"Juste La Fin du Monde" après un "Mommy" hautement percutant, et pourtant non sans défaut, est loin d'atteindre le même niveau...
En partant de la pièce de Jean-Luc Lagarce, Xavier Dolan arrive à se fourvoyer dans le traitement de son film, projet pourtant inspiré d'une excellente idée bien que trop décalée, car datée des années 80.
Pour cette nouvelle version filmée, le fond de l'histoire est déjà mal amené, ou mal construit car en tant que spectateur on se trouve en immersion bien trop brutalement parmi des personnages torturés mais peu définis en terme d'écriture, qui de toute évidence ont un problème avec ce membre, frère ou fils revenu après 12 ans d'absence...
Tout se mélange alors, hésitation, incommunicabilité, excuses en tous genre, violence verbale, voire hystérie, le tout avec beaucoup d'incohérence, d'illogisme, sans qu'aucune situation ne semble vraiment aboutie ou consécutive à ce qui vient juste de se passer...
On saute ainsi du coq à l'âne, on s'excite sur un rien, pour ensuite retrouver un semblant de raison, et finalement pour rebondir de plus belle sans que l'on ait les clés pour saisir les enjeux des disputes et des cris; si bien que chacun tourne vite à la caricature de lui-même.
Et ceci en nous privant des émotions qui auraient permis de croire à la souffrance et aux difficultés relationnelles de cette famille.
Pour illustrer ce propos, Marion Cotillard arrive en tête avec un rôle qui la dessert complètement tant Xavier Dolan à son sujet enfonce le clou, de même que pour Nathalie Baye qui n'avait nul besoin de tant d'artifice pour ce qu'elle représente en tant que mère.
Quant à Gaspard Ulliel, celui-ci est par contre trop en retrait, silencieux et presque absent jusqu'à ne plus être convaincant du tout.
En voulant ainsi caractériser ses personnages à outrance, Xavier Dolan finit par leur ôter toute crédibilité ce que l'on ressent d'ailleurs également avec Vincent Cassel et Léa Seydoux, tous deux beaucoup trop dans l'excès eux aussi.
Très vite, ces retrouvailles sonnent donc faux au sein de cette famille, de Louis venu annoncer une nouvelle difficile, aux autres qui ne savent comment interpréter son retour et sa présence !
Une mise en scène plus subtile, et surtout moins esthétisante, sans ces gros plans sur ces visages trop envahissants, aurait permis davantage l'implication du spectateur qui lui a ici l'impression d'assister à des règlements de compte infondés, sans queue ni tête !
De même que les effets de flou à la manière de clips vidéo, doublés d'une musique omniprésente, sont un recours un peu facile et inutile dans ce contexte.
Seules deux très belles scènes, pertinentes et fortes, mais trop brèves sauvent cette réalisation pourtant prometteuse...
Dans le même registre, sur la famille et son relationnel, il y a eu d'excellentes réalisations dont on citera en particulier "Un Conte de Noël" d'Arnaud Desplechin qui avait de quoi nous remuer au plus profond !
Ce ne sera malheureusement pas le cas cette fois...