Près de 80 ans après le légendaire film d'animation considéré comme l'un des Disney les plus bouleversant (et à juste titre), les studios Disney continuent leurs projets de remake de leurs films d'animation en version live, et donc au tour de Dumbo, l'éléphanteau volant. Réalisé par Tim Burton, depuis quelques années déclaré sur le déclin (personnellement, depuis Big Fish et sa version revisitée de Charlie et la Chocolaterie, rien de bien folichon hormis un Miss Peregrine divertissant), c'est donc un gros défi pour le réalisateur, mais cohérent avec son univers fait de choses bizarres et mystérieuses, de couleurs slalomant souvent entre le bariolé et le gris/noir gothique, et surtout des personnages souvent torturés, mal dans leur peau et à la recherche d'une reconnaissance. Dumbo et ses oreilles hypertrophiées est donc le personnage Disney idéal pour Burton, et le moins que l'on puisse dire est que Dumbo 2019 est une vraie réussite et un retour très convaincant pour le réalisateur d'Edward aux mains d'argent, un prolongement réussi de cet hymne à la différence et à la cause animale ! Tout d'abord Burton a su trouver un équilibre entre rendre hommage au film d'origine mais aussi créer un scénario inédit avec un casting pour épauler l'éléphanteau ; l'intrigue et le rythme sont bons, alternant habilement scènes de cirque, moments dramatiques et séquences poétiques. Ainsi les reprises de scènes iconiques du Dumbo d'origine (le train du cirque, Maman Jumbo prenant la défense de son enfant, les clowns pompiers, l'envol de Dumbo,...) sont subtilement distillés dans l'histoire sans en faire des tonnes et surtout sans jamais pousser la chansonnette ; mention particulière
à la reprise de la séquence animée sous acides des éléphants en bulles de savon dans cette scène de première partie dantesque avec les souffleuses de bulles géantes qui travaillent l'imagination d'un Dumbo fasciné, ou comment rendre hommage à une séquence surréaliste sans avoir besoin de sangria surprise
. Les thématiques chères au cinéma de Tim Burton sont très bien traitées avec la même finesse, qui dans ce remake a une portée encore plus humaine avec cette famille avec un père veuf et revenu de la guerre avec un bras en moins, qui cherche à se rapprocher de ses enfants en l'absence de la mère, unis dans la défense de Dumbo séparée de sa mère et attirant toute les convoitises...de ces thématiques du droit à la différence, l'importance de ne pas finir seul ou la dénonciation de l'exploitation des animaux et des gens par des personnes sans scrupules, Burton propose aussi des mises en scène intéressantes en plus d'une reconstitution entre réalisme, cruauté et féérie : je pense en particulier au cirque/parc d'attractions du méchant de l'histoire Vandevere
avec d'un côté le grand chapiteau aux choses magnifiques et à côté cette île des cauchemars où sont exposés des animaux en cage customisés de façon monstrueuse, et notamment la mère de Dumbo décrit comme un éléphant cruel et tueur
bref c'est un exemple de dualité qui a beaucoup de sens sur le paraître, certaines personnes en ce bas monde qui mettent d'autres dans des cases prédéfinies. Ce Dumbo, au niveau de cette hymne à la tolérance, s'avère bien plus réussi et plus fin qu'un Greatest Showman, quitte à rester dans les films qui parlent de cirques et de "freaks". Le seul "moins bien" que je dirais à propos de ce film et de ces thématiques est son message d'actualité le plus évident dans un film qui parle de cirque
le message en faveur de cirques sans animaux en captivité vers la fin, on libère des souris dans leur cage et on fait voler des colombes libres mais à côté il y a des poissons dans un aquarium puis le dompteur Holt sur un cheval, le traitement de la leçon de morale s'avère pour ma part maladroit, du style la libération mais pas trop quand même
. Aussi j'ai été moyennement convaincu par le casting (vu en VO), c'est bien joué mais rien de bien se sensationnel même si c'est cool de revoir Michael Keaton et Danny De Vito se donner la réplique près de 30 ans après Batman le Défi. Les deux premiers cités font le job, Colin Farrell est bon sans être extraordinaire, Eva Green et son personnage d'artiste parisienne apporter une touche de grâce et d'humanité, par contre j'ai trouvé les jeunes acteurs Finley Hobbins et Nico Parker malheureusement assez inexpressifs, surtout quand ils voient pour la première un éléphant qui vole en battant des oreilles ! Pour conclure après cette longue critique, Dumbo revisité par Disney et Tim Burton est un très bon exemple de remake réussi d'un Classique entre hommage et modernité, réalisme et magie, et qui s'adresse aussi bien aux enfants qu'aux adultes, avec la signature de Tim Burton sans artifices mais avec une patte de réalisateur pleine de sincérité et d'humanité. Je le recommande donc chaudement, et puis qui peut rester insensible à la bouille innocente du petit Dumbo ?