"Divines", enfin un grand FILM !
Un vrai de vrai, un film fabuleux, époustouflant, saisissant, remuant, un véritable CHOC complètement inattendu à ce point...
Difficile de trouver les mots pour en parler, tant on reconnaît parfaitement cette jeunesse, d'autant plus si on l'a côtoyée dans son travail et son quotidien, aussi perturbée, fougueuse, dangereuse et imprévisible...
Une jeunesse ici décrite dans la justesse même, sans exagération ou clichés d'aucune sorte, avide de vie, prête à tout pour se sortir de la misère, et donc pour se faire un maximum d'argent facile et rapide, seule raison de vivre jusqu'à une obsession de chaque instant !
Cette réalisation sans concession est à la fois, dure, extrêmement réaliste et ne fait donc pas dans la complaisance au point de sans doute déranger, alors qu'elle colle pourtant de près à une malheureuse réalité en prise directe avec l'actualité sociale et politique.
Et pourtant, Houda Benyamina a réussi un tour de force, une espèce d'alchimie incroyable avec des moments de grâce et de tendresse d'une beauté infinie, vibrante qui viennent comme par magie contrebalancer cette atmosphère extrêmement prégnante et éprouvante, dont une majorité de scènes sont le reflet exact de la vie des banlieues.
Mais cette fois, ce récit est cependant à mille lieues de nombreux existants sur le même thème, grâce essentiellement à deux actrices merveilleuses, lumineuses, efficaces, remarquables à tous points de vue tant elles crèvent l'écran !!!
En compagnie de Deborah Lukumuena, incroyable de naturel et d'aisance, on est aussi séduit par Oulaya Amamra magnifiquement filmée et dirigée, une véritable révélation tant son jeu nous laisse coi !
Un jeu puissant tout en dualité, comme le film lui-même, un mélange de dureté et de délicatesse, d'innocence et de détermination féroce, qui imprègnera tout au long l'esprit de ce film dont certaines scènes seront des petites merveilles d'espoir, des projections imagées dans un futur de rêve dont celle superbe et stupéfiante, en Ferrari... imaginaire !
C'est donc ce ricochet qui va et vient entre des moments d'une violence grave et extrême, et ceux beaucoup plus légers, voire poétiques, qui au final nous saisit d'effroi...
En effet, c'est dans cet univers de noirceur où la peur, la poisse et le défit se mélangent invariablement que nos deux héroïnes ne savent que foncer coûte que coûte tête baissée.
Et dès qu'une lueur d'espoir surgit tout retombe ensuite encore plus bas pour s'enfoncer de plus en plus, comme ce rêve récurent que décrit si bien Dounia, qui en est la parfaite illustration !
Tomber sans s'arrêter, tomber sans fin !
La démonstration de Houda Benyamina pour mettre en avant cette spirale infernale est phénoménale dans son évidence, dans sa logique implacable !
Tout se reproduit, toujours et toujours !
À tel point qu'on aimerait tant que la danse, seule part de rêve pour Dounia, puisse enfin être sa planche de salut, un tremplin pour rebondir pour de vrai, comme l'était aussi ce BEP d'hôtesse, afin de se sortir de cette gangue collante et envahissante...
Car même si ce danseur la subjugue, l'attire et semble l'idéal pour redémarrer, celle-ci aura toujours ce monde infernal qui lui collera à la peau, toujours ce seul et unique choix...
La fin terrible de vérité nous glace le sang, elle est à elle seule, la confirmation d'un déterminisme inquiétant et effrayant quand on considère ce qu'ont à vivre ces jeunes de banlieue, avec toutes les répercutions explosives en boucle, que l'on connaît trop...
Du cinéma poignant d'une puissance rare, d'une intensité hors du commun enfin !
Bouleversant et franchement bravo...