Quand j’ai su que Carrie ressortait en salle ce mois d’août 2023, j’ai réservé ma place illico presto. Je n’avais encore jamais eu la chance de voir la bête sur grand écran - et quelle claque ! Il y a des moments de cinéma qu’on n’oublie pas : le final de Carrie en fait partie. Le film hésite, et c’est là tout son charme, entre plusieurs genres : horreur, fantastique, coming-of-age movie, drame naïf, c’est un peu tout ça à la fois. Carrie fête bientôt ses cinquante ans (eh oui) et forcément, ça se sent : la mode, les cigarettes, les voitures, les expressions verbales, tout sonne un brin vieillot. Et pour couronner le tout, Brian de Palma s’amuse à saupoudrer son film de touches kitsch bien senties (ralentis, split-screens, effets sonores grotesques, musique grandiloquente, etc.). Mais vous savez quoi ? On se régale ! On a comme le sentiment que le film est drapé de velours. Les lumières sont chaudes, emplies de fumée, brouillées. On est dans un monde fait de rêves et de cauchemars. On pense évidemment à David Lynch. Carrie serait-elle un tulpa de Laura Parlmer ? Bon. Je range mes théories foireuses au placard et je reviens à ce qui nous intéresse, le film. La prestation de Sissy Spacek est inoubliable. Son visage, son corps, sa voix brûlent la pellicule (notamment dans le plan final, monumental). Piper Laurie est géniale de démence - on pourra l’admirer quelques décennies plus tard dans Twin Peaks de… David Lynch. Bon, j’arrête avec David. Betty Buckley, dans le rôle de la professeure, est formidable.
On savoure le discours qu’elle réserve aux camarades de classe de Carrie et on est abasourdi par son engagement sans borgne (elle va jusqu’à frapper ses élèves, mais en tant que spectateur, avouons-le, c’est jouissif).
On rit aussi beaucoup au cours du film. En conclusion, Carrie est un pari réussi : c’est un bonbon sucré en apparence mais qui vous laissera la langue toute nécrosée. On en redemande !