Bien sûr, il y a d’abord eu le travail d’écriture des scénaristes, Mazarine Pingeot et Fanny Burdino, qui ont probablement offert au projet de Joachim Lafosse une structure solide. Mais raconter les déchirements d’un couple qui se sépare, rendre compte de la douleur, des mesquineries, des bagarres, des mots, alors qu’il y aura à partager des biens et des enfants, on l’a déjà fait. Il y avait donc un défi à relever, celui qui consiste à apporter de la nouveauté dans un genre que de nombreux grands auteurs ont exploré. Eh bien, en relevant ce défi de manière particulièrement brillante, Joachim Lafosse a apporté une nouvelle preuve de son génie. Ce qui m’a fasciné dans « L’Économie du couple », c’est d’abord la lumière. Tout y est limpide. La source lumineuse, comme souvent, c’est la femme. C’est elle qui combat l’ambiguïté des situations, qui se bat pour trouver des solutions, refuse les chantages, ne dévie pas. Elle est l’expression même de la droiture (the straight arrow) et elle est aussi la source de lumière, l’être solaire. Bérénice Bejo est admirablement dirigée pour ce rôle, dans lequel elle est resplendissante et parfaite. Quant à l’homme, il semble incarner à la fois un esprit de résistance, que l’on pourrait trouver louable, et il recèle nécessairement une part de vertu, et un esprit destructeur, quasi maléfique, que l’on déteste tant on n’accepte pas qu’il profite de sa force (physique et mentale). Il incarne les ténèbres. Et puis, dans cette magnifique lumière du film, les auteurs ont cherché la perfection. Les dialogues sont de pur muscle, à l’épure, et chaque parole prononcée provoque un changement. La mise en scène, elle aussi limpide, est une chorégraphie admirable. Le huis-clos n’est jamais oppressant. La caméra se promène, se rapproche, montre et cache... On voit, on entend... C’est absolument magnifique !