C'est lors de l'avant-première exceptionnelle au grand Rex à Paris que j'ai eu la chance de découvrir Dumbo, ou l'étrange parade de mister Burton.
Une magnifique soirée riche en émotions où l'auteur, lui-même, accompagné de sa nouvelle muse Eva Green, est venu présenter fièrement son nouveau chef d'œuvre. J'ai dit chef d’œuvre ?!? Fièrement ?!?ah oui...en effet j’ai osé ! Et pour sûr, ce film est une vraie petite pépite qui touche en plein cœur, qui en met plein les yeux et qui fait un bien fou !
Attiré par la marginalité de Dumbo, Tim Burton s'est approprié l'œuvre de Disney pour en faire une version très audacieuse et très personnelle. Cette histoire d'outsiders, de héros sous-estimés, mal aimés nous montre bien les points communs qu’il possède avec son film. Pendant son intervention il nous explique qu’il se sent proche de son petit héro bizarre, pas beau, pas toujours compris. Un véritable écho pour ce génie qui comprend le cœur des incompris et qui en célèbre les particularités.
Ce Dumbo 2019 est un spectacle pachydermique de haut vol, touchant, émouvant, féérique et qui vient chatouiller notre âme d'enfant. J’ai ressenti de belles émotions tout au long du métrage. Il faut dire que Dumbo est tellement attendrissant…Comment ne pas fondre pour l’éléphanteau le plus adorable du monde ?!?
En 1941 le dessin animé s'arrêtait là où Dumbo dévoile au monde qu'il sait voler. Mais que se passe-t-il ensuite quand des businessmen décident de mettre la main sur la poule aux œufs d’or ? Tim Burton respecte l'œuvre originale tout en faisant un petit pas de côté en plaçant, cette fois, son film du point de vu des humains. Et on ne peut que s'attacher à cette troupe composée de parias, de marginaux telle cette étrange (et drôlissime) sirène, ce charmeur de serpent, ce monsieur muscles...Ce père de famille qui porte les stigmates de la 1ere guerre mondiale.
Pour son film, Tim Burton n’a pas mis en avant de personnages déjantés à l’image de Willy Wonka, de Jack Skellington, d’Ichabod Crane, de Beetlejuice…Pas l’ombre d’un Johnny Depp non plus. Quoi que…Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à lui en découvrant Holt Farrier (subliment et sobrement interprété par Colin Farell). Une ancienne légende du cirque qui faisait rêver les adultes comme les enfants et qui semble devenu à peine l’ombre de lui-même à son retour de la guerre. Nous connaissons tous les difficultés que rencontres Johnny Depp actuellement. Cet incroyable acteur qui devient aussi l’ombre de lui-même ces derniers temps. Je n’ai pas pu m’empêcher de faire le lien en voyant la place que prend la fille du personnage, Milly, dont le petit air de ressemblance avec Lily-Rose Depp m’a plutôt frappé…Je pousse un peu loin la réflexion me direz-vous ? Pas si sûr, je trouve ce film vraiment très proche de Tim Burton et de son état d’âme actuel. Une amie m’a parlé de l’absence de Johnny Depp à la sortie de la projection et ça m’a vraiment posé question. Une absence de sa filmographie un peu longue…Du coup, s’agit-il d’un clin d’œil ?
Afin de poursuivre avec ce casting parfait, je ne peux que souligner la beauté et la grâce d’Eva Green qui interprète sublimement le rôle de la mystérieuse trapéziste française Collette Marchant. Le film a été projeté en VO et de ce fait a le mérite de nous faire profiter de la touche frenchie de l’actrice et de son mémorable « bonsoooiiir » (que je vous laisse soin de découvrir). Tout d’abord relativement ambiguë, elle évolue tout au long du métrage pour apparaitre incroyablement attachante. Un rôle qui a pu lui permettre de réaliser un rêve de petite fille : voler sur le dos de l’éléphanteau. Pour la petite anecdote, Eva Green nous a confié être Acrophobe, c’est-à-dire la peur irrationnelle générée lorsqu’elle se retrouve en hauteur. Cette sensation de panique est d'autant plus amplifiée en l'absence de protection faisant écran entre elle et le vide. Impossible pour elle de monter sur une balançoire etc. Et pourtant c’est elle qui a réalisé les cascades du haut de son trapèze. Tim Burton lui a demandé de réaliser ses figures et y est parvenu progressivement.
J’ai eu également l’immense joie de revoir Michael Keaton dans un film de Tim Burton !!! Son V.A Vandevere joue aussi la carte de l’ambiguïté, de l’inquiétant…Il ne s’agit pas d’un grand méchant à proprement parlé mais d’un individu avide de pouvoir et d’argent. Je n’ai pas ressenti d’aversion pour ce personnage, ni même d’émotion négative particulière jusqu’à son pétage de plomb. Une interprétation que j’ai trouvée juste et au combien « Burtonnienne ». Et puis l’attachant Dany Devito que nous avons le plaisir de retrouver en monsieur loyal, comme il l’a été dans Big Fish. Un personnage que j’ai beaucoup aimé, que j’ai trouvé sympathique, drôle et qui offre un beau moment final. Tim Burton n’aime pas les cirques, les clowns et surtout les animaux en captivité. L’auteur a voulu adresser un message fort concernant la captivité et l’exploitation des animaux dans les cirques et c’est Danny Devito qui sera finalement le porte-parole de ce message.
Dumbo est un spectacle grandiose comme je le disais plus haut qui est due principalement à la qualité des effets spéciaux. Tim Burton met en scène un Dumbo touchant et incroyablement bien fait qui apporte son lot d’émotions (sortez vos mouchoirs, tout le monde chiale durant le film…impossible d’en être autrement). Les décors sont superbes. Dès le démarrage du film, on prend conscience qu’on va assister à un film visuellement parfait et qu’on va en prendre plein les yeux.
Même si je ne lui trouve que peu de défaut, j’ai regretté tout de même la bande son de Danny Elfman qui est à mon sens un peu en dessous de mes espérances. Même si les quelques notes « Edwardesque » sont venues me titiller les oreilles, j’aurai aimé un peu plus d’étrangeté, un peu plus de Burtonisme comme il nous a habitué jusque là. J’ai hâte de revoir le film car le volume au grand Rex était largement trop fort et je pense qu’il est possible que je sois passé à côté de la bande son. Je m’attarderais dessus lors de mon prochain visionnage.
Comme vous l’aurez compris, j’ai adoré ce film un peu atypique dans la filmographie de Tim Burton et qui offre son lot d’émotions, de frissons, de surprises…J’ai adoré le profond respect de l’auteur pour l’œuvre originale tout en apportant sa touche personnelle (la scène psychédélique des éléphants roses revisitée à merveille a été mon moment favori). J’ai adoré la suite qu’il a apporté au film de 1941. Un très grand Burton, même s’il n’est pas mon préféré. Il ne fera probablement pas l’unanimité mais je tiens le pari qu’il surpassera haut la main le nombre record d’entrées d’Alice.
En tout cas, je vous conseille de réservez votre soirée du 27 Mars, date de sortie du film, si vous souhaitez vivre un sublime moment cinématographique et si vous avez envie de vous laisser transporter sur le dos du plus incroyable des éléphants volants.