Un classique de Brian de Palma qui m’avait jusqu’à aujourd’hui échappé. Je l’ai vu à présent, et j’ai trouvé le métrage probant, bien qu’un peu inférieur quand même à ce que je supposais.
Sûrement la faute à une narration un peu hasardeuse de la part de Brian de Palma, qui pendant une large partie du film nous laisse entrevoir le fameux bal, lequel n’apparait au bout du compte que fort peu, et n’est pas franchement très marquant. Alors même que ça aurait dû être le point culminant du film, en quelques sortes, et bien c’est un moment pas très marquant par rapport à certaines humiliations dont est victime l’héroïne, et par rapport à l’épilogue ultime. Un peu dommage donc quand même. Ce qui n’enlève rien par ailleurs à l’histoire, forte, plaisante, un peu excessive parfois mais intense et sensible à la fois. Une vision un peu fantastique (car il n’est finalement pas tant question de télékinésie) du harcèlement scolaire, et de ses conséquences, oscillant entre franche méchanceté et lueur d’espoir parfois.
En cela le casting a été judicieusement choisi. Sissy Spacek était une Carrie toute trouvé, avec ses airs éthérés, sa beauté singulière, et son jeu est vraiment au point, alors même que c’était là un rôle compliqué. Elle s’en tire avec les honneurs. Piper Laurie réussit l’exploit de ne pas sombrer dans la grosse caricature qui tache dans le rôle de la mère dérangée. Son personnage est caricatural certes, mais l’actrice lui apporte une dose de subtilité et de finesse qui lui évite d’être lourdingue. Pour le reste quelques acteurs bien connus héritent de certains seconds rôles (Travolta, Allen), mais on retiendra surtout un étonnant William Katt, avec un personnage très intéressant, subtil et audacieux, rompant avec le manichéisme un peu trop perceptible chez les méchants du film.
Niveau réalisation Brian de Palma s’en tire bien. Quelques scènes sont franchement mémorables (vers la fin notamment). On reconnait bien le style travaillé, intelligent, fouillé du réalisateur qui ne cède jamais à la facilité, et cherche toujours à proposer un travail original et de qualité. C’est le gros atout du film, qui ne démérite pas niveau décors, et fait de belles tentatives audacieuses sur le plan de la photographie (l’usage du rouge, du bleu en particulier). Pour le reste le film n’est pas très violent, mais on retrouve l’érotisme du réalisateur (soft malgré tout), et quelques scènes un peu sanglantes, mais rien de notable. Pour la bande son comme souvent chez De Palma c’est Donnagio qui s’y colle, et c’est un bon point.
Franchement je ne regrette pas d’avoir visionné ce classique du cinéma d’horreur des années 70. Pas le meilleur de Palma, pas un chef-d’œuvre absolu, mais un bon film, solide et maitrisé, auquel je donnerai la note de 4.