Ah Michael Bay… En tant que réalisateur je l’aime bien mais bon… Dès que je me penche sur ce qu’il raconte, je l’avoue, le cerveau me pique. Alors après j’entends déjà ceux qui me diraient « oui mais quand on va voir un Michael Bay c’est pas pour réfléchir ». A ceux là je pourrais leur répondre avec un oui franc et massif si et seulement si on s’arrêtait à un buddy movie bien innocent à la « Bad Boys » ou bien encore un gros film de jouets géants qui se tapent dessus comme « Transformers ». Dans ces cas-là oui, mais pour ce « 13 hours », pour moi, ce n’est clairement pas possible. Là, le mec se risque quand même à nous raconter une « histoire vraie » un peu en mode « y’a des choses qu’on ne sait que trop peu et moi je viens pour éveiller les consciences ». Et même si le but n’était uniquement que marketing et qu’en fait Michael Bay et Paramount n’en avaient rien à foutre de la situation en Libye (ils en ont d’ailleurs sûrement rien à foutre puisqu’ils n’arrêtent pas de parler de Moyen-Orient, alors que bon, la Libye ce n’est pas au Moyen-Orient, mais bon passons…), je trouve que même si on part de ce postulat-ci il faut quand même avoir le cœur bien accroché parce que bon, on nous invite quand même à regarder un événement d’actualité au travers d’un prisme plus que primitif. En gros, pour résumer, quand je suis ressorti de ce film, j’ai eu l’impression que, du début jusqu’à la fin, le scénario avait était écrit par le colonel Sylvestre, le personnage des Guignols. Pour vous la faire courte, à voir ce film, pour ce qui est du cas libyen, les Américains ont voulu être sympas avec ce peuple là en les aidant à virer Kadhafi. Mais bon, vu que ce ne sont que des Arabes, forcément, ils ont commencé à se taper dessus, c’est devenu le chaos et – bien sûr – les Etats-Unis n’ont strictement rien à voir là-dedans. S’en suit toute une série de scènes et de remarques qui ne sont là que pour nous montrer que les Libyens, quels qu’ils soient, ne sont pas fiables. Ils n’ont pas de principes. Ils ne sont pas organisés. On n’y comprend rien à ce qu’ils veulent. On ne sait même pas « différencier les gentils des méchants » (sic). Bref, c’est la barbarie à l’état brut. Les gentils Américains, ils pourraient bien aider cette peuplade sauvage si seulement ces vilains bureaucrates acceptaient de faire couler la pompe à fric pour financer les groupes paramilitaires « Made In USA » qui viennent s’engraisser sur les territoires hostiles ! Et je n’exagère rien ! Ce film aborde chacun de ces points, presque de la manière dont je viens de vous les énoncer ! Il faut vraiment être super tolérant dans toute cette histoire là pour vouloir réduire notre vision qu’à l’aspect gros-bourrin du film. Parce que bon, ce film ose quand-même nous utiliser toutes les ficelles du tire-larmes dans le but de faire l’éloge de barbouzes sans foi ni loi qui ne viennent que pour le pognon mais qui, pour une raison obscure, se retrouvent soudainement traités en héros parce que… parce qu’ils ont sauvé un ambassadeur ?
Non, même pas.
...Parce qu’ils ont restauré l’ordre dans le pays ?
Non, certainement pas. La ville est même réduite à feu et à sang.
...Parce qu’il ont accompli un acte positif quelconque dans ce pays ?
Non, et d'ailleurs : clairement que non ! Et pourtant, ce n’est pas faute de tordre les choses pour essayer de rendre la présence américaine dans ce pays légitime et bénéfique !
Le pire, c’est que ce film ne cesse de démontrer malgré lui – sans le vouloir ! – à quel point la présence américaine n’est qu’un catalyseur de chaos ! Et tout ça pour que le film finisse en mode : « Bon, il y a eu des centaines de locaux qui ont été tués, la guerre continue, mais puisque quelques Américains ont survécu, on peut dire que c’est une happy end ! » Mais la belle blague ! Aussi belle que cette phrase culte envoyée par les héros au sortir de leurs déboires : « Bon bah Amad, ciao ! Et puis un petit conseil : mets de l’ordre dans ton pays ! » Bah voyons ! Pour le coup vous y avez vachement contribué les gars ! Merci ! Enfin bon… Une fois de plus, certains me reprocheront sûrement que je ne fais que m’attarder là sur des détails pour ce qui est de Michael Bay. Quand on va voir un film de ce mec là, ce qu’on attend de lui, c’est du défouraillage… Soit… Je veux bien entendre cet argument là. Mais là encore, je trouve que le film se troue totalement dans sa démarche. Certes, il y a de biens jolis plans et une belle maîtrise globale, seulement, pour le coup, l’esthétique clipesque en mode « Miami Beach » ne colle pour moi pas du tout avec l’atmosphère qu’on cherche ici à nous mettre en place. Tout est trop lisse, trop clinquant. Dans ce film, même les barbouzes ont la barbe bien taillée, le torse bien rasé et les dents qui brillent. Mo, perso, je n’y crois pas un seul instant. Et non seulement je n’y crois pas, mais en plus ça ne m’intéresse pas. Parce que bon, on en a quand même pour 2h30 au final… 2h30 qu’on passe à voir des gentils Américains dégommer des vilains Autochtones. 2h30 d’une opposition primaire, simplement entrecoupé de temps à autres par de purs moments de plaisir comme ces plans passionnants de soulèvement de fonte et de muscles saillants ou bien encore ces profonds échanges philosophiques où, de manière redondante, ces magnifiques incarnations de virilité nous rappellent ce que c’est qu’être un vrai mec (Ah ça ! On en aura de la glorification du mâle reproducteur qui entend protéger lui-même son engeance ! So viril ! Que d’émotions !) Et c’est en cela que je trouve que toutes les critiques que je peux faire sur le fond du propos ne relèvent pas tant que ça du détail. Non… Moi, sans enjeu, sans empathie pour les personnages, sans cause ni raison, même simples, une opposition ne m’intéresse pas, même s’il y a des gros flingues bien filmés dedans. Sur moi, le discours « sauvons une vie Américaine parce qu’elle vaut bien plus que celle de centaines de Libyens » ça ne marche pas du tout. Donc bref, vous voilà prévenu : si malheureusement vous vous reconnaissez un temps soit peu dans votre approche de Michael bay ou bien du cinéma en général, alors fuyez... Parce que 13 heures, surtout quand c'est 13 heures de bêtise, c'est quand même beaucoup trop long.