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    Le Corbeau
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    chrischambers86
    chrischambers86

    13 706 abonnés 12 423 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 6 octobre 2014
    « Où se situe la frontière du Mal ? Savez-vous si elle se trouve du bon ou du mauvais côtè ? » 1943 sera une grande annèe pour le cinèma français, malgrè le frein considèrable constituè par l'Occupation et la censure. "Le corbeau" d'Henri-Georges Clouzot est un èclatant chef d'oeuvre en s'inspirant directement d'un fait divers! Dans une ville de Province, des lettres anonymes provoquent de nombreux ravages! Plusieurs personnes sont soupçonnès, avant que le vèritable coupable (qu'on ne dèvoilera surtout pas) soit dèmasquè! Cette intrigue admirable permet à l'ex-assistant d'Anatole Litvak d'analyser en profondeur la psychologie de ses personnages, leur caractère, leur comportement contradictoire! De Ginette Leclerc à Pierre Larquey, en passant par Hèlèna Manson, Sylvie et Jean Brochard, ils sont tous gravès dans nos mèmoires! Sans oublier le grand Pierre Fresnay qui trouve en jeune mèdecin l'un de ses plus beaux rôles! Avec ce film controversè qui fut interdit par la censure militaire à la fin de la guerre, Clouzot se rèvèle ainsi comme l'un des maîtres du film noir! Un cinèma français pourtant soumis à l'èpoque à un règime de censure strict et rèduit aux allusions èrotiques, sans compter qu'en 1943 on a souvent l'esprit ailleurs, et pour cause! Clouzot donnera à Ginette Leclerc son rôle traditionnel de fille facile, qu'elle fignole avec une science consommèe, jouant de tout l'arsenal de la sèduction pour gagner l'amour de Fresnay! Dans une sèquence du film où on la surprend au pieu dans l'attente de son amoureux, on la voit placer un oreiller sous elle de manière à mettre ses seins en valeur, rajuster l'attache de ses bas, raviver prestement ses lèvres, etc...De tels efforts seront couronnès de succès, puisqu'elle parviendra à sèduire l'ombrageux mèdecin! Notons que "Le corbeau" marquait un certain courage de la part de Clouzot, qui n'hèsita pas à produire un film où l'on pouvait lire en transparence une critique très vive de l'occupant et où l'accent ètait mis sur l'atmosphère de dèlation pesant sur les relations sociales de cette èpoque noire! Quant à la sèquence mythique de l'ampoule èlectrique qui se balance, elle fait aujourd'hui partie de la lègende du 7ème art...
    Benjamin A
    Benjamin A

    711 abonnés 1 922 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 mars 2014
    Distribué en 1943 par la compagnie de distribution et production Allemande "la Continental Films", "Le Corbeau" est aujourd'hui célèbre pour sa qualité cinématographie mais aussi pour avoir été perçu par la résistance Française et la presse de (extrême) gauche comme immorale et un portrait néfaste de la France. Mais elle n'avait pas non plus été apprécié par le régime de Vichy où finalement on est loin des valeurs travail, famille, patrie chères à Pétain (il a aussi été attaqué par l'église, entre autre !). Tout ces éléments ont fait en sorte que Clouzot soit bannie, tout comme son film jusqu'en 1947. Et cette double réputation peut parfois faire penser à "M Le Maudit" de Fritz Lang, sorti en Allemagne en 1932, en pleine montée du nazisme et faisant ici aussi un portrait social assez sombre. Passer ces faits, il ne faut donc pas oublier que "Le Corbeau" est aussi et même surtout célèbre pour ses qualités cinématographique. Clouzot nous fait suivre les péripéties se déroulant dans la ville de Saint-Robin, où un mystérieux corbeau envoie des lettres calomnieuses aux habitants. Clouzot réussit à instaurer une vraie atmosphère de plus en plus angoissante, malsaine et paranoïaque au fur et à mesure que le récit avance. L'idée de base, inspiré d'un fait réel datant de 1923, est intéréssante et le scénario tiré est brillant, bien ficelé, intelligent et efficace.
    Il maintient le suspense de bout en bout. En toute intelligence et subtilité, il étudie aussi la vie dans cette communauté de la France rurale où dès que les lettres du corbeaux arrivent l'atmosphère devient sournoise, sordide ou encore étouffant, à l'image de la galerie de personnages qu'il met en scène que ce soit les rôles important ou ceux un peu moins. Le personnage principal, merveilleusement interprété par Pierre Fresnay, est intéréssant et attachant, d'apparence seul contre tous, incapable de révéler son passé douloureux et fâché avec la vie. Presque tout le monde en prend pour son grade, qu'importe les classes sociales, religion ou autres et peu de gens sortent indemne dans cette œuvre sombre où la limite entre le bien et le mal est toujours flou. La mise en scène de Clouzot est remarquable et inventive, tout comme sa réalisation où le jeu d'ombres et de lumières rappelle parfois les belles heures de l'expressionnisme Allemand, et globalement sa maitrise technique est superbe. Outre le génial Pierre Fresnay qui montre une fois de plus tout son talent, les autres interprétations sont excellente, à l'image de Ginette Leclerc et Pierre Larquey. Un brillant chef d'oeuvre, sombre, dérangeant, mouvementé, humain, intelligent... Grandiose.
    Gourmetdefilms
    Gourmetdefilms

    59 abonnés 657 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 août 2013
    Une histoire, des personnages, des interprétations, du suspens, des larmes, du sang, des cris, des dialogues, des tromperies etc...... bref que d’ingrédients de qualités et d'aléas qui nous immergent dans ce film envoutant! Un chef d’œuvre dans le fond et la forme! Après on n'a qu'à écouter les écrans de fumée nauséabond de certains politiques qui tapent toujours sur les mêmes boucs émissaires, pour comprendre que ce film n'est pas une caricature du français faite par les nazis mais bel et bien le portrait de certains.
    Estonius
    Estonius

    3 338 abonnés 5 452 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 mai 2021
    Un sommet de l'art cinématographique et à tout point de vue. Le scénario est très habile dans sa forme, multipliant les fausses pistes et les retournements de situations en étant d'une intelligence rare dans sa forme (critique du manichéisme, appel à la compassion). Sur le plan de la réalisation on atteint la perfection, les cadrages sont fabuleux, la photo magnifique, certains ont parlé d'expressionnisme, sans aller jusque-là l'esprit de M. le maudit n'est pas si loin. Le film possède un sens du rythme assez remarquable chaque scène ne durant que le temps nécessaires. La scène de l'enterrement est anthologique Quant à la direction d'acteur elle est fabuleuse, Fresnay est bon (ça nous change de son rôle dans Marius), Larquey trouve sans doute son meilleur rôle et Ginette Leclerc crève l'écran.
    cylon86
    cylon86

    2 510 abonnés 4 430 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 14 janvier 2018
    C'est un chef-d'œuvre que signe ici Henri-Georges Clouzot avec ce thriller à l'atmosphère poisseuse où tout le monde soupçonne tout le monde (métaphore brillante du régime de Vichy et des délations fréquentes). Les rebondissements sont multiples et le cinéaste prend le soin de s'attarder sur ses personnages dont un impeccable Pierre Fresnay et un irrésistible Pierre Larquey. Le film n'a pas pris une ride et les répliques sont cinglantes. Personne n'est épargné dans ce film où les méchants et les bons se confondent. La seule certitude c'est le génie de Clouzot.
    Sergio-Leone
    Sergio-Leone

    181 abonnés 1 096 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 21 octobre 2010
    Au vu de la qualité esthétique du film et de la maîtrise de l'intrigue et du suspense, on pourrait penser qu'il s'agit d'un travail beaucoup plus récent que les années 40 ! Mais voilà, Clouzot est définitivement un génie et même s'il n'a pas le style Hitchcockien dans le traitement du suspense, il n'a rien à lui envier par son côté énigmatique encore plus intéressant à mon goût. Les dialogues sont excellents et des scènes parfois hilarantes. Le mélange humour, noirceur, intrigue, atmosphère énigmatique donne un ton au film incroyable et le rend tout simplement magique. Un grand classique à classer au sommet du patrimoine cinématographique français.
    Arthur Debussy
    Arthur Debussy

    154 abonnés 693 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 10 novembre 2020
    D'emblée, ce qui frappe dans « Le Corbeau », c'est sa photographie remarquable. Les plans du tout début sont magnifiques, dans un noir et blanc contrasté qui illumine de belles prises de vues d'un petit village. Mais très rapidement, Clouzot filme des murs, des fenêtres, bref : l'enfermement. Le fond se coule alors dans la forme : nous sommes au cœur d'un épisode éprouvant, un corbeau fait chanter les notables de ce village. Ce qui fait froid dans le dos, c'est que si personne n'est épargné par les racontars du délateur, tout le monde semble coupable, de la jeune adolescente aux personnes âgées. Tous ont quelque chose à se reprocher, et les lettres du corbeau deviennent comme un jeu visant à faire ressortir toute l'ignominie, les moindres petits défauts de l'être humain.
    Clouzot se fait bien sombre et pessimiste quand à l'humanité, qui s'entredéchire ici dans une spirale qui semble sans fin. Le contexte du tournage de ce long métrage n'y est pas pour rien : sorti en 1943, sous l'Occupation, la délation était à l'époque un sport national, et Clouzot dépeint ici tout le mépris qu'il avait pour ce procédé. Mais il en profite aussi pour mettre en lumière les ambiguïtés de la société d'alors : l'avortement était moralement réprouvé, mais dans les faits pratiqué, parfois de façon horrible, au risque d'y perdre la vie, parfois avec l'aide d'un médecin. Il est aussi question de drogue et d'adultère, des sujets abordés assez frontalement et qui ont dû choquer à l'époque. D'ailleurs Clouzot fut inquiété pour avoir tourné pour la Continental, une firme allemande, sans doute car au fond il dérangeait trop l'hypocrisie ambiante, mais il en est ressorti complètement blanchi.
    Si l'on peut qualifier Clouzot de misanthrope, par l'entremise de son héros le Docteur Germain (magistral Pierre Fresnay), il se fait le chantre d'une humanité blessée mais conservant une part irréductible de dignité et de grandeur. Germain n'est pas un héros monolithique, tout d'un bloc et d'un blanc pur. Il est entre deux, courageux, intègre, mais parfois lâche et faible. Pour autant c'est un homme estimable, car voué aux autres. Et s'il peut être dur avec les autres et surtout lui-même, il finit par s'ouvrir étonnamment, dans une situation qui peut sembler un peu bancale mais tellement réaliste et plus humaine que dans bien des films.
    Le corbeau de ce long métrage, tout comme Clouzot, finit par révéler la vraie nature des protagonistes de cette histoire. Certains, attaqués violemment, tels Germain et Denise (magnifique Ginette Leclerc, toute en nuances et contradictions), se feront d'autant plus combatifs. D'autres, plus ambigus, montreront leur vrai visage, un visage d'une noirceur effroyable. Outre le fond de ce long métrage, je ne peux que saluer la forme, avec cette mise en scène qui réserve bien des morceaux de bravoure, où tout est dit dans un regard, une attitude, une parole. C'est visuellement l'un des plus beaux films de Clouzot, l'un des plus terribles aussi. Il faut dire qu'il est servi par des acteurs exceptionnels, Pierre Fresnay et Ginette Leclerc en tête, mais également ces fameux seconds rôles de l'époque, particulièrement savoureux : Pierre Larquey et Noël Roquevert notamment, mais aussi Héléna Manson, peut-être moins connue, et finalement toute la galerie des autres personnages.
    Clairement, on ne fait plus des films comme ça de nos jours en France, aussi courageux et ambitieux, aussi brillants sur le fond comme sur la forme. Et c'est bien dommage, espérons que l'avenir nous réserve d'agréables surprises et que la France retrouve un savoir faire qui fut bien réel.
    Anaxagore
    Anaxagore

    125 abonnés 135 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 6 février 2008
    Tout le monde a en mémoire la célèbre saillie de Clouzot, par ailleurs infiniment simpliste et discutable: «Pour faire un film, premièrement, une bonne histoire, deuxièmement, une bonne histoire, troisièmement, une bonne histoire». C'est une telle vision des choses qui lui vaudra d'être l'une des cibles favorites des cinéastes de la Nouvelle Vague. Il faut cependant reconnaître qu'il fut, au moins dans ses premiers films, un très brillant illustrateur de cette conception narrative classique du cinéma, conception certes réductrice mais légitime dans ses limites propres. À cet égard, «Le corbeau» (1943) demeure aujourd'hui comme l'une des plus remarquables réussites du cinéma français. Avec une noirceur absolue qui donne la nausée, Clouzot le misanthrope y dépeint, sous les traits d'un véritable cloaque, une petite ville de la France rurale. Pour le réalisateur, l'âme humaine, même celle des enfants, est de toute évidence sale, veule et sournoise et peu de place est faite à la lumière. Mais tout cela ne serait rien d'abord sans une mise en scène, certes classique, mais de très grande classe, et qui distille un suspense tout à fait étonnant, ensuite sans le jeu tout à fait remarquable des acteurs (Pierre Larquey et Pierre Fresnay au dessus de tout éloge), enfin sans une photographie magnifique d'où procèdent de très belles images trahissant une influence évidente de l'expressionnisme allemand. On rappellera deux séquences d'anthologie. D'abord le plan superbe où Marie Corbin, apeurée et fuyant son lynchage, se regarde dans un miroir brisé. Ensuite la célèbre scène de la lampe et qui justifie à elle seule qu'on se souvienne de ce film. Un ouvrage finement ciselé à découvrir ou à redécouvrir.
    NeoLain
    NeoLain

    4 961 abonnés 4 741 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 octobre 2012
    Henri-Georges Clouzot enveloppe ce film ou l'on peut écrire dessus "chef-d'oeuvre". Ce film français s'inspire d'un fait divers qui se passa en 1920, c'est l'affaire de Tulle. Et c'est pas la dernière fois, car il se passa en France et même encore assez récemment ce genre de mystère qui souvent complexe, plane la plupart du temps dans des villages reculés ou tout parait tranquille, ou tout le monde se connait sans vraiment se connaitre. Clouzot connaîtra dans son oeuvre bien des malheurs, comme l'interdiction de son film lors de la libération de la France (seconde guerre mondiale). Le corbeau représente le drame bien agencer, ou l'intrigue ce joue de nous, laissez-vous coller devant cette histoire comme vous colliez un timbre dans la hâte sur une lettre qui ai importante.
    Lightning_Mc_Queen
    Lightning_Mc_Queen

    23 abonnés 280 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 27 juin 2009
    Produite dans des conditions explosives, une oeuvre captivante et versatile dont la maitrise laisse sans voix. Excellent.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 064 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 mars 2013
    Je n'ai vu que peu de Clouzot, deux si mes souvenirs sont exacts et je dois avouer que si je me souviens très bien du moment où j'ai vu Quai des orfèvres, je n'ai aucun souvenir du film. Ce qui n'est pas le cas du Mystère Picasso que j'avais adoré et dont je me souviens très bien.

    Le corbeau est déjà un film qui va frapper par sa mise en scène, inventive, belle et qui va réussir à instaurer un climat assez paranoïaque dans le film. Parce que ce qui est bon dans ce film, ce qui est jouissif, c'est réellement cette ambiance de paranoïa constante. Qui est le corbeau ? Est-ce que ces allégations sont vraies ? On est pris dans la tourmente de ce village sans le moindre temps mort.

    Le film s'offre même une scène purement cauchemardesque où la bonne soeur chassée par la foule court dans les ruelles vides du village. On entend juste en hors champ la foule s'avancer vers elle à toute vitesse. On a un climat de terreur et on comprend quelque part dans cette fuite qu'elle ne peut pas être coupable vu à quel point elle est terrorisée.

    Ce que j'aime également c'est d'avoir retrouvé un petit côté Ruban Blanc d'Haneke. Il s'est passé quelque chose mais on ne connaît pas le coupable. Et ceci dans une communauté fermée où tout le monde se toise pour tenter de découvrir le coupable. Mais ceci mêlé avec un côté assez malsain du tribunal populaire qui aurait pu rappeler Fury de Lang.

    J'ai trouvé ce film vraiment très bien mené.

    La chose qui m'a gênée, c'est que j'aime bien cherché le coupable dans ce genre de film et pour moi c'était un peu une évidence. Je n'ai pas été surpris. J'avais décidé que ça allait être cette personne au début et finalement même si le film met des doutes je n'ai pas changé d'avis et finalement j'avais raison.

    J'aurai aimé être plus surpris (sans que ça tombe du ciel pour autant, faut pas exagérer non plus). Et la fin m'a un peu dérange dans le genre ça tombe un peu du ciel quand même.

    Après c'est un bon film, mais j'aurai aimé "plus", je n'ai pas été complètement contenté.
    Buzz063
    Buzz063

    75 abonnés 919 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 30 juillet 2012
    Certainement le film français le plus important sorti durant la guerre. Clouzot s’attaque en même temps à deux sujets tabous dans la France de l’époque, les lettres de dénonciation et l’avortement. Le cinéaste met tellement bien le doigt là où ça fait mal qu’il sera condamné après la guerre à une interdiction d’exercer à vie qui sera levée deux ans plus tard.
    Le film multiplie aussi les prises de risques avec ses personnages. Non seulement son personnage principal est un médecin qui pratique les avortements sans s’en cacher, mais il fait également de son héroïne une estropiée et d’un respectable médecin un accro à la morphine.
    Le réalisateur évoque la période de l’occupation de façon uniquement indirecte, ne montrant aucun soldat et restant flou autant sur le lieu de l’action que sur la date. Le Corbeau commence d’ailleurs par un panneau désignant « une ville parmi d’autres ». Clouzot dépeint l’atmosphère étouffante et une certaine paranoïa avec beaucoup de finesse. Henri-Georges Clouzot filme également avec un certain plaisir comment se fissurent les apparences et comment se dévoile l’hypocrisie générale d’une petite ville de province.
    Le cinéaste dispose pour cela d’un scénario solide mis en scène avec une rare intelligence. Par exemple, lorsque Marie Corbier est pourchassée par la foule en colère, le réalisateur parvient en quelques plans cadrés avec soin à traduire aussi bien la menace que le tourment intérieur du personnage de l’infirmière.
    Louis Morel
    Louis Morel

    46 abonnés 850 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 17 avril 2013
    Doté d'une intrigue originale, "Le Corbeau" surprend par ses dialogues d'une rare violence pour un film de 1943, très en avance sur son temps.
    Appeal
    Appeal

    156 abonnés 569 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 24 mars 2013
    Il y a bien cette histoire de production un peu louche, un film réalisé pendant la seconde guerre mondiale avec des moyens allemands, avec ou non l'accord de Goebbels, des accusations de collaboration du réalisateur, etc. Beaucoup ont dissertés sur le sujet, mais si cela permet de replacer le film dans son contexte, on aurait tort de le juger sur n'importe quelle conclusion qu'on en tirerait. Ce film d'Henri-Georges Clouzot est simplement un chef d'oeuvre dont on doit débarasser tout le blabla qui tourne autour.

    Comme certains l'ont notés avant moi, il est toujours difficile de se lancer dans l'analyse d'un tel monument. Plus vous en parlez, plus vous aurez la chance de raconter une connerie que pourrait pointer n'importe quel étudiant en cinéma. Par conséquent, je me limiterai sans pousser l'analyse, a évoquer tous les sentiments les plus simples qui m'ont habités dans ce visionnage.

    Je dois tout d'abord dire que le film est formidablement bien écrit. Le ton est très moderne, le verbe à la fois fin et pourtant simple. Nous ne ressentons aucun décalage avec notre époque et nous sommes pourtant émerveillés par les dialogues, c'est dire si la simplicité est maîtrisée. Une plume parfois grave mais aussi souvent drôle. Des répliques qui tuent, il est très facile d'en trouver. La direction des acteurs n'est pas étrangère au naturel des situations. Tous les acteurs sont absolument formidables. Je ne pourrai pas en citer deux ou trois, tous, même dans les rôles les plus mineurs, sont excellents.

    Formellement, je n'ai pas le langage technique pour analyser le film. Simplement, les plans sont magnifiques, la lumière me semble très bien utilisée. Le montage est efficace. Il appuie parfaitement le scénario, et surtout est d'une clarté certaine. Jamais nous ne sommes perdu dans l'intrigue, tout est clair, du but à la manière comme dirait certains.

    Une clarté dû aussi à un scénario malin. On y trouve des notes de M le Maudit, évidement. Et la France peinte par Clouzot n'est pas la plus belle : délation, paranoïa collective, traîtrise, absence de courage, etc. Mais aussi, comment ne pas louer le fait que Clouzot se permet tout, s'attaque à des sujets aussi graves pour l'époque que l'avortement, la fin de l'église, le lynchage collectif? Mais aussi d'autres sentiments plus romantiques, qui prennent du plomb dans l'aile, avec des histoires d'adultères, d'hypocondrie, de commérages malsains?

    Pourquoi pas 10 alors? Parce que le dénouement est un peu décevant, perd son souffle. Mais peu importe, l'essentiel n'est pas là. C'est le déroulement de l'intrigue qui nous passionne. Puis ce qui frappe essentiellement, c'est la modernité du film. Comme l'ont soulignés certains, Le Corbeau serait une parfaite introduction au cinéma noir et blanc pour non initiés. La modernité du propos, à la fois universel et miroir d'une époque sombre de l'histoire européenne, allié à une aisance naturelle du discours ou du jeu des acteurs, montre une véritable maîtrise du réalisateur. Un grand film.
    dougray
    dougray

    238 abonnés 1 904 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 7 mars 2014
    Après l’excellent "L’assassin habite au 21", Henri-Georges Clouzot signe un film dérangeant par la pertinence de son propos et, surtout, par sa terrible actualité lors de sa sortie en 1943… c’est à dire en pleine Occupation allemande. Difficile, en effet, de ne pas faire le lien entre cette histoire de corbeau mystérieux qui adresse des courriers calomnieux aux habitants d’un village perdu et les dénonciations anonymes de sinistre mémoire qui ont illustré le début des années 40. Pourtant, la réputation sulfureuse du film n’est pas tant due à son sujet qu’à son producteur, le studio Continental-Films (créée par Goebbels) et a valu bien des problèmes à Clouzot qui s’est vu interdire d’exercer son métier au motif que "Le Corbeau" serait un film de collabo donnant une mauvaise image des français. Cette condamnation en dit long sur l’époque car il fautdrait être d’une particulière mauvaise foi ne pas saluer, aujourd’hui, le courage de Clouzot de s’être attaqué à un sujet aussi glissant en pleine Occupation. Certes, l’image donnée de ces habitants n’est pas glorieuse (hypocrites, menteurs, violents, toujours prompts à colporter la rumeur…) mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une adaptation d’un fait réel s’étant déroulé à Tulle et que les réactions montrées à l’écran sont tout ce qu’il y a de plus crédibles. Et c’est, une fois encore, le talent de Clouzot qui permet de mettre en exergue les ravages provoqués par le Corbeau sur ce village a priori tranquille. La mise en scène du maître est, certes, un peu moins efficace que celle de son précédent film (le rythme est plus incertain, certaines scènes auraient gagnées à être raccourcies ou mieux montées…) mais il a su insuffler à ce "Corbeau" un sentiment d’oppression épatant (la fuite de l’infirmière poursuivie par une foule invisible, dans les ruelles désertes du village, est un grand moment) sans oublier de soigner ses personnages. Ainsi, le portrait dressé du Dr Germain, principale victime de la rumeur (Pierre Fresnay, très bien), cache de sombres secrets (tant personnels que professionnels). Quant à sa maîtresse (Ginette Leclerq, un peu trop caricaturale), elle ne craint pas d’user de mensonges pour le garder auprès de lui. Ces deux héros, loin d’être au-dessus de toute critique, prêtent ainsi le flan à la propagation de la rumeur, ce qui crédibilise grandement le récit. Autour de ce couple, Clouzot dresse une passionnante galerie de villageois, dont chacun peut s’avérer être le fameux Corbeau, de l’assistante sociale amoureuse (Micheline Francey) au strict directeur d’école (Noël Roquevert) en passant par le respectable directeur d’hôpital (Antoine Balpêtré), la détestable infirmière (Héléna Manson), le dépassé sous-préfet (Pierre Bertin) ou encore la jeune et innocente postière (Liliane Maigné). Mais le personnage le plus intéressant du film reste, incontestablement, le flamboyant Dr Vorzet (magnifique Pierre Larquey), qui s’empare des meilleurs dialogues et apporte un peu d’air à l’oppressante intrigue, avec son air désabusé et son indulgence suspecte face à la rumeur. Evidemment, le film n’est plus tout jeune, de sorte que, outre le rythme parfois un peu lancinant, on retrouve les codes de l’époque qui apparaissent, aujourd’hui, terriblement désuets et des femmes particulièrement soumises (une faute que Clouzot ne commettra pas dans le reste de sa filmographie). "Le Corbeau" reste, cependant, une œuvre stupéfiante de dureté et de pessimisme (qui illustrent parfaitement le cinéma de Clouzot) qui reste terriblement d’actualité, malgré les années.
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