On va jeter la pomme empoisonnée dans laquelle la critique de ce film croque trop souvent : on se contrefiche (à l'instar de La Petite Sirène) de la colorimétrie de peau des acteurs et actrices, du temps que la raison qui conduit au nom "Blanche" change, on passe à un autre sujet (il y a des choses nettement plus constructives à débattre dans ce remake de Blanche-Neige). Ainsi le choix de ne pas faire jouer des acteurs de petites tailles pour faire des nains "réels" (au lieu de ces horreurs en CGI) ou même de ne pas les mettre au doublage (au moins ça), c'est déjà bien plus discutable (déjà qu'ils n'ont pas souvent de propositions de rôles, surtout de premier plan, ce remplacement par du numérique avec des acteurs "classiques" au doublage, c'est la totale). Mais, dans le marasme de CGI dégueus qui donnent l'impression d'être quand même devant un dessin animé (les nains : c'est un énorme "non", les animaux la bouche en cœur dès que Blanche Neige tire sur un pan de sa robe de chez Action : c'est encore "non"), on tombe par moments sur un petit quartier de pomme d'amour, à savoir quelques moments musicaux entraînants (les chansons "Heigh-Ho" et "Siffler en travaillant") et un rôle-titre bien défendu. Rachel Zegler est une franchement sympathique Blanche-Neige, qui n'est pas à la traîne niveau chant et chorégraphie (surtout avec cette robe qui a l'air peu pratique et cette coupe de cheveux juste à la bonne hauteur pour lui coller une mèche dans la bouche dès que la pauvre amie ouvre le bec : vraiment, chapeau pour le rendu agréable à regarder et écouter), tandis que Gal Gadot n'est là que pour descendre deux escaliers en chantant (avec un collier de pierres précieuses qui fait toc à souhait : vraiment, d'où sortent ces costumes ?). Quelques changements dans le dessin animé original permettent de sortir du "plan-par-plan, zéro pointé en créativité" (
comme le traitement de Simplet qui est bien plus moderne, idem dans "Siffler en travaillant", ce n'est pas Blanche-Neige - ou des animaux qui ne sont pas des boniches - qui se colle au ménage : ces Messieurs ont tout sali, tout cassé, qu'à cela ne tienne : hop, un balais, une brosse et une éponge dans les paluches de chacun, et qu'ça brille.
Ah, ça, c'est vraiment notre changement favori), en revanche, on retrouve encore le schéma poussiéreux de la princesse qui attend
d'être sauvée
par le beau prince charmant rencontré deux heures plus tôt, qui la tripote alors qu'elle est endormie/morte (selon les interprétations, mais dans les deux cas : bas les pattes, Don Juan), ce qui est très dommage quand on repense au récent Maléfique qui a su trouver la modernisation parfaite à ce passage obligé très daté du conte... A trop vouloir jouer sur tous les tableaux, en changeant ponctuellement quelques éléments (qui font crier au scandale les "puristes") tout en gardant le reste à l'identique (même ce qu'il aurait fallu changer en priorité... faisant rouspéter les autres), Disney se met à dos à peu près tout le monde. C'est ballot, car ce Blanche-Neige est loin d'être dénué d'intérêts, il s'offre quelques shows musicaux sympas (la mine aux joyaux, et la maison en cours de nettoyage), il propose des nouveautés (même ratées, le geste est toujours plus appréciable qu'un remake qui conserve tout à la naphtaline), et peut compter sur une Rachel Zegler très bien dans le rôle, bataillant fermement non pas contre Gal Gadot (qui se muscle les mollets dans les escaliers) mais contre sa coiffure pile à la mauvaise longueur.