Vert la déprime, et l'eau du lac. Polémiques stériles sur "le nuancier" de l'acteur qui incarne le héros vert, filtre terne, mollesse rythmique absolue, dépression à chaque plan d'une tristesse visuelle accomplie, et massacre du livre original... Non, vous n'êtes pas devant The Green Knight, enfin, vous n'en êtes pas loin non plus. Quand on attaque sa deuxième boîte de Xanax, on sait qu'on regarde un David Lowery (sans même avoir besoin de vérifier dans les infos de Disney+), le problème étant : pourquoi demander à ce Monsieur-la-joie-de-vivre de réaliser un film pour enfants basé sur l'enchantement et l'imaginaire merveilleux ? Ici on se paye un Pays imaginaire tout vert sombre, marron sale, et gris fade, auquel s'ajoute un constant filtre lugubre ("qui a éteint la lumière ?!") qui nous fait soupirer de monotonie triste... Le Pays Baudelaire... Bref, passons sur ce choix de réalisateur catastrophiquement en décalage avec ce qu'il aurait fallu à ce film (de la couleur, de l'humour, de la gaité...on regrette même les chansons culculs de Disney, c'est dire le désespoir), pour nous concentrer sur l'inexistance de cet énième opus des adaptations de l’œuvre de James M. Barrie. Inexistant, car il a un casting incroyablement mauvais (on se fiche éperdument du fameux "nuancier", le principe d'un acteur étant de jouer ce qu'il n'est pas, et de nous y faire croire solidement), car que cela soit les enfants ou les pirates, cela surjoue à fond. Côté rôles principaux, Alexander Molony (Peter Pan) est physiquement là (ça s'arrête là), Jude Law campe un Capitaine Crochet très fade (rendez-nous la rock-star glam' de chez Spielberg), et seules Ever Anderson (Wendy) et Yara Shahidi (Clochette) se démarquent du lot (en jouant, tout simplement). On a ensuite une idée brillante d'intégration de la communauté amérindienne : car oui, "c'est un scandale de les faire parler en anglais, il faut les faire parler dans leur langue !" Et on dit merci, les enfants, aux grands intellos de chez Disney qui n'ont pas pensé à vous, petites têtes qui ne savent pas lire les sous-titres... Ah la bienpensance extrême qui devient contre-productive, on l'a trouvé, alors que jusque-là les "nouveautés de casting" nous paraissaient intéressantes (Peter Pan, même s'il joue comme un pied, la sympathique Clochette, l'un des enfants perdus qui est un acteur atteint de trisomie et qui s'en sort à merveille), avec des revalorisations de la femme qui sont ultra balourdes mais essaient (au moins) de proposer une Wendy moins tarte que dans le dessin animé. On ne jette donc pas tout, dans ce Peter Pan et Wendy qui tente d'être moderne (aussi lourdement que possible), qui fait une origin-story inédite au Capitaine Crochet (pas assez exploitée) et qui offre des effets spéciaux à la hauteur. Enfin, pour râler en vrac, on dira que le Crocodile a tellement une tronche incompréhensible qu'on dirait un gavial qui a pris un coup de poêle, que l'immortalité des personnages est fatigante (je meurs, et je reviens), surtout en se permettant de la fausse autodérision (le pirate qui se moque du fait qu'aucun ne meurt jamais vraiment, et juste après on nous inflige quand même une seconde revenue de personnage mort...), que les sirènes et les indiens sont un vaste concept (on s'en contre-fiche, dans cette version), que les "Garçons perdus" auraient pu juste s'appeler "Enfants perdus" pour éviter cette interprétation douteuse de l'effacement des filles dans le groupe, et qu'avec ce filtre vert maladif sur l'ensemble du film, on a une pensée émue pour les daltoniens.