Manon a grandi depuis la mort de son père Florette, tué à la tâche. Elle n'ignore plus le crime d'Ugolin et du Papet et manifestera sa vengeance en bouchant la source qui alimente le village, naguère silencieux et donc complice du forfait des deux Soubeyran.
"Manon" et "Florette" sont deux films qui n'en font qu'un, et la bonne idée de cette seconde partie est Emmanuelle Béart dont la beauté et la sensualité sont de nature à enflammer l'amoureux Ugolin (cela dit, Jacqueline Pagnol, la créatrice du rôle était également très à son avantage). La vengeance de Manon, l'amour et la culpabilité d'Ugolin et la punition finale et cruelle du Papet, éludée dans la version cinématographique de Marcel Pagnol, sont les prolongements dramatiques de l'histoire de Florette.
On mesure plus encore dans "Manon" la différence de style et d'adaptation entre le récit de Berri et le film de Pagnol, lequel, malgré le drame initial, confinait à la chronique méridionale, avec son verbe truculent et ses digresssions humoristiques qui nous rendent si attachants, si drôles ou émouvants ses personnages, les premiers rôles comme les seconds. Berri se consacre, lui, entièrement au drame romanesque que portent les trois personnages principaux, ne souhaitant ou ne sachant pas ressusciter la société pagnolesque et sa rhétorique provençale, exacerbée par le romancier.. Claude Berri gagne en sobriété ce qu'il perd en fantaisie; il privilégie la composition de ses vedettes (irréprochables au demeurant) plutôt que la prestation collective (les villageois sont assez transparents). Les dialogues sont moins drôles et certaines scènes, présentes dans les deux versions, sont moins réussies, subissent la comparaison (on pense à la déclaration d'amour d'Ugolin et à sa repentance si bouleversantes par Rellys). Chez Berri, les couleurs et les paysages sont radieux, la mise en scène élégante mais ne permettent pas de reproduire la Provence en noir et blanc, la Provence tout en en sécheresse et caillous, inventée et immortalisée par Pagnol.