyer ou de trouver le film imparfait, j’ai été totalement absorbé par la démarche de l’auteur. Pas vraiment de discours, pas d’histoire non plus, mais une sensation qui parvient à baigner toute l’intrigue et qui – surtout – sais prendre de l’ampleur au fur et à mesure du temps. En fin de compte, chaque scène a raconté la même chose : une sorte de vision éphémère et futile des existences qui s’enchainent dans ce monde. Mais ce que j’ai trouvé beau, c’est que de ce constat bien blasant, « A Ghost Story » parvient à éviter tout pathos facile, préférant chercher à saisir une sorte de belle contemplation de la mélancolie. En cela, « A Ghost Story » a vraiment quelque-chose de marquant et de rare. Moi je suis ressorti de là comme sur un nuage ; une sensation qui s’était faite trop rare ces derniers temps au cinéma. Chapeau donc… Et merci aussi… Après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)