Il n'est pas aisé d'écrire une critique sur un film qui n'a absolument rien à dire ou, du moins, ne paraît faire aucun effort pour ne serait-ce nous démontrer la pertinence de son existence... Et, dans ce genre-là, ce "Charlie's Angels" 2019 est un vrai cas d'école !
Que l'on adhére ou non aux deux longs-métrages précédents réalisés par McG, l'angle "clip cartoonesque" adopté suffisait néanmoins à leur conférer un style pouvant leur permettre de détonner dans le monde du divertissement d'action. Ici, le film réalisé et coécrit par la comédienne Elizabeth Banks ne peut même pas s'en prévaloir tant le spectacle que l'on découvre à l'écran n'a absolument aucune identité et se révèle d'une invraisemblable insipidité !
Bon, ne nous voilons pas la face, on ne s'attendait pas à grand chose au niveau du scénario mais, là, la pauvreté des tenants et aboutissants de "Charlie's Angels" atteint des sommets d'insignifiance ! On se contrefiche royalement (et constamment) de cette série de twists/trahisons fatigué(e)s autour d'une invention high-tech devenue une arme et recyclant en plus quelques idées déjà entrevues dans les films de McG. Même le discours "girl power" façon #MeToo qui aurait potentiellement pu permettre à cette nouvelle version de s'ancrer dans les problématiques de notre époque se perd dans la caricature la plus confondante avec sa vision terriblement réductrice des hommes (la virilité étant apparemment l'unique jauge de moralité masculine... tristesse absolue).
Cela dit, on aurait pu être indulgent si le spectacle proposé assurait un bon rendement de fun et d'action. Mais non, "Charlie's Angels" a visiblement décidé d'offrir le service minimum d'une grosse pantoufle hivernale et, croyez-nous, on ne le prendra jamais en défaut de cette ligne de conduite !
Vu la paresse d'écriture ambiante, inutile de vous dire que, côté vannes balancées par les nouveaux Anges, c'est une accumulation sidérante de dialogues navrants, allant même parfois jusqu'à provoquer de vraies sensations de malaises avec des espèces de longs flottements au sein de séquences dont on peine à comprendre l'utilité ! Au mieux, un ou deux recoins de sourires pourront éventuellement se former sur votre visage devant ces deux heures futiles mais on ne peut décemment pas vous en promettre davantage.
Pas là peine non plus d'espérer en prendre plein les yeux grâce aux scènes d'action ! On a beau avoir toute la sympathie du monde pour la comédienne Elizabeth Banks, en tant que réalisatrice, elle est catastrophique ou, dans le meilleur des cas, juste capable d'une mise en scène complètement impersonnelle (elle a l'air également d'adorer se filmer elle-même, mieux aurait valu se concentrer sur sa place derrière la caméra que devant...). Devant l'impossibilité de rendre ses poursuites ou ses affrontements un tant soit peu mémorables, "Charlie's Angels" donne toujours un peu plus ce sentiment de n'être qu'un produit industriel, torché sans imagination et sans âme...
Une chose évite peut-être le zéro pointé à ces "Drôles de Dames" 2019: ses Anges elles-mêmes ! Du moins, surtout deux d'entre elles car la pauvre Naomi Scott hérite d'un personnage de recrue naïve qui la rend vite insupportable. Vous l'aurez compris, notre reconnaissance va ici à Kristen Stewart et Ella Balinska. Dans cette faillite de tous les instants, elles sont les deux seules intervenantes dont il émane une volonté sincère de chercher à transcender la faiblesse du matériau. En plus d'être carrément sublimes (ce qui ne gâche rien, avouons-le !), elles parviennent à se débattre dans la vase où l'on cherche à les enliser pour toujours garder une tête au-dessus de leurs collègues noyés depuis un bon moment. Merci à elles, vraiment !
Eh bien, on aura rarement vu un film dans un tel état de pilote automatique et se fichant autant d'impliquer le spectateur dans ses enjeux ! Rien ne viendra jamais nous faire comprendre le pourquoi de l'utilité de cette suite tardive sinon la facilité d'utiliser le nom d'une franchise célèbre et de le balancer avec quelques jolies stars enthousiastes en têtes d'affiche. Derrière ça, il n'y a tout simplement rien. Le vide blockbusterien à son firmament. Cette nouvelle génération d'Anges n'avait décidément aucune chance de réaliser un miracle.