Julieta n'est pas un mélodrame, sinon un drame. Cette fois-ci, Almodóvar laisse de coté à Douglas Sirk, Fassbinder et Tennessee Williams, des grands référents dans sa filmographie. Il s'en sort, donc, sans ses éléments exagérés, limite parodiques, qui atténuent la douleur de ses récits chez le spectateur. Julieta ni torture ni bouleverse son public. Il est, tout court, le film le plus austère du cinéaste.
Julieta est une femme qui n'a pas de nouvelles de sa fille Antía depuis douze ans. Après tomber par hasard sur une amie de l'enfance de cette dernière, la protagoniste s'enferme dans un appartement pour remémorer comment sont-elles arrivées à ce point-là. Almodóvar crée deux lignes temporaires, une dans les années 80 et une autre aujourd'hui, où la première rattrape la deuxième dans une scène remarquable avec une serviette.
La maîtrise technique du réalisateur est notable même si'il n'utilise pas ses couleurs vivants, surtout le rouge, si proches du kitsch et si reconnaissables. Il évite aussi des techniques de montage sophistiquées quand il narre les deux ligne temporaires, comme celles dans Étreintes brisés et surtout dans le magnifique Mauvaise éducation. On dirait que le cinéaste veuille supprimer tout ornement qu'on associe à lui pour nous offrir un drame brut. Sauf que ce n'est pas le cas, car le film cache soigneusement ses intentions.
Trois événements hantent Julieta; un suicide, un accident et un abandon, par contre, le spectateur ne verra aucun, car tous se déroulent hors-scène. Almodóvar ne donne pas à sa héroïne l'opportunité de décharger pour qu'elle trouve son soulagement, on ne la voit pas extérioriser son chagrin. Même pas une seule scène comique dans le film pour se réfugier, une première pour Almodóvar, malgré les personnages hilarants de la bonne, Rossy de Palma, ou l'insouciante mère de Beatriz, amie d'Antía.
Julieta est un film hanté par le passée où les murs parlent, pareil pour ces Julieta écrit sa lettre. Une malaise qu'envahisse le spectateur petit à petit sans possibilité de soulagement. Le chagrin de mère et fille reste enfermé chez elles jusqu'à qu'il devient culpabilité, voici la clé du film. Cependant, cette composition, qui montre un Almodóvar plus en forme de ce qu'on croyait, transforme la sophistication et le soin pour le détail en un film plus courant que celui qu'on attendait //// Encore plus de fautes et d'erreurs sur le lien ci-dessous