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Gérard Delteil
209 abonnés
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3,0
Publiée le 28 mai 2015
Réalisation classique et soignée, interprétation impeccable, sujet fort, ce Labyrinthe du silence se présente comme une leçon d'histoire. Le problème est qu'il laisse croire que le premier procès d'Auschwitz ne serait que le résultat des efforts conjugués de deux magistrats honnêtes et acharnés luttant contre toute une partie de la société pour faire connaître la vérité. Jamais il ne pose la question historique la plus intéressante : pourquoi un procès a-t-il pu avoir lieu en Allemagne en 1962 ? Car la décision d'enquêter sur les crimes commis par le nazisme dans les pays étrangers avait été prise au plus haut niveau et un bureau d'enquête avait été créé. La réalité semble donc assez éloignée du Tintin justicier qu'on nous présente ici. D'une certaine façon, ce film réhabilite d'ailleurs la justice de RFA, alors que les quelques nazis jugés à cette époque n'ont écopé pour la plupart que de peines très légères. Le régime a d'ailleurs continué très longtemps à protéger d'importants dignitaires nazis. Une des hypothèses semble être que, par ce procès, la RFA voulait se donner un visage politiquement correct lui permettant de faire son retour dans le concert des nations. Au moindre prix, puisque la plupart des "nazis utiles" restaient en place, en particulier dans les services secrets où ils excellaient. C'est tout ce background que n'évoque pas Le labyrinthe du silence en dépit de ses qualités. Le film sur les rapports entre la société allemande et le nazisme à cette époque reste à faire.
C'est plus le sujet du film, sa genèse, la documentation pour sa préparation dans laquelle se trouve réellement l'intérêt de cette histoire. Le traitement est naïf, presque simpliste et n'est donc pas à la hauteur de son sujet. De terribles longueurs pèsent sur une mise en scène appliquée. Un documentaire eut été le bienvenu.
Le principal mérite de ce film est de nous rappeler un procès pour l'histoire réalisé par des Allemands contre des Allemands par opposition aux procès menés par les Alliés (Nuremberg 1945-46), les Polonais (premier procès d'Auschwitz à Cracovie en 1947) ou les Israéliens (procès Eichmann en 1961 à Jerusalem). Ce second procès d'Auschwitz s'est déroulé à Francfort de 1963 à 1965.
L'enquête initiée à la fin des années 50 est difficile tant le refoulement du passé est grand et parce que des anciens nazis sont présents dans l'appareil judiciaire. C'est la conséquence de la politique d'Adenauer qui décida de réintégrer dans la fonction publique les anciens d'un parti qui compta plusieurs millions de membres. On est stupéfait de constater que la mémoire d'Auschwitz comme camp d'extermination est absente chez l'Allemand de l'Ouest de la fin des années 50. Il a fallu la reconstruire grâce à ce genre de procès pédagogique.
Le scénariste a choisi de fusionner les trois procureurs historiques en un seul personnage incarné par un acteur au look "aryen". Dans le film c'est par l'intermédiaire d'un journaliste que le procureur du film prend conscience puis prend l'initiative des poursuites. Il bénéficie ensuite de la bienveillance du Procureur Général, Fritz Bauer. Or, selon l'historien Guillaume Mouralis ce sont les autorités allemandes qui décident en octobre 1958 de créer une agence fédérale chargée d'enquêter sur les crimes nazis commis hors de la RFA. C'est cet organisme ainsi que le procureur général de la région de Hesse, Fritz Bauer (arrêté en 1933 en raison de ses origines juives et de son adhésion au SPD) qui sont à l'origine du procès de Francfort. Mais c'est sous la pression des Puissances d'occupation (Américains, Britanniques et Français) qui lui demandent des comptes sur la poursuite des criminels de guerre que les autorités allemandes créent cette commission. Là il y a un problème avec la narration du film. On pense alors au cas du procès des Unionistes, responsables du génocide des Arméniens de 1915, mené par le gouvernement libéral turc en 1919-1920 en s'appuyant de la même manière sur le droit interne et également sous la pression des puissances de l'Entente. A cette différence que le processus fut suspendu à l'arrivée au pouvoir du nationaliste (et ex unioniste) Mustafa Kemal et les criminels érigés en héros dans le cas turc. Autre différence: l'objectif de Fritz Bauer est de faire le procès du système du camp et des hommes ordinaires qui y ont contribué plutot que des chefs.
Le personnage du journaliste est par ailleurs trop caricatural. On a du mal à croire à l'acte de rédemption qu'accomplissent le procureur et le journaliste dans le film (lire le kadish sur les lieux du camp). Il aurait été plus intéressant quitte à inventer un personnage ambigu comme le journaliste d'en faire un ex-prisonnier devenu gardien plutôt qu'un autre allemand. Cela s'est en effet produit et fait partie du processus de déshumanisation et de la formation de cette zone grise déjà décrite par Primo Levi dès 1947.
Très sobre et sans pathos un film très instructif et rempli d'émotion avec des acteurs justes. Pas d'une grande originalité, mais ce n'est pas nécessaire
Quand un pays a décidé de mettre un couvercle sur un passé bien sombre (les horreurs du nazisme), c'est un jeune procureur fraîchement arrivé en poste qui va mener un procès retentissant qui peut amener à la repentance. Des acteurs de talents vont nous faire suivre le réveil des consciences. A voir sans faute.
Un excellent premier film : une enquête passionnante, de l'émotion, un casting au top, une reconstitution soignée et implacable. Une critique plus détaillée et d'autres sur
Le sujet est passionnant, la réalisation est sobre mais efficace, le casting est réussi, la reconstitution est convaincante, seule l'histoire d'amour du jeune procureur, qui n'apporte pas trop au récit, est un peu en-dessous. A voir.
Ce film est vraiment un très beau film et n'est pas violent pour faire sentir la cruauté qu'il y a eu dans l'histoire envers les juifs dans les camps de concentration. Les acteurs jouent très bien et la mise en scène est au top. Très bon réalisateur, je suis ravi ! Merci pour ce film magnifique :)
Je suis allé voir ce film sans grande envie et finalement j'ai vu un très grand film : bien joué, captivant et surtout avec un scénario qui a évité de s'appesantir comme le font trop souvent certains au cinéma. Ce film montre la réalité absolue sans fard. Je recommande vivement de le voir et ce serait un film à projeter dans les écoles et aux parents. Par le temps qui courent cela ferait du bien à tous...
Une histoire passionnante qui met en avant un épisode méconnu de l’après guerre, celui de la prise de conscience de la réalité des camps et de l'horreur qui y régnait, et la volonté de mettre tout ceci au grand jour. Ce fut pour les personnes impliquées un travail titanesque, que le film réussit à bien mettre en évidence, en présentant le point de vue de tout le monde sans manichéisme. Le scénario est bien construit, mêlant vie privée et investigation (à l'image de imitation game ou une merveilleuse histoire du temps) et offrant un portrait de l’Allemagne forcément complexe mais avec toujours beaucoup de recul et d'intelligence. Dommage par contre que la réalisation, extrêmement académique, vienne tirer par le bas l'ensemble, trop ampoulée dans le respect de l'Histoire et s'effancant derriere son sujet. Sans compter la reconstitution historique (la fin des années 50 et le début des années 60), qui ne convainc pas à l'écran et certaines scènes un peu trop surjouées. Nulle doute qu'entre des mains plus expertes le film aurait pu être un très grand moment de cinéma.