Leos Carax, réalisateur qu'on adore ou qu'on déteste, de son style bien à lui et de sa réalisation particulière. Avec Holy Motors, il nous parlait déjà du travail d'acteur, de ce qu'il signifiait, de ce que ça demandait comme effort. Avec Annette, il récidive, certes pas sous le même angle, mais il veut encore témoigner du métier d'acteur. Il brise le 4e mur à plusieurs reprises, au début, au milieu, à la fin. Dès la scène d'introduction, Leos Carax s'adresse aux musiciens en leur demandant s'ils peuvent commencer. Ainsi se lance le film. Le réalisateur et les musiciens réunis. Ne manquent plus que les acteurs qu'ils iront chercher en cours de route. Idem pour la scène post-générique où les acteurs défilent en souhaitant une bonne nuit au spectateur. Une scène qui pourrait être sujette à interprétation, mais qui à mon avis, est principalement ici pour rappeler que tout ceci n'était qu'un film. C'est ce que veut Leos Carax, montrer que c'est un film. Et que ce film se passe dans la tête de Henry, joué par Adam Driver, même si c'est simplement une interprétation. Humoriste à succès sur le déclin, il jalouse sa femme Ann, jouée par Marion Cotillard qui enchaîne les salles combles. Si le scénario est intéressant, bien que peu original dans l'ensemble, le personnage d'Annette est aussi un tour de force, puisque la métaphore est évidente, bien qu'elle soit expliquée à la fin par Annette elle-même ce qui gâche la métaphore.
Adam Driver est excellent dans ce personnage tourmenté qui sombre dans la folie. Mario Cotillard joue aussi très bien, mais c'est clairement Adam Driver qui prend toute la place.
L'un des plus gros défauts à mon goût est paradoxalement les musiques. Il y en a tellement qu'on finit par ne plus pouvoir respirer. Les chansons s'enchaînent, et bien qu'elles soient bonnes, on finit par s'en lasser car les musiques se ressemblent et qu'elles sont trop nombreuses pour apprécier le moment où elles arrivent.
On est bien loin d'une comédie musicale réussie, mais le film a au moins le mérite de réussir un bon film dramatique. Et le personnage d'Adam Driver peut laisser perplexe, notamment par rapport à l'interprétation qu'on peut en faire. Est-ce que tout ceci est vrai ? A-t-il imaginé des choses ? Et que pense-t-il réellement de sa femme, de sa fille et de sa propre vie ? Comme le dit Annette, "tu n'as plus rien à aimer", autrement dit, il ne peut même plus s'aimer lui-même. C'est le personnage qui sauve le film car le reste est globalement vide, des musiques pour combler, une intrigue amoureuse et Annette.