Décidément, il vieillit, Pedro!! Quel film sage, classique, intériorisé il nous livre cette fois ci! Non, point de beau jeune homme se déguisant en nonne pour séduire un curé (ou le contraire), pas le moindre transsexuel amoureux d'un chirurgien fou, mais une histoire grave et assez poignante de culpabilité et d'incompréhension. Une belle histoire de femmes, de ces femmes dont il parle si bien, et qu'il comprend certainement bien mieux que les hommes!
Julieta est une ravissante professeur de lettres classiques. Un jour, alors qu'elle prend le train, un homme vient s'asseoir à côté d'elle; mais elle n'a pas envie de bavarder avec lui, et elle part au wagon restaurant. Dans la nuit, arrêt brutal du train. L'homme s'est suicidé. Si elle avait accepté le dialogue, aurait il changé ses plans? Cette anecdote en marge de l'histoire est bien venue pour créer un certain climat de tension et d'angoisse, alors que par ailleurs tout va bien. Au cours de ce même voyage, Julieta a en effet rencontré l'homme de sa vie, Xoan (Daniel Grao), un pêcheur avec qui elle va s'installer et avoir une petite fille, Antia. (Juste histoire de charrier un peu Pedro Almodovar, ils ont un sacré train de vie les pêcheurs des Asturies pour pouvoir s'offrir une aussi jolie villa et une femme de ménage!
C'est une sorte de thriller psychologique. Car Julieta, nous l'avons rencontrée au début du film, à la cinquantaine (Emma Suarez), écrivant son histoire après avoir rompu avec un compagnon très attentif (Dario Grandinetti) et nous nous demandons comme le couple si tendre, si uni formé par Julieta et Antia a pu ainsi éclater, au point que la jeune fille a, un jour, juste arrivée à la majorité, brusquement disparu et que depuis douze ans, Julieta ignore ce que sa fille est devenue...
Toute cette histoire est prenante; elle nous raconte avec beaucoup d'intelligence et de justesse comment de minimes (en apparence) blessures de l'adolescence peuvent devenir des plaies qui ne guérissent pas.....
Et où est il notre Pablo? rassurez vous, il est bien là: par le plaisir qu'il prend à filmer les rues de Madrid; par la vitalité, le dynamisme avec lesquels le film évolue, par l'explosion des couleurs, et par la beauté des actrices qu'il a choisies, elles sont belles à couper le souffle: Adriana Ugarte, qui incarne Julieta jeune, tout comme Imma Cuesta, Ava la sculptrice avec qui Xuan couchait un peu de temps en temps. Où trouve t-il des filles aussi superbes, et qui jouent comme elles respirent? Et puis, les petites sculptures que réalise Ava, c'est de l'Almodovar pur sucre....
Aucune de ses actrices chouchoute alors? Siiiiii! vous retrouverez Rossy de Palma, mais aïe aïe aïe, non plus en clubbeuse aux faux cils de trois centimètres de long, mais en femme de ménage outrageusement permanentée... et passablement malfaisante.
A voir absolument. Du beau cinéma psychologique classique, soutenu par une mise en scène vitaminée!