"Youth" dernier né de Paolo Sorrentino, aborde cette fois le thème du vieillissement et du bilan de vie, d'une manière à mon avis, bien plus pertinente que dans "La Grande Bellezza"...
Autant cette dernière réalisation m'avait semblé superficielle et vaine dans sa démarche, autant "Youth" multiplie ici les personnages, les points de vue, les échanges et ainsi, invite à la réflexion en créant des moments, des situations assez intenses où les mots et les idées sont de simples vérités de la vie qui nous renvoient à notre propre existence !
De voir ces deux hommes, musicien et cinéaste Fred Ballenger et Mick Boyle, tous deux octogénaires ou presque, échanger, se confier jusqu'à un certaine limite, nous fait prendre conscience d'un tas de petits riens qui à la façon de les entrevoir, fait écho à notre propre cheminement, à notre propre questionnement.
Ils sont tous deux interprétés avec retenue et malice par Michael Caine, particulièrement excellent, et Harvey Keitel...
Et c'est sur ce point-là précisément que Paolo Sorrentino nous interpelle à juste raison en saupoudrant tout au long de ce séjour en centre de balnéothérapie très luxueux, des rencontres, des discussions quelquefois anodines, quelquefois très violentes comme celle avec cette Brenda/Jane Fonda, qui provoquent à chaque fois un déclic évident !
L'observation de l'Homme y est faite au scalpel, chacun étant montré tour à tour sous ses qualités puis ses défauts, selon celui qui donne alors le change à l'autre avec des échanges très savoureux...
Désillusions, déceptions ou alors illusions jusqu'à même un profond déni, tout est passé au peigne fin.
C'est donc plus sur le fond que l'on accroche à ce film que sur la forme elle-même, trop guindée et beaucoup trop maîtrisée, marque du réalisateur qui lorgne du côté de Fellini bien sûr, une marque de fabrique revendiquée !
Même si ce parti-pris se défend et qu'il a ses adeptes inconditionnels, je trouve que ce trait forcé pourtant intéressant, fait cependant et en même temps, un peu mise en scène de cirque, et fait de l'ombre par la même occasion, en retirant beaucoup de spontanéité et de naturel ainsi que d'émotion et de poésie...
Comme dans "La Grande Bellezza", c'est cet aspect grandiloquent très travaillé qui pourrait finir par lasser et classer ce film comme prétentieux !
Dommage d'autant plus qu'ici, Sorrentino vise juste et précisément avec des moments vraiment étonnants, comme pour n'en citer qu'un seul, ce concert que Fred isolé en pleine nature donne avec les vaches et leurs seules cloches !
Un film à découvrir, certainement curieux, presque envoûtant mais du fait de son emballage précieux, que l'on pourra trouver à la fois irritant, maniéré au possible ou tout simplement magnifique...