Au moment de la sortie de Charlie's Angels, Elizabeth Banks, sa réalisatrice, confiait en interview pour Première avoir voulu "que l'on ressente les coups". Et bien, c'est raté, comme l'ensemble du film.
Le seul point positif que j'ai pu trouver dans Charlie's Angels est sa bande-son interprétée par Lana Del Rey, Miley Cyrus et Ariana Grande. Quant au film... on peut aisément dire que si on ne l'a pas vu, on n'a rien loupé.
Grâce -ou plutôt à cause- de Hollywood, on va finir par croire que les films d'actions portés par des femmes sont nuls. Et Charlie's Angels n'aide pas à déconstruire cette opinion. C'est simple, rien ne va dans le film de Elizabeth Banks qui officie aussi au scénario.
Elizabeth Banks a écrit le scénario, mais sait-elle réellement à quoi ressemblent les filles dans la vraie vie pour tenter, ne serait-ce qu'un peu, de s'en inspirer et donner de la substance à ses anges ? Je n'ai pas vu une once de diversité féminine dans le film. C'est simple, si on me le proposait, je ne voudrais en aucun cas faire partie de cette agence d'anges uniformes qui a l'air de sortir d'une usine pour simplets.
Les personnages féminins sont aussi aseptisés que caricaturaux : elles sont bad-ass mais elles ont aussi leur part de féminité qu'on ne manque pas de nous rappeler, puisqu'elles aiment les beaux vêtements et les plats végan sans gluten que leur concocte leur sympathique cuistot. Sans oublier qu'aucune de ces figures féminines du film est profondément mauvaise... à l'inverse des protagonistes masculins. Et on garde ce côté sans nuances durant tout le film.
Aucune des trois héroïnes ne possède un trait de personnalité qui la détache de ses coéquipières (encore une fois, toutes des dures à cuire capables de se battre mais aussi de succomber au bonheur d'une belle garde-robe ou d'user de leur charme pour parvenir à leurs fins ou de posséder des bases en chimie). En cela, elles sont donc toutes interchangeables.
Le film étant estampillé "film d'action mené par un casting féminin", il faut donc qu'il y ait des scènes d'action et de combat pour montrer que les filles aussi savent se battre. Sauf que ces scènes sont aberrantes. Non seulement elles sont mal, mais alors très mal filmées, mais elles sont en plus mal exécutées. On a l'impression d'assister à un épisode de Derrick tellement les combats ont l'air faux et les coups plus que retenus. Alors pour faire croire que tout cela est bien violent, Elizabeth Banks a ajouté des "bim" et des "bam" par-dessus et de la musique tendue. Mais dès qu'on coupe le son, on assiste plutôt à une chorégraphie.
Côté histoire et dialogues, le film ne fait pas non plus dans la dentelle. Les enjeux sont amenés timidement (on sait qu'un homme, méchant, veut s'emparer de la technologie du Calisto pour faire de mauvaises choses avec) et tout juste sait-on ce que ce dangereux outil provoque : au travers d'une scène miteuse où l'appareil démontre son potentiel auprès d'un des agents de la sécurité, et qui ressemble plus, on peut le dire, à une électrocution sans grand danger. Comme outil de destruction massif on a vu mieux.
Ainsi, Charlie's Angels s'enchaîne sans gène pendant 1h50 dans des scènes et combats dépourvus de la moindre originalités et sans nouveautés. Les rebondissements sont téléphonés d'avance et ne surprennent pas. Elizabeth Banks nous a servi une histoire dans laquelle tout est blanc ou noir, sans juste milieu et dépourvue de zone grise (spoiler :
tous les méchants sont des hommes ou sont montrés comme des obstacles pour les anges, le traître ne peut être qu'un homme et non une femme comme on a pitoyablement tenté de nous le faire croire à mis-parcours
).
Le tout en fait un film ennuyeux, aux clichés rebattus par une certaine frange de Hollywood, sans nuances, aux combats et scènes d'action dignes d'une série B. Mais tout ce beau monde, Elizabeth Banks la première, a l'air de croire fermement qu'ils font avancer les choses du bon côté et que ce film, ô combien bad-ass, surprenant et cool (ironie), rejoindra la lignée des grands films d'action populaires de notre époque. Complètement raté.