Avec « A Beautiful Day », jamais on aura aussi bien réussi à nous embarquer dans le mental d’un être complexe, traumatisé, violent et dépressif, pour ne pas dire « marteau » !
Car si l’arme fétiche de cet ancien soldat d’Irak, est justement cet outil, c’est sans contexte en référence à et à l’image de la personnalité même de Joe, bête féroce fragile à la fois, monstre de muscle aux yeux éplorés, qui se fissure par petits bouts...
L’acteur Joaquin Phoenix est simplement monumental dans son rôle et fait à lui seul le film et sa raison d’être !
Hallucinant, impressionnant, passionnant, Joaquin/Joe est partout, voit tout, entend tout, et vient à bout de tout...
Un homme à la limite de la folie qui vit avec une mère qui l’est tout autant, dont les multiples fêlures remontent déjà aux premières maltraitantes durant l’enfance !
Pour renforcer cet aspect la réalisatrice Lynne Ramsay a tout misé sur une mise en scène sèche, épurée et élégante, mais de fait également très oppressante, aux accents presque psychédéliques, meublés de nombreux flashs aussi bien visuels et magnifiques, qui font d’ailleurs écho à ceux que vit, dans sa tête bien secouée, notre héros !
Quel talent d’avoir su marier autant de beauté au niveau de de la photographie, avec autant de douleur psychologique et de dimension dramatique...
On reste époustouflé, subjugué par les plans et les couleurs, les champs et les contre-champs, le net et le flou, qui par ricochet nous renvoient au mal être de cet homme et de cette adolescente Nina, dont l’un est censé sortir l’autre des griffes d’un réseau pédophile...
C’est alors une plongée à tous niveaux que la réalisatrice va nous offrir, celle de cet homme qui vacille dans une spirale infernale autant physique que morale, comme celle de l’horreur des hommes où Nina sera la victime de prédateurs ignobles.
Pour accompagner le travail esthétique brillant du chef opérateur Thomas Towneed, il faut aussi citer la bande son de Jonny Greenwood qui en imprimant une tension extrême, nous reste encore dans la tête bien longtemps après !
C’est tout simplement stupéfiant d’atteindre un aussi bon niveau dans ces deux domaines réunis, un régal !
Quel film magistral, qui assurément pourra tout à fait et avec raison, en déstabiliser plus d’un, mais pour lequel je suis entré en pleine adéquation dans le monde intérieur et torturé du personnage central, véritable phénomène aux limites insoupçonnées, dont la seule présence à l’écran est ici écrasante !