« On sait rien du tout, Monsieur. On connaît rien. »
Un peu à la façon d’un André Cayatte contemporain, avec un récit éclaté et une caméra plus énergique que dans Les Héritiers (2014) et A Good Man (2020), Marie-Castille Mention-Schaar poursuit son immersion dans les sujets de société à fleur de peau (là la banlieue et l’antisémitisme, la transidentité et la parentalité) pour s’attaquer, en compagnie d’Emilie Frèche comme co-scénariste, au thème des adolescentes endoctrinées pour partir en Syrie. Comme dans les deux autres films cités, le point de vue se veut le plus neutre possible, ce qui n’est sans doute pas anodin quand on sait que MCMS et journaliste de formation.
En deux histoires croisées en chiasme temporel, l’une narrant le parcours de radicalisation, l’autre celui de déradicalisation, Le Ciel Attendra présente le parcours de Sonia (toujours aussi bluffante Noémie Merlant) et Mélanie (Naomi Amarger, déjà présente, comme la précédente dans Les Héritiers) mais aussi leurs parents respectifs, interprétés par Zinedine Soualem, Sandrine Bonnaire, Clotilde Courau et Yvan Attal. Comme ce fut le cas avec Léon Zyguel, rescapé des camps, dans les Héritiers, MCMS fait intervenir Dounia Bouzar, spécialiste française en déradicalisation, dans son propre rôle (note : le film a été réalisé avant une polémique ternissant son action).
Si le sujet est traité de manière très propre par la réalisatrice, voire de façon esthétisante, si l’interprétation ne souffre aucune critique, on pourra regretter que le parcours de radicalisation soit survolé et ne prenne pas, au contraire de l’autre, beaucoup plus subtilement amené. Peut-être aurait-il fallu séparer cette œuvre eu deux parties, l’avant et l’après ?
Au final, cependant, le film amène pas mal d’éléments de réponses aux questions qu’on peut se poser et pointe le manque de réactions de l’État devant la détresse des parents.