"Le Redoutable" n'est pas un film-hommage au premier SNLE français. Ce n'est pas un "biopic" - du cinéaste-phare (restons dans le "maritime") de la Nouvelle vague. Quand le premier est lancé en 1967, et le second commence au même moment sa descente, "politique", en devenant un "mao" béat. Ce dernier film (en date) de Michel Hazanavicius est de l'ordre de l'hagio-comique (expression-valise de mon cru...). Très réussi, car fidèle à sa veine habituelle, sarcastique et cinéphilique à la fois. Ce portrait d'un archétype du bobo "impliqué" (avant la lettre) est saisissant. De vérité, et de cruauté. Godard, nombriliste embranchement masochiste, se voit donc en "révolutionnaire", cristallisant ses fantasmes sur les idoles sanguinaires du moment, au premier rang desquelles le dictateur chinois, faisant SON mai-68. Sous les yeux, d'abord énamourés d'Anne Wiazemsky, fille de prince russe en exil et petite-fille de Mauriac par sa mère (que du très chic....), qu'il déniaise, puis épouse (une génération, ou presque, les séparant en âge), puis de plus en plus critiques, quand la crise monte (le "révolutionnaire" étant fort bourgeoisement jaloux, et obsessionnel). C'est bien filmé (façon Godard "première manière", celle du "Mépris" - avec des trouvailles en pagaille sur le plan visuel, en prime), Louis Garrel faisant, au physique (ingrat), comme dans le jeu, un JLG très présentable ! Et que c'est drôle.... ce portrait, si réaliste, de l'"intello" gauchiste. Dans toute sa splendeur....