Etonnant Clint Eastwood : bientôt 90 ans, Républicain pur et dur, électeur de Trump, il n'a de cesse, dans ses films, de s'attaquer aux injustices, tout en se permettant, semble-t-il, d'en commettre de ce son côté. Cette fois ci, c'est l'injustice commise envers Richard Jewell qu'il pourfend dans le film "Le cas Richard Jewell". Une histoire authentique. Richard Jewell, un américain moyen, un américain obèse, un gros nounours que ses collègues traitent de gros tas ou de bonhomme Michelin (Eh oui, même aux Etats-Unis, on connait le bonhomme Michelin !), un homme de 33 ans, célibataire qui vit chez sa maman, un grand amateur d'armes, un homme qui voudrait pouvoir devenir flic tellement, pour lui, le respect de la loi est important. Le 27 juillet 1996, cet homme va empêcher qu'un attentat perpétré dans le cadre des Jeux Olympiques d'Atlanta fasse un véritable massacre. Pendant 3 jours, cet homme va devenir le héros des Etats-Unis et faire la fierté de sa mère. Jusqu'au moment où le FBI local va se mettre dans la tête que le profil de Richard Jewell fait de lui le suspect n° 1 : un homme près à tout pour se faire remarquer, pour devenir un héros et, grâce à cela, pouvoir intégrer la police. Jusqu'au moment où la presse va se déchainer contre lui.
Le combat de Richard et de son avocat, Watson Bryant, est montré avec beaucoup de talent par Clint Eastwood, rien à redire : on est avec eux, il n'y a pas trop de pathos, les 2 comédiens qui interprètent leurs rôles sont formidables, en particulier Paul Walter Hauser (Richard Jewell) dont c'est le premier grand rôle. On est aussi plongé de façon très crédible dans l'atmosphère des jeux d'Atlanta, avec des images d'archive (Mohamed Ali allumant la flamme olympique d’un bras tremblant à cause de la maladie de Parkinson qui le touche, le 200 m prodigieux de Michael Johnson, avec un record du monde qui a tenu jusqu'à Usain Bolt) et la reconstitution des concerts de Kenny Rogers, la veille de l'attentat, et de Jack Mack, durant lequel l'attentat a eu lieu. MAIS, à côté de quelques petits arrangements sans importance par rapport à la réalité des faits, il y a plus embêtant. Tout d'abord, le fait de montrer Clinton, président démocrate, ne répondant pas à l'appel de la mère de Richard. Si le Président avait été républicain au moment des faits, qu'aurait fait Clint Eastwood ? Plus grave : Clint Eastwood montre de façon très claire que Kathy Scruggs, la journaliste de The Atlanta Journal qui a dévoilé au grand public le rôle présumé de Richard Jewell dans l'affaire, aurait couché avec un agent du FBI pour obtenir le scoop. Tout laisse à penser qu'il s'agit là d'une "Fake news", d'une injustice commise par le réalisateur et son scénariste. En plus, Kathy Scruggs, décédée en 2001, n'est plus là pour se défendre. On restera quand même sur le positif : "Le cas Richard Jewell" est un bon Clint Eastwood, donc un très bon film.