"Comme un avion" dernier Bruno Podalydès, dont "Adieu Berthe..." m'avait carrément amusé et emballé, n'arrive ni au même niveau, ni au même résultat malgré une ambiance sympathique, mignonne et poétique évidente !
Car oui, ce film est drôle par la présence de ce Michel, aussi barré et farfelu que possible, dont Bruno Podalydès donne le ton immédiatement en cinquantenaire un peu blasé par sa vie, autant personnelle que professionnelle, tout en étant un fervent passionné de l'aéropostale, puis soudainement fasciné par le kayak dont le mot est d'abord un palindrome de choix !
On suit donc sa démarche, son fantasme et son projet, un peu brumeux et surprenant, tel un caprice d'enfant gâté, tout comme le fait d'ailleurs aussi sa femme, radieuse et énigmatique Sandrine Kiberlain...
On sourit, on rit de tous ces moments tendres et frais que dégage ce couple, suite aux préparatifs plutôt source de moquerie de la part de Rachel, avant le vrai départ (?) sur la petite rivière, elle bien accueillante et tranquille.
Et puis, baisse de régime oblige, tout comme le héros, on fait un peu des ronds dans l'eau sans avancer beaucoup assurément...
On attend ainsi un nouveau rebond toujours aussi loufoque et bienvenu, qui se produit avec cette guinguette sortie de nulle part !
Michel découvre en effet quelque temps après les premiers mètres, un véritable havre de paix, peuplé de personnages atypiques et attachants que notre kayakiste, va vraiment apprécier pour ne presque plus quitter !
Encore de bons moments dont les rencontres et les échanges seront source d'instants cocasses aux dialogues décalés...
Alors tout pourrait aller pour le mieux, si malgré tout un certain ronron ne s'installait régulièrement de temps à autre, au point d'espérer un peu plus de vivacité, d'entrain à cette comédie pourtant bien originale et différente de ces recettes lourdes et faciles trop souvent utilisées.
L'impression qui domine relève donc bien du style de Bruno Podalydès et on s'en réjouit de suite mais en restant sur sa faim, comme si ce dernier voulait avant tout se faire plaisir en nous emmenant dans ses délires planants de manière trop répétitive.
Cette introspection bien mise en avant, sous forme d'une narration bien explicite tant Michel se parle à lui-même, est ainsi trop démonstrative ou trop appuyée et finit un peu par lasser sur les bords.
Maintenant, les rencontres que fera notre héros seront souvent drôles et même déjantées en nous invitant à croiser des personnages uniques comme Agnès Jaoui et Vimala Pons, toutes deux très à l'aise, sans parler des deux compères, Michel Vuillermoz et Jean-Noël Brouté, ainsi que Pierre Arditi en pêcheur dément et tyrannique.
La musique, avec les chansons de Moustaki et de Charlélie Couture, est idéale tant elle colle parfaitement à l'esprit du film !
Au fond, sur cet air léger au fil de l'eau, le réalisateur tisse une histoire loin d'être innocente, puisque mensonge et tromperie émergent finalement en n'augurant rien de bon sur la profondeur et la gravité des sentiments !
Une ode à la poésie fraîche et verte, doublée d'une éloge à la paresse, à la réflexion un peu forcée et maniérée sans doute, mais douce et agréable dans un univers assurément magique, qui nous initie par la même occasion au kayak ou presque !
Ce qui est d'autant plus amusant quand on sait que l'on va être confronté soi-même très bientôt au maniement de la barque et des pagaies !