Franchement pour un projet qui est passé de mains en main, le Cas Richard Jewell porte bien la marque des derniers films d'Eastwood en proposant, encore une fois, une vision des héros américains. Et franchement c'est, je pense, l'un de ses meilleurs films. Forcément le sujet du film résonne avec l'actualité avec le fameux danger résidant dans les hommes blancs frustrés. Ce qui est intéressant dans ce cas là, c'est que justement la personne est innocente mais elle colle au profil type du poseur de bombe solitaire qui a besoin de reconnaissance et donc forcément elle va s'en prendre plein la gueule alors même que personne n'a la moindre preuve contre lui, si ce n'est que justement, il a le profil type. Il faut que ça soit lui, alors le FBI va tout faire pour que ça soit lui.
Je ne sais pas si le film colle réellement avec les faits (bien qu'en lisant la page Wikipédia ça a l'air d'être assez fidèle), mais c'est vraiment effrayant de voir comment un acharnement policier et médiatique totalement infondé peut détruire une personne.
On le voit bien dans le film, Richard Jewell a un bon fond, il veut devenir policier, il veut défendre l’État, la veuve et l'orphelin, il veut bien faire son travail, il est consciencieux, mais malheureusement pour lui il veut trop bien faire, quitte à faire un peu trop de zèle, ce qui lui vaudra plusieurs ennuis. Et le réel problème est là, sa ferveur à être « un bon flic » va le mettre sur la sellette.
Et donc en parallèle de l'action du FBI, action qui semble être au bord de l'illégalité, on voit les agissements de la presse, comment la presse façonne l'opinion et surtout comment elle peut la façonner à partir de rien du tout. Il suffit de jeter un nom en pâture, sans forcément beaucoup plus d'informations pour que la campagne de calomnies commence et qu'elle soit relayée un peu partout.
Tout ça dégénère bien vite et je trouve ça réellement intéressant à montrer. La presse a un rôle à jouer, mais ce rôle implique une responsabilité, celle de ne pas publier n'importe quoi juste pour avoir une exclusivité sans réfléchir aux conséquences que ça peut avoir.
Néanmoins je dirais que le personnage d'Olivia Wilde, qui joue la journaliste rendant public le nom de Jewell, est peut-être le point faible du film. Disons que Eastwood, alors qu'elle semble prête à tout pour un scoop, lui offre un semblant de rédemption qui sort un peu de nulle part. Malgré ça, elle est très bien dans son rôle et de manière générale, la distribution est juste parfaite. Paul Walter Hauser est merveilleux, on voit immédiatement qu'on a affaire à un bon gars, mais malheureusement qui ne sait pas comment se comporter avec les autres, qui est raillé et rejeté, vraiment il fait de la peine à voir. La paire qu'il forme avec Sam Rockwell fonctionne réellement bien, les deux sont un peu paumés, Rockwell est un peu le feu, tandis que Jewell va être la glace, plus stoïque, conciliant, voire naïf, ce qui permet aux confrontations entre les personnages d'être intéressantes.
C'est vraiment un film puissant qui prend clairement position contre les lynchages médiatiques et qui traite le tout avec beaucoup de pudeur. Il faut prendre des précautions avant de risquer de détruire la vie des gens et se méfier des biais de confirmation.