Quand un arbre te fout une leçon de vie
Imagine un môme qui galère tellement qu’il te fait regretter tes propres jérémiades sur les fins de mois difficiles. Conor, c’est ça, mais puissance mille : une mère malade, une grand-mère qui pourrait faire flipper le diable, et des connards à l’école qui doivent penser qu’intimider un gosse au bord du gouffre, c’est du sport national. Heureusement, il a un pote bienveillant... qui mesure 15 mètres, ressemble à Groot sous stéroïdes, et déboule la nuit pour raconter des histoires. Original, non ? Sauf que ce monstre ne fait pas que divertir : il fout des claques philosophiques dans la tronche du gamin.
Juan Antonio Bayona te vend un truc qui ressemble à un conte fantastique. Erreur fatale : c’est un film qui te retourne les tripes comme si Dark Souls avait croisé Psychonauts. On plonge dans les angoisses de Conor avec une précision chirurgicale. Ses rêves animés, magnifiques mais déstabilisants, deviennent des miroirs de ses peurs. Chaque histoire du monstre n’est pas là pour apaiser, mais pour gratter là où ça fait mal. Moralité ? La vie c’est dur, et parfois, il faut juste accepter de se prendre un KO mental.
Lewis MacDougall, le gamin, livre une performance qui ferait pleurer Thanos. Ce gosse, c’est une masterclass de naturel : ses colères, ses larmes, ses silences... tout sonne juste. Sigourney Weaver, en grand-mère stricte, joue tellement bien qu’on hésite entre l’admiration et l’envie de lui balancer un verre d’eau au visage. Et Felicity Jones ? Sublime dans le rôle de la mère, mais tellement crédible dans sa souffrance qu’on a envie d’appeler sa propre mère pour vérifier qu’elle va bien.
Visuellement, c’est un joyau. Entre une maison presque oppressante, une école qui ressemble à une prison, et un arbre géant qui éclate tout en CGI, Bayona balance du lourd. Les séquences d’animation ? De l’art. Les transitions entre le réel et l’imaginaire ? Un ballet bien huilé. Le monstre, doublé par Liam Neeson, déborde de gravité et de sagesse, une sorte de Gandalf en bois qui te ferait presque oublier qu’il s'agit d’un truc numérique.
Les thèmes abordés sont tout sauf joyeux : la mort, le déni, la culpabilité. Mais là où Bayona frappe fort, c’est dans sa capacité à ne jamais sombrer dans le pathos facile. Chaque scène te pousse à réfléchir à tes propres peurs, à tes propres pertes. Ce n’est pas un film, c’est une thérapie déguisée en blockbuster. Et le pire ? Ça fonctionne. Tu sors de là lessivé, mais grandi.
"Quelques minutes après minuit", c’est le film qui te met à genoux tout en te tendant la main pour te relever. Une leçon de cinéma, de vie, et de résilience. Si tu n’as pas versé une larme, félicitations, tu n’as pas d’âme.
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