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TUTUR29
32 abonnés
1 115 critiques
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3,5
Publiée le 5 août 2022
Je ne saurais pas dire ce qui m'a plu dans le Corbeau, mais j'ai franchement passé un bon moment devant. L'enquête et le suspens autour de l'identité du Corbeau dure tout le long et c'est passionnant à suivre, et les dialogues sont très bien écrits. Un bon film qui n'a pas pris une ride, je recommande.
Tourné en pleine occupation française, produit par la Continental Films – la société financée par Goebbels – ce portrait au vitriol d'un village hexagonal valut à Henri-Georges Clouzot de nombreuses accusations de trahison, qui lui collèrent à la peau bien après la Libération. Aujourd'hui, Le Corbeau ne peut qu'être considéré à sa juste valeur de chef d'œuvre absolu. Critique acerbe de la faiblesse des comportements humains, le film dépeint le délitement total de tout un village frappé par les agissements d'un auteur de lettres anonymes nauséabondes, mettant à nu la fragilité des équilibres régissant une communauté, et n'épargnant personne dans sa médiocrité : hommes, femmes, notables bien établis, petites gens. Comme à son habitude, le cinéaste distille jusqu'au bout un suspense des plus habiles. La mise en scène est somptueuse et le jeu d'acteurs – Pierre Fresnay, Ginette Leclerc, Pierre Larquey, Micheline Francey en tête – superbe. Absolument génial.
Le film qui valut à HG Clouzot deux ans d'interdiction de travailler, car les "libérateurs" d'alors assimilaient ses films à une forme de collaboration (la Continental était en fait dirigée de loin par Goebells). C'est une ignomignie. Ce film était en fait un refexe de dégoût envers les collabos et les dénonciateurs anonymes. Au delà, le scénario comme l'interprétation et les jeux de clair-obscur renvoient à la grise nature humaine, ni blanche ni noire... Rien de tranché. Mais tranchant. Chef d'oeuvre.
Film sur le soupçon, l'ignorance et la rumeur, "Le Corbeau" est un véritable sommet dans la carrière de Clouzot. Filmé sous l'occupation, l'audace du propos (un corbeau sème la discorde dans un village dont les habitants commencent à suspecter tout le monde) est avant tout servi par une mise en scène millimétrée et une interprétation d'une justesse saisissante, loin des simagrées que l'on pouvait voir dans de nombreuses productions d'alors (Demazis, par exemple). Brillant, ce film est également divertissant, et Clouzot prouve qu'il est capable de mener une enquête et de plonger dans les mystères comme personne.
Ce film n'a (presque) pas pris une ride malgré ses presque 75 ans. L'histoire, les dialogues et éventuellement les personnages pourraient être transférés dans une version moderne sans presque aucun changement. Film apprécié à sa sortie en pleine guerre puis ensuite complètement décrié à la libération quant à son sujet et son thème de la délation notamment, valant d'ailleurs HGC une condamnation, ce film est maintenant considéré comme un petit chef d’œuvre et est un des meilleurs films de HGC. Le jeu d'acteur est "fait à l'ancienne", théâtral, bien sur mais c'est un plaisir de voire P. Fresnay, droit comme un i ! et sa partenaire G. Leclerc. Le début du film est un peu lent mais la fin elle est plein de rebondissements, voire même un peu trop. Un film culte à voir.
4 554 abonnés
18 103 critiques
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5,0
Publiée le 12 mai 2021
Un inconnu envoie une série de lettres calomnieuses à diverses personnes dans une petite ville française le motif étant apparemment de chasser un médecin local de son poste. Toutes les lettres sont signées Le Corbeau. Qui est le Corbeau et quelles sont ses motivations c'est là le mystère. Les suspects ne manquent pas y compris le médecin qui est censé être traqué. Mais le film sort aussi des thèmes politiques pertinents notamment l'idée que quelqu'un n'importe qui peut être un informateur. Connaître les sales petits secrets d'une ville, les rumeurs, les faiblesses et les vices des gens peut être mortel entre les mains de quelqu'un qui a un penchant pour l'écriture et le désir de tout dire. Ce que le corbeau écrit est dans une certaine mesure vrai. Et cette vérité monte les habitants de la ville les uns contre les autres. Le corbeau en tant qu'entité anonyme fonctionne comme un dénonciateur, un mouchard, un espion ou un agent secret. Sur le plan thématique le film est sombre et subversif. Le Corbeau de Henri-Georges Clouzot est un film intemporel que je recommande vivement a tous...
Magnifique! Un chef d’œuvre du film noir, tellement réaliste, imprégné de l'âme humaine, de ces travers et de toute une époque. A voir par tous les amateurs de films noirs mais aussi de films psychologiques.
Étant un grand admirateur de hg clouzot, les diaboliques et le corbeau sont mes films préférés de ce realisateur. Tout est réussi et surtout le scénario et les dialogues très bien construits. On est happé par l histoire et surtout on se languit de savoir qui est ce corbeau qui met la pagaille dans ce village où les faux-semblants sont de légion.
Je l'avais vu vraiment jeune et adoré, le revoir me paraissait donc une bonne idée. Et c'est là où on se rend compte de l'immense importance d'un tel film pour le cinéma. Sur une merveille de scénario, faisant la part belle autant à l'intrigue qu'à l'étude de mœurs, Henri-Georges Clouzot jette un regard particulièrement sombre sur la société, faisant alors preuve d'une extrême audace via certains sujets abordés : la bienséance, très peu pour lui. Au-delà du contexte historique, des conditions de production (financé par la Continental, une production allemande établie en France durant les premiers mois de la guerre) ou encore l'incroyable contresens de certains à l'époque vis-à-vis du propos de l'œuvre, lui donnant un statut encore plus particulier, « Le Corbeau » reste avant tout un grand film, doté d'une galerie de personnages inoubliables et superbement interprétés : Pierre Fresnay est remarquable, Ginette Leclerc magnifique et rarement des seconds rôles auront été aussi bien exploités : Antoine Balpêtré est formidable et Pierre Larquey simplement exceptionnel, immense. Il reste, pourtant, un semblant d'humanité derrière ce portrait au vitriol, ces dialogues souvent cruels spoiler: (« -Vous êtes ce qu'il y a de plus étranger à la vie. » « - Un crétin? » « - Oh non ! Un bourgeois » : jubilatoire) , ces scènes inoubliables spoiler: (l'arrivée des lettres dans l'église) , comme si Clouzot avait envie d'y croire, juste un peu. Ce n'est pas forcément un film dont on sort enthousiasmé, mais quelle intelligence, quelle insolence, quel brio ! D'ailleurs, plus j'y pense, et plus je le trouve exceptionnel, ce « Corbeau ». Immense réussite.
Que dire, vrai chef d'œuvre, Pierre Fresnay est magnifique en homme pétrit de rectitude morale plongé dans un univers où règne la haine, le mensonge et la discorde. Les notables ne jouent plus leur rôle. Le maire ne mobilise pas ses concitoyens, il semble au contraire craindre leurs réactions et ne prend aucune décision. Le magistrat n'enquête pas, il cherchent des coupables faciles pour apaiser la foule. Le sous-préfet est vite déplacé, pour sa plus grande satisfaction. Les médecins en nombre ne soignent plus (excepté Pierre Fresnay). La police est aux abonnés absents. Lorsque la foule est présente (église, enterrement), elle est tenue à distance même si son hostilité reste palpable. La pression ne fait qu'augmenter et annonce l'orage révolutionnaire. Les délations se propagent et se multiplient au rythme accéléré d'une contagion virale. Mais en même temps le réalisateur nous propose de beaux portraits de femmes, premières victimes de ces délations. Les révélations du corbeau mettent à nues des vérités qui distillent des parts d'humanité, les masques tombent. Les liens amoureux se révèlent et s'affermissent au milieu de la tempête. En fin de compte qui est donc ce mystérieux corbeau si bien renseigné ? Signalons enfin que la mise en scène est au niveau du scénario et de la qualité de jeu d'acteurs. C'est un joyeux rare issu d'une période sombre de notre histoire, ceci explique peut-être cela …
Le corbeau est un des chefs-d’œuvre du film à suspense. Jusqu'au bout l'intrigue tient en haleine et la révélation de la vérité devient claire en une demie séquence. H. G. Clouzot était réellement le maître de la fin qui tue et surpassait Shalymann de très loin dans ce domaine. Les techniques photographiques de l'époque sont remarquablement maîtrisées. Même si le nettoyage du son, après une restauration pour une diffusion en DVD, est très audible et gâche un peu le jeu des acteurs en limitant certaines de leurs intonations, l'histoire et son traitement tiennent toutes leurs promesses, quand on connaît les œuvres du maître Français.
Visuellement c’est un régal, mais j’ai été très déçu par ce chef-d’œuvre annoncé, certes remarquablement bien filmé (cadrages, éclairages, gros plans), bien joué mais au scénario policier d’intérêt limité sans humour ni émotion.
Malgré sa réalisation vieille France et un rythme un peu lent dans sa première moitié, malgré ses dialogues ampoulés, Le Corbeau distille avec une habileté certaine l'atmosphère délétère et paranoïaque instillée par un volatile "anonymographe" délateur, sournois et obsessionnel...
Comme un jeu de piste qui se rétrécit et perd le nord, les soupçons vont et viennent, sautent d'une cible à une autre pour y revenir éventuellement ; les acteurs, tous excellents, attirent ou repoussent les conjectures du spectateur lui-même qui se prend au jeu, élabore des théories afin de débusquer enfin l'affreux individu maître-chanteur... car en son bec Maître Corbeau tenait non pas un camembert mais une lettre diffamante...
Comme de coutume lorsque la vérité éclate, on se rend compte qu'oon avait parié sur le mauvais chameau, la preuve d'un scénario diablement bien ficelé.