Pour nous, Jean-Luc Godard, c'étaient les cours d'esthétique du cinéma qui nous expliquaient combien A bout de souffle était stupéfiant à tous points de vue, tandis qu'on préférait regarder par la fenêtre. Puis Godard nous a récemment quitté, les JT de dire tout et n'importe quoi sur le Monsieur (un génie, un facho, un antisémite, etc...), et Netflix de nous harceler avec son biopic Le Redoutable, ce qui nous a semblé une option plus agréable, pour y voir plus clair sur l'artiste, que de devoir remonter toute sa filmo. Grand bien nous en a pris, puisque le film de Michel Hazanavicius démythifie l'artiste, vulgarise ses œuvres, nous rend accessible le bonhomme pour ceux qui n'y connaissaient rien. On a alors suivi comme un badaud, les mains dans le dos et l'intérêt piqué au vif, Louis Garrel perdre ses lunettes (un running-gag qui nous a fait sourire à chaque fois), Louis Garrel passer en négatif (Hazanavicius déconstruit l'image comme Godard le faisait, un hommage visuel qu'on n'a pas loupé, avec un écho lointain de la voix du prof... On a eu un frisson), Louis Garrel critiquer la nudité gratuite dans les films modernes en étant lui-même totalement nu (on a bien rigolé de ce gag cynique)... Louis Garrel est Godard jusqu'au bout des lunettes, et pourtant, à l'inverse de l'artiste, on l'a bien aimé (on n'aurait pas supporté longtemps les discours en faveur de Mao Zedong, les coups de sang et la suffisance caractérielle de Godard, en-dehors de ce biopic bon-enfant et décalé). Dans les seconds rôles, on notera les solaires Stacy Martin et Bérénice Béjo qui apportent tout le peps au scénario, tandis que Garrel se charge de la moue flegmatique qui va si bien au personnage, et Hazanavicius de la bonne humeur qui nous a rendu son Redoutable, sa version vulgarisée de Godard, très attachante.