Pedro Almodovar renoue avec ses histoires de femmes et parvient à susciter, par moments, de l'émotion en décrivant les états d'âme de cette femme mure qui a perdu tout lien avec sa fille depuis 12 ans.
S'apprêtant à partir vivre sa retraite au Portugal, elle décide au dernier moment de rester à Madrid car elle vient d'apprendre que sa fille Atia habite en Suisse et a 3 enfants. Elle s'installe alors dans un nouvel appartement et commence à rédiger un journal personnel où elle explique ce qui l'a amené là.
Au travers de flash-back, on revisite le parcours de jeunesse et la passion amoureuse qui a conduit cette femme a avoir cet enfant qui, une fois majeur, l'a quitté.
Utilisant une musique propice à l'évocation d'un drame, on se surprend à attendre la découverte d'un mystère qui ne viendra pas. Car le propos d'Almodovar est d'évoquer ces rencontres inattendues qui parsèment l'existence, auxquelles on ne s'attend pas, comme la scène du cerf et du train, et qui seront des étapes importantes dans le parcours d'une vie.
Les êtres sont attirés les uns vers les autres jusqu'à ce que des évènements imprévus les séparent. Cette fatalité de la vie est inexorable et peut s'apparenter à une tragédie grecque dont la triste fin est le sort réservé aux héros.
Cette perte de l'être aimé cause la plus grande des douleurs, et les raisons possibles de cette disparition restent sans réponse lorsque le(la) disparu(e) n'est plus là pour y répondre.
L'histoire est triste, le poids des ans reste supportable à condition de pouvoir continuer à vire avec ceux que l'on aime malgré une progression de la vie qui emporte tout et face à laquelle on doit s'adapter même si on voudrait que rien ne change.
On retrouve les thèmes habituels de l'auteur : sa marque picturale par l'utilisation récurrente des couleurs primaires (vêtements, décor), cela tourne parfois à l'obsession car les raccords se font souvent sur la couleur, sa volonté de monter les lieux de vie (maisons, appartements), et surtout son amour des personnages (donc de ses acteurs) et du temps qui passe.
Pedro signe un mélodrame sentimental abouti où le temps passé et présent se rejoignent pour évoquer la condition féminine de Julieta, d'abord amante puis mère, transmission immuable de l'humanité.