Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Un visiteur
5,0
Publiée le 20 juin 2013
1943. Un film produit par les Allemands, la censure hexagonale est mise de côté : feu à volonté sur la morale Française - mais aussi quelque part envers l’occupant- .Quel double tour de force envers Anastasie !
Au final, le qualificatif approprié pour ce film serait « jouissif ».
Alors oui c’est du théâtre plus que du cinéma, oui les personnages sont artificiels, mais qu’est ce que l’on s’amuse - et ce n’est pas une comédie - ! Les talents de mystificateur de Clouzot sont ici bien à leur aise. Juger plutôt le tableau : un vieux psychiatre à la mine espiègle et aux airs de vieux renard. Un docteur circonspect égaré en pleine province. Une vielle fille nymphomane qui a tout à prouver, une ravissante assistante sociale, une bigote mal aimable, un maire débordé, le colonel avec le chandelier dans le salon, etc…. Tout ce petit monde se polarise, s’épuise, se scinde en binômes antagonistes, marqué par le ressentiment. Mais celui(celle) qui mène la danse reste inconnu(e) pour de bon…
Ce film à une vie en arrière plan, derrière sa trame. Les symboles occultes se superposent, des éléments restent sans explication: que signifie cette ampoule ? Cette ombre grandissante ? Quel est le sentiment profond de notre bon docteur ? Qui a manqué à la morale ? Et quelle morale ? Comment interpréter l’histoire de Rolande ? Et comment interpréter les paroles des deux postiers, du docteur à la cigarette allumée lorsque le soldat passe à la fenêtre ? Et bien d’autres choses encore, qui ne seront pas résolus à la fin du film…Les paris sont ouverts.
Cette liberté de propos hors de toute chapelle, quelle indécence ! Décidément, ce brave Clouzot est encore aujourd’hui bien provocateur…
Une belle étude sur la dénonciation et la paranoïa collective. Du cinéma français de qualité avec des acteurs parfaits. Le film est un peu déroutant car le scénario ne s'accélère que très tard. Clouzot mise l'essentiel de sa réalisation sur le climat, l'atmosphère de soupçon.
Si un film a bien été injustement calomnié, c’est bien Le Corbeau d’Henri-Georges Clouzot ! En effet, à la Libération, le film a été accusé de collaborationnisme sous prétexte que Clouzot était employé par la Continental-Films (société de production allemande produisant des films français qui avait cependant la particularité d’éviter de faire des films de propagande) et d’avoir fait un film anti-français, cette accusation empêchant même Clouzot de tourner pendant deux ans et demi (tout comme le scénariste Louis Chavance qui avait pourtant écrit le scénario en 1932 !) et plusieurs acteurs étant emprisonnés (notamment Pierre Fresnay et Ginette Leclerc). Et pourtant, le film est totalement l’inverse d’une œuvre collaborationniste. En effet, ce que dénonce justement Clouzot dans le film est bel et bien la France collaborationniste accumulant les lettres anonymes. Avec celle-ci, effectivement, Clouzot est sans pitié : elle est constituée de bassesse, de ragots, de préjugés et d’hypocrisie… Ce qui dérangea à la Libération, c’est sûrement aussi qu’il ne présente jamais les personnages comme étant tout blanc ou comme étant tout noir : ambiguïté est partout et chacun peut être le coupable (le véritable étant d’ailleurs un des personnages que l’on soupçonnait le moins). De plus, cette description prend toute sa force grâce à Henri-Georges Clouzot. En effet, celui-ci offre une réalisation classique mais tout à fait ciselée, un scénario parfaitement rythmée et une interprétation de haute tenue (Pierre Fresnay est tout bonnement parfait). Heureusement, depuis, le film a été réhabilité et reconnu pour ce qu’il est : un pur chef-d’œuvre du cinéma français. Le meilleur hommage qui puisse d’ailleurs avoir été fait à ce film, tiré d’un fait divers véridique qui avait eu lieu à Tulle entre 1917 et 1922, est le fait que son titre soit depuis devenu une expression courante de la langue française.
Un an à peine après le succès de "L'assassin habite au 21", Clouzot toujours pour la Continental, se lance dans la réalisation du "Corbeau" sans doute son film le plus décrié en raison du contexte historique. En effet, triomphe à sa sortie le film fut retiré des écrans à la Libération et Clouzot interdit un temps de travail. Désireuses de tirer un train sur une période peu glorieuse, les autorités ont voulu casser le miroir que "Le corbeau" tendait à la société française dont une part non négligeable de ses membres s'était livrée sans trop de retenue à la délation pour en tirer quelques subsides le plus souvent destinées à améliorer un quotidien assombri par les privations de l'Occupation mais aussi malheureusement trop souvent pour régler son sort au voisin qui déplait. Désormais tout le monde sera résistant. Le film faisait obligatoirement tâche au sein de la grande réconciliation salvatrice voulue par le pouvoir politique. Tel fut donc le triste sort du "Corbeau" , film d'une force incroyable tiré d'un fait divers s'étant déroulé à Tulle dans les années 1920. Aidé de Louis Chavance pour le scénario, Clouzot n'y va pas par quatre chemins pour dénoncer le comportement de l'homme quand la rumeur lui désigne une proie. La caméra se veut intrusive pour aller traquer le moindre détail qui fait mouche. Clouzot est sans pitié mais toujours habile, il n'oublie pas d'accompagner les faits les plus sordides d'une touche d'humour qui aide à supporter la nausée qui nous monte souvent aux lèvres devant le pauvre spectacle de notre humanité mise à nu . Comme toujours les comédiens sont dirigés au cordeau, notamment Pierre Fresnay, l'ami de Clouzot qui donne ici son meilleur . Les seconds rôles qui étaient rois à l'époque ont des morceaux de choix à défendre de Pierre Larquey méconnaissable à Noel Roquevert à contre-emploi. "Le corbeau" devrait être montré en préambule à toute leçon d'histoire sur la période de l'Occupation. Oui on peut le dire, dès son deuxième film Henri-Georges Clouzot était un génie.
"Le corbeau" est un chef d'oeuvre sur tous les points. Ecriture, dialogues, personnages, jeu d'acteurs, photographie, ambiance, mise en scène. Mais ce qui a été encore plus frappant pour moi et j'ai rarement vu ça dans le cinéma français, c'est que "Le corbeau" est une vision de la france ou les tabous sont sans pudeurs, ou la paranoia évoquait l'occupation et la collaboration, ou la frontière entre le bien et le mal est quasiment inexistante, ou le cinéma est une réponse artistique aux enjeux du monde réel. L'un des plus grand film français de tous les temps, mais aussi un chef d'oeuvre du 7e art.
Certes, pour les standards de l'époque, le film est grand. Mais il a clairement mal vieilli. Les acteurs, notamment, ne sont pas à la hauteur du statut de film culte. C'est l'histoire d'un village qui, d'un jour à l'autre, se retrouve secoué par une vague de lettres anonymes qui sèment le trouble au sein de cette petite société où tout le monde connaît tout le monde. Un vision intéressante de ce que peut impliquer la vie en petite communauté. Les lettres anonymes proviennent de quelqu'un qui se fait appeler Le Corbeau. Il s'avère rapidement que ces lettres ont un point commun: elles contiennent toutes des anecdotes compromettantes pour le docteur Germain. Si la communauté s'amuse dans un premier temps d'un tel acharnement sur le médecin, elle prend peur quand l'une des lettres entraîne le suicide de l'un des leurs. Les soupçons sont alors légion. Le médecin, après avoir volontairement ignoré toute l'histoire, se lance dans sa propre enquête quand il se rend compte que l'histoire risque de lui être néfaste, à lui et à ses proches. Alors qui s'acharne sur lui, le médecin apparemment sans histoire? Pourquoi? Si la première heure, vaste champ désordonné des différents évènements de l'histoire, lasse assez vite, c'est quand Germain se lance dans sa propre enquête que le film prend une autre tournure. Celle d'un polar réussi. Les dialogues sont partie des points forts, comme bien des films de l'époque. Et si l'histoire participe grandement à la tension maintenue de bout en bout, la mise en scène y est aussi pour quelque chose. On s'en aperçoit sur certaines scènes, dont la beauté n'a d'égale que leur profondeur psychologique. Philosophique même parfois. La lumière est très bien ajustée dans l'espace scénique: la scène de la discussion sur le bien et le mal entre le docteur Germain et le docteur Michel Vorzet est, à cet égard, empreinte d'une teinte de génie. Faire le rayon lumineux osciller d'un bout à l'autre de la pièce, éclairant et obscurcissant tour à tour les visages des deux interlocuteurs, pendant une conversation sur la relativité du bien et du mal, c'est tout de même le signe d'un talent indéniable derrière la caméra. Plusieurs autres scènes comme celles-là montrent qu'on a affaire à un grand réalisateur. Mais le casting est selon moi trop faible pour pouvoir prétendre à mieux.
Une étude magistrale sur l'hystérie collective assénée comme un uppercut à la face du spectateur. D'une modernité à toute épreuve. Bref, un chef d'oeuvre !
Il était une fois, en France occupée, un réalisateur qui eut le courage de forcer les Français à se regarder dans une glace et de dénoncer une pratique malheureusement courante à l'époque : la délation. Bien évidemment le film fit scandale à la Libération, d'autant plus qu'il a été financé par une société allemande. Henri-Georges Clouzot fut même interdit de tournage pendant deux ans. Mais que reste-t-il du Corbeau de nos jours ? Le film n'accuse pas du tout le poids des années. Pour commencer tous les acteurs jouent incroyablement bien, selon le standard de jeu actuel. Les répliques fusent avec beaucoup de naturel, mais il faut bien dire que les acteurs sont aidés d'une écriture remarquable, qui sème suspens, ambiguïté et une touche d'humour dans les dialogues. L'intrigue extrêmement bien ficelée avance sans perte de rythme et distribue les indices au compte-gouttes jusqu'à la scène finale, où le Corbeau est démasqué. La révélation est d'autant plus agréable qu'elle tombe sous le sens, son identité ne sort pas de nulle-part. Il est intéressant de voir que tous les habitants de ce petit village sont suspects puisque tout le monde connaît tout le monde. Un climat de paranoïa s'installe rapidement et quelques personnes sont victimes de règlements de compte hâtifs : la scène où la personne accusée est poursuivie dans les rues par une foule qu'on ne voit pas mais dont on entend les cris est un bon exemple. Les petites magouilles que chacun faisait dans son coin seront révélées, soit par le Corbeau soit par les enquêteurs. Cette obligation qu'ont les personnages à se dévoiler (un thème que j'affectionne particulièrement) amène au spectateur quelque chose de très fort. L'ensemble profite d'une mise en scène très moderne. Clouzot joue avec énormément de techniques, les plus marquantes étant le hors champ, les jeux d'ombres et les magnifiques plans présentant un nouveau lieu du village. On retiendra également la scène de la lampe, qui possède un dialogue au timing parfait et une réalisation millimétrée, sans oublier tout le symbolisme qui tourne autour de l'objet. Je m'attendais à un bon policier mais Le Corbeau est beaucoup plus que cela. C'est tout simplement royal.
décidément, j'ai de la chance, encore un film génial. Je vais m'intéresser davantage au cinéma français.. Pierre Larquey ( je crois bien que c'est son nom ) est un acteur de génie.