Eh bah c’est beau. Par tous les dieux, qu’est-ce que c’est beau ! Ah ça, des idées, il y en a pratiquement à chaque plan ! Il n’y a pas à dire, tout de suite on n’appréhende plus une histoire de la même manière lorsque la forme est aussi soignée. Parce que oui, des fois j’en entends certains me dire « mais finalement, la forme, on s’en fout un peu, surtout quand on n’y connait pas grand-chose. » Eh bah je pense qu’un film comme « Youth » pourrait vous convaincre du contraire. Parce que oui, au fond, il ne raconte pas grand-chose ce film. On suit des papys et autres âmes égarées dans une sorte de véritable paradis sur Terre, un hôtel de luxe au milieu des Alpes… Il y aurait de quoi s’ennuyer s’il n’y avait pas tout ce dispositif formel capable de rendre cet environnement si séduisant et enjôleur… Enfin bon… Je dis ça, mais d’un autre côté, je dois bien le reconnaître, la magie de la forme a, chez moi, assez rapidement rencontré ses limites. Certes, c’est beau, je me régale, je me détends, j’aime tous ces acteurs… Mais je finis quand même par m’ennuyer un peu. Alors ce n’est pas de cet ennui qui rend la séance pesante que j’ai ressenti, parce qu’au fond, le moment fut agréable jusqu’au bout. Jamais Sorrantino ne fait son fainéant, et il sait au moins nourrir les sens à chaque instant. Non. Disons plutôt que j’ai ressorti une sorte d’ennui de l’âme. Aucun souffle n’est venu me prendre. Je ne me suis pas senti concerné. Sorrantino nous fait finalement un film assez nombriliste, sur le monde des artistes, sur des esprits mornes malgré la réussite, sans que jamais je n’ai senti de véritable portée universelle là-dedans – pire – sans jamais vraiment que je ne ressente de dynamique là-dedans. OK, voilà des gens qui ont tout eu mais qui se demandent s’ils ne sont pas passés à côté de l’essentiel. Soit. Mais après ? Au fond on reste un peu deux heures sur le même ton. Seul le dernier quart d’heure passe la seconde et décide enfin d’envoyer un peu de péripéties. Alors certes, au final je me dis que ce film m’en a bien peu dit, bien peu montré, et que je ressors de là pareil qu’à l’entrée. Mais d’un autre côté, au moins le boulot a été fait proprement, de manière raffinée, sur tous les secteurs possibles et imaginables. A défaut d’avoir su solliciter mon être en son entier, au moins ce « Youth » a-t-il su satisfaire mes sens, et c’est déjà pas si mal. D’ailleurs, rien que pour la magnifique délicatesse du générique de fin, moi je trouve que ce film mérite d’être vu. La beauté parfois, moi, ça me suffit. Donc voilà. A bon entendeur…